Le tourisme culturel centré sur les attractions et produits culturels connaît, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), une croissance rapide et représente, selon les estimations, 40 % de l’ensemble du tourisme mondial.
Les sites patrimoniaux et religieux, l’artisanat, les arts de la scène, la gastronomie, ou encore les festivals et autres événements sont le fer de lance de ce segment qui intéresse généralement des clients dotés d’un grand pouvoir d’achat.
Diversification et innovation
Les pays du monde entier se servent de la richesse de leur patrimoine matériel et immatériel ou encore de leurs expressions culturelles contemporaines, en vue de stimuler la croissance économique et le développement durable par le biais du tourisme culturel.
La Tunisie qui table encore sur le tourisme classique peut aussi miser sur le tourisme culturel, forte en cela de son histoire, de sa géographie socioculturelle ou encore de l’essor de nouvelles expressions culturelles et créatives régies par l’innovation numérique.
Dans son rapport «La Tunisie en 2025», l’Institut tunisien des études stratégiques (Ites) préconise la diversification de l’offre touristique tunisienne par le développement du tourisme culturel. Dans cette optique, l’Ites plaide pour la modernisation des musées nationaux et régionaux ainsi que pour la création de nouveaux parcours de golf et de nouvelles marinas.
Dans la même perspective, la stratégie nationale du tourisme 2035 s’appuie sur quatre objectifs stratégiques, à savoir : la compétitivité, la diversification, l’investissement et la commercialisation. Cette stratégie vise à favoriser un rétablissement durable du secteur, notamment après les pertes occasionnées par la crise du Covid-19 et à mettre en place un tourisme pérenne et conforter sa place dans l’économie nationale. D’ailleurs, trois études ont été élaborées durant ces vingt dernières années. La première, intitulée «Le développement du tourisme tunisien à l’horizon de 2016», a été portée par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), la deuxième, menée par la Banque mondiale, porte sur «Le développement touristique en Tunisie» et la troisième, réalisée par Roland Berger (France), dresse «Le schéma global du secteur et les réformes à opérer». Dans la foulée des études, l’état de santé du tourisme tunisien n’a pas bougé d’un iota et l’on est resté fidèle aux clichés présentant un homme traversant le désert à dos de dromadaire ou encore une femme à moitié nue en train de se piquer la tête. Voilà pourquoi le tourisme tunisien a demeuré un tourisme de masse peu innovant et peu porteur.
Des fusions pour aller plus loin
Aujourd’hui, des fusions et des partenariats sont conclus sur le plan international entre Allemands et Britanniques, Américains et Hollandais. Les pays maghrébins pourraient aussi procéder à une coopération fructueuse pour ainsi jeter les fondements d’une industrie touristique des plus développées.
Les deux pays voisins, notamment la Tunisie et la Libye regorgent d’importants trésors culturels et sont riches de civilisations millénaires. Imaginons des circuits alliant le site archéologique de Carthage, la Médina de Kairouan, l’amphithéâtre d’El Jem (en Tunisie) et l’ancienne ville de Ghadamès, le site archéologique de Cyrène et les sites rupestres du Tadrart Acacus (en Libye). Qui d’entre les voyageurs, avides de tourisme culturel, résistera à l’attractivité d’une telle destination ? Selon un grand travail de recherche signé par Halima Elmarzouk, tout comme la Tunisie, «la Libye se caractérise par une richesse archéologique qui a commencé à l’époque des Phéniciens et a été nourrie par toutes les grandes civilisations méditerranéennes… La grandeur de ce patrimoine s’illustre par exemple en observant la ville de Sabratha avec ses colonnes, ses rues, ses arches et ses théâtres ; c’est également le cas pour la ville de Korina, qui a joué un rôle important dans l’histoire ancienne et qui est surtout connue pour sa position stratégique importante ; ainsi que pour un ensemble de villes archéologiques». La Libye a, donc, été le témoin de civilisations successives «comme celle des Pharaons, des Phéniciens, des Perses, des Grecs, des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Espagnols, des Turcs, des Maltais et des Italiens».
Conjuguées ensemble, les richesses carthaginoises et libyennes seraient en mesure de faire des deux pays une destination de premier choix en matière de tourisme culturel. Les gouvernants des deux pays n’ont qu’à passer à l’acte, s’ils veulent vraiment bâtir l’avenir de leurs peuples.