Accueil Société Des mots sur les maux: Naufrage collectif dans un monde virtuel

Des mots sur les maux: Naufrage collectif dans un monde virtuel

Dans le métro, dans l’autobus, à bord du train de la banlieue-nord ou encore de la banlieue sud, au coin de la rue ou encore sur les hauteurs d’une bourgade, tout le monde est connecté ou presque.  Même dans les demeures, les administrations et les salles de rédaction, Facebook, Instagram et autres réseaux sociaux règnent en maîtres. Il n’y a souvent pas de place au contact humain, aux retrouvailles, au déjeuner familial, à l’échange ni au dialogue.

Selon des statistiques présentées par différents cabinets de consulting, quelque 8 642 700 personnes en Tunisie utilisent Facebook, Messenger, WhatsApp ou Instagram tous les mois. Cela étant, plus de huit millions de Tunisiens glanent des informations, souvent non vérifiées, fausses, erronées ou encore orientées, surfant sur la Toile, sans pour autant parvenir à distinguer le bon grain de l’ivraie. 

Résultat ? On parle tous ou presque la même langue, on cultive tous ou presque la même manière de voir. L’aliénation est à son apogée et le royaume de la pensée conforme s’étend indéfiniment. Pis, cela se passe à tous les étages de la société, sans exception aucune.

Des marées humaines hyper-connectées croient à ce qu’elles voient, sans douter ni avoir le moindre recul. Elles croient, malgré tout, à ce qu’elles voient à travers des représentations souvent montées de toutes pièces.

Les questions d’un individu deviennent les questions de tous. On se persuade très vite que ce que l’on voit relève d’une vérité absolue. Plus puissantes que jamais, les rumeurs et propagandes véhiculées sur les médias sociaux entraînent leurs accros dans les chimères qu’elles font passer pour vraies. Que peut encore le livre ? Que peuvent encore les médias qui se respectent, ceux qui n’insultent pas l’intelligence des hommes ?

Des scénarisations du réel et des constructions spectaculaires de piètre qualité ne font que fausser l’éducation du goût public. Mouton de Panurge quand tu nous tiens ! Le fantôme de la vérité devient à la fois invoqué et congédié par la réalité vivante du mensonge. Et les ténèbres commencent à se répandre sur notre petit monde, déjà appauvri et déréglé.

Avec la prédominance des phrases toutes faites, des formules à peu près identiques, des pensées conformes, il serait triste que notre paquebot continue à courir à sa perte, au vu et au su d’élites passives quand elles ne sont pas délinquantes…

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