Accueil Economie Karim Amous, expert-comptable et fondateur du groupe financier « Smarteco » à La Presse: «L’accès aux subventions internationales, un enjeu crucial pour le développement »

Karim Amous, expert-comptable et fondateur du groupe financier « Smarteco » à La Presse: «L’accès aux subventions internationales, un enjeu crucial pour le développement »

Les lignes de crédit étrangères et les subventions sont des sources de financement potentielles pour les projets en Tunisie. Cependant, les promoteurs de projets sont confrontés à plusieurs défis, notamment la lourdeur administrative et les blocages de la Banque centrale et de ses vis-à -vis. Dans cette interview, nous nous entretenons avec Karim Amous, expert-comptable et fondateur du groupe financier « Smarteco », afin d’éclairer les lecteurs sur ces questions cruciales.

Quelle est la particularité des lignes de crédit étrangères et des subventions pour les opérateurs économiques tunisiens ?

Les lignes de crédit étrangères sont des facilités financières accordées par des institutions financières étrangères aux entreprises tunisiennes. Elles permettent d’obtenir des fonds pour financer des projets spécifiques avec des conditions plus favorables que celles offertes par les institutions financières de la place. Les subventions, quant à elles, sont des aides financières non remboursables accordées par des gouvernements étrangers, des organisations internationales ou des fondations pour soutenir des initiatives en Tunisie.

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les promoteurs de projets tunisiens pour obtenir ces lignes de crédit étrangères et les subventions ?

Les promoteurs de projets tunisiens font face à plusieurs défis. Tout d’abord, la lourdeur administrative constitue un obstacle majeur. Les procédures bureaucratiques complexes et les délais d’approbation peuvent retarder considérablement l’obtention des fonds. De plus, la conformité aux exigences et aux critères fixés par les institutions financières intermédiaires de la place peut s’avérer complexe et exigeante. Certaines se voient plus royalistes que le roi, en ajoutant des exigences et des obstacles non imposés par le bailleur de fonds d’origine.

Ensuite, les blocages de la Banque centrale de Tunisie peuvent également entraver l’accès aux lignes de crédit étrangères. Les contrôles stricts mis en place par la banque pour prévenir les risques liés aux flux de capitaux peuvent parfois rendre difficile l’obtention des autorisations nécessaires.

Quelles sont selon vous les raisons possibles à la non-attribution des subventions aux promoteurs de projets tunisiens ?

Plusieurs raisons peuvent expliquer la non-attribution des subventions aux promoteurs de projets tunisiens. Premièrement, il peut s’agir d’une compétition féroce entre différents pays et projets pour l’obtention de ces subventions. Si les projets tunisiens ne répondent pas aux critères spécifiques ou ne se démarquent pas suffisamment, ils peuvent être écartés au profit d’autres initiatives.

Deuxièmement, la qualité des demandes de subventions est également cruciale. Si les promoteurs ne fournissent pas une documentation complète et convaincante, ou si leur projet manque de viabilité ou de perspectives de développement durable, il est peu probable qu’ils obtiennent les subventions souhaitées.

Toutefois, il ne faut pas oublier parfois que les intermédiaires financiers mandatés pour gérer leurs fonds sont parfois trop stricts et discriminatoires dans leurs choix des bénéficiaires de ces crédits et subventions ce qui bloque surtout l’octroi des crédits à faibles taux ou à conditions favorables, surtout qu’ils se trouvent en situation de conflit d’intérêt, lorsqu’ils se trouvent plus gagnants en proposant leurs fonds propres que ceux des bailleurs de fonds étrangers.

Existe-t-il des mesures ou des initiatives pour améliorer cette situation et faciliter l’accès à ces crédits et subventions ?

Oui, certaines mesures ont été prises pour améliorer la situation. Les autorités tunisiennes ont reconnu la nécessité de simplifier les procédures administratives et de réduire les délais d’approbation. Des réformes visant à rationaliser les processus et à faciliter l’accès aux financements étrangers sont en cours.

Egalement, la Banque centrale de Tunisie est en train d’œuvrer afin d’assouplir certaines de ses règles et réglementations pour faciliter les flux de capitaux entrants. Cela devrait contribuer à réduire les blocages et à encourager les investissements étrangers en Tunisie.

A mon avis, le choix d’intermédiaires autres que les banques pour gérer ces fonds, comme les bureaux d’avocats et d’experts comptables, aura un effet plus que bénéfique sur ces processus et va laisser des gens impartiaux et professionnels, qui ne tombent pas dans le piège de conflit d’intérêt, gérer le tout.

A votre avis, quelles sont les raisons qui encouragent les bailleurs de fonds à accorder des subventions à la Tunisie ?

Les subventions internationales sont souvent accordées à la Tunisie pour soutenir le développement économique, social et environnemental du pays. Les bailleurs de fonds étrangers reconnaissent le potentiel de la Tunisie en tant que marché émergent et cherchent à promouvoir la croissance économique, la création d’emplois et la réduction des inégalités.

Ces subventions sont généralement destinées à des secteurs clés, tels que l’agriculture, l’industrie, les énergies renouvelables, l’éducation, la santé et les infrastructures. Elles peuvent contribuer à financer des projets d’investissement, des programmes de développement rural, des initiatives de formation professionnelle, des programmes de lutte contre la pauvreté, et bien d’autres encore. Malheureusement, ces subventions ne sont pas pleinement exploitées.

Quel est le danger de la non-utilisation complète de ces subventions sur le marché économique tunisien ?

La non-utilisation complète des subventions internationales a des répercussions négatives sur l’économie tunisienne. Tout d’abord, cela limite les opportunités de développement et de croissance. Les subventions sont conçues pour soutenir des projets qui peuvent stimuler l’économie, créer des emplois et améliorer les conditions de vie. Si ces fonds ne sont pas utilisés, les projets prévus ne peuvent pas se concrétiser, entraînant un ralentissement du développement économique.

En outre, la non-utilisation des subventions peut nuire à la confiance des bailleurs de fonds étrangers. Lorsque les fonds alloués ne sont pas dépensés conformément aux accords et aux objectifs prévus, cela peut entraîner une certaine réticence de la part des bailleurs de fonds à accorder de nouvelles subventions à l’avenir. Cela peut rendre plus difficile l’accès à des financements supplémentaires pour des projets futurs.

De plus, la non-utilisation des subventions peut également avoir un impact sur la population tunisienne. Ces fonds sont souvent destinés à des initiatives qui améliorent les services publics, renforcent l’éducation, renforcent les infrastructures ou soutiennent les communautés locales. Si ces projets ne se concrétisent pas en raison de la non-utilisation des subventions, cela peut avoir un effet négatif sur la qualité de la vie des Tunisiens et aggraver les inégalités existantes.

Quels sont les efforts entrepris pour remédier à ce problème de la non-utilisation des subventions ?

Pour remédier à ce problème, il est essentiel de renforcer la coordination et la transparence entre les différentes parties prenantes, notamment les autorités gouvernementales, les organismes de gestion des subventions et les bénéficiaires. Il est nécessaire de mettre en place des mécanismes de suivi efficaces pour s’assurer que les fonds alloués sont utilisés de manière appropriée et dans les délais impartis.

De plus, il est important de renforcer les capacités des bénéficiaires des subventions, notamment en les accompagnant  dans la planification, la gestion financière et l’évaluation des projets. Cela peut aider à optimiser l’utilisation des subventions et à maximiser leur impact sur le marché économique tunisien. Enfin, il est crucial de promouvoir une culture de responsabilité et de redevabilité dans l’utilisation des subventions. Les bénéficiaires doivent être conscients de l’importance de respecter les engagements pris et de rendre compte de manière transparente de l’utilisation des fonds qui leur ont été alloués.

Pouvez-vous nous présenter quelques propositions concrètes pour rendre plus accessibles les crédits étrangers et les subventions aux porteurs de projets en Tunisie ?

Certainement. Je peux proposer plusieurs mesures pour faciliter l’accès aux crédits étrangers et aux subventions pour les porteurs de projets en Tunisie. Tout d’abord, je suggère de simplifier les procédures administratives et de réduire les délais d’approbation. Cela peut être réalisé en rationalisant les processus bureaucratiques, en éliminant les formalités inutiles et en favorisant une approche plus efficace dans le traitement des demandes de financement.

Ensuite, je recommande de renforcer le soutien aux entrepreneurs en matière de formation et d’accompagnement. Une meilleure sensibilisation aux opportunités de financement, ainsi qu’une formation adéquate en gestion financière et en planification de projets, peuvent aider les porteurs de projets à mieux préparer leurs demandes de crédits et de subventions, augmentant ainsi leurs chances de succès. Je souligne, également, l’importance de renforcer la transparence et la crédibilité du système financier tunisien. Cela peut être réalisé en appliquant des normes strictes en matière de gouvernance, en renforçant les mécanismes de supervision et de régulation, et en favorisant une culture de responsabilité et de transparence dans l’utilisation des fonds alloués. Enfin, j’encourage la collaboration entre les différentes parties prenantes, y compris les autorités gouvernementales, les institutions financières, les bailleurs de fonds et les entrepreneurs. Je propose la mise en place de plateformes de dialogue et de concertation pour favoriser l’échange d’informations, la coordination des efforts et la recherche de solutions communes.

Ces propositions visent à créer un environnement propice à l’accès aux crédits étrangers et aux subventions, en réduisant les obstacles administratifs, en renforçant les capacités des entrepreneurs et en favorisant la transparence et la collaboration. Il est essentiel de mettre en œuvre ces mesures pour stimuler l’entrepreneuriat et favoriser le développement économique en Tunisie.

Quelle est la contribution potentielle de votre groupe financier  « Smarteco », pour rendre ces subventions plus accessibles ? Par exemple, est-il possible d’envisager une gestion directe des subventions sans passer par un intermédiaire financier ?

En effet, « Smarteco » peut jouer un rôle essentiel pour rendre les subventions plus accessibles aux porteurs de projets en Tunisie. Une proposition concrète serait d’explorer la possibilité d’une gestion directe des subventions, en évitant les complications liées à la multiplication des intermédiaires financiers. Cela permettrait d’éliminer les exigences supplémentaires souvent imposées par ces intermédiaires et de faciliter le processus de financement pour les bénéficiaires.

« Smarteco » possède l’expertise et l’expérience nécessaires pour gérer efficacement les fonds de subvention, en veillant à ce qu’ils soient utilisés conformément aux objectifs définis par les bailleurs de fonds. Grâce à une équipe spécialisée dans la gestion financière et le suivi des projets, elle peut assurer une gestion rigoureuse et transparente des subventions.

De plus, elle peut également jouer un rôle de conseil et d’accompagnement pour les porteurs de projets. En offrant des services de consultation financière, de planification et de suivi, elle peut aider les bénéficiaires à mieux comprendre les exigences des bailleurs de fonds et à préparer des demandes de financement solides. Cela contribuerait à renforcer les chances de succès des projets et à maximiser l’utilisation des subventions allouées.

Elle pourrait jouer un rôle clé en rendant les subventions plus accessibles, et ce, en proposant une gestion directe des fonds, en éliminant les intermédiaires financiers excessivement stricts et en offrant des services de conseil aux porteurs de projets. Ces initiatives contribuent à simplifier le processus de financement et à garantir une utilisation optimale des subventions pour le développement économique en Tunisie.

Parmi les points essentiels à l’accès aux crédits et subventions, la coordination étroite entre toutes les parties prenante. Etes-vous d’accord que cela peut aider à mieux comprendre les enjeux liés à ces financements ?

Il est clair que les subventions internationales jouent un rôle crucial dans le développement économique du pays, et il est essentiel de maximiser leur utilisation pour créer des opportunités et favoriser la croissance. Nos propositions, visant à simplifier les procédures administratives, à renforcer la transparence et à encourager la gestion directe des subventions par des acteurs comme « Smarteco », ouvrent des perspectives intéressantes pour améliorer l’accessibilité de ces financements.

Cependant, il est également important de souligner que la mise en œuvre de telles propositions nécessite une coordination étroite entre les autorités gouvernementales, les bailleurs de fonds, les institutions financières et les entrepreneurs. Cela exigera des efforts conjoints pour surmonter les obstacles administratifs, renforcer les capacités des bénéficiaires et promouvoir une culture de responsabilité et de transparence.

Du coup, l’accès aux subventions internationales et aux crédits étrangers reste un enjeu crucial pour le développement économique en Tunisie. En adoptant des mesures, il est possible de simplifier les procédures, de renforcer la transparence et de faciliter l’utilisation efficace de ces financements. Cela contribuera à stimuler l’entrepreneuriat, à créer des emplois et à favoriser la croissance économique du pays.

Nous espérons que ces discussions serviront de base pour de futures initiatives visant à améliorer l’accès aux subventions internationales et aux crédits étrangers en Tunisie.

Charger plus d'articles
Charger plus par Sabrine AHMED
Charger plus dans Economie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *