Il ne faut pas être devin pour prévoir la ruée vers le théâtre antique de Carthage et la longue attente devant les portes d’entrée pour accéder au temple du chant et de la danse de Ziara, le spectacle de Sami Lejmi présenté mardi 15 juillet.
L’amphithéâtre était plein, le public criait sa joie d’être là, trépignait avant l’entrée des artistes.
L’équipe des danseurs entre en scène, soigneusement vêtue de costumes traditionnels. Le bal prend de l’élan, d’autres danseurs arrivent, les chants montent, psalmodies, dhikr, plateaux de bougies, odeurs d’encens, qui se confond avec une brise salvatrice de ce mardi d’enfer. Une fois de plus, Sami Lajmi transforme le théâtre antique de Carthage en un grand marabout dont les frontières s’étendent de la scène pour atteindre les dernières rangées des gradins, l’univers rituel spirituel atteint les corps des spectateurs, qui se lèvent, trépignent, tournent de la tête, crient à haute voix. Ambiance.
Sur scène, les tableaux se suivent et ne se ressemblent pas, les moirures des habits, les gargoulettes au-dessus des têtes des femmes, les couffins garnis ; tout est prétexte à la danse aux mouvements d’ensemble qui enchantent et aiguillonnent les corps du public.
Ziara ne déroge pas à la règle, il enflamme son large public, plus d’une centaine de chanteurs, d’acteurs, de musiciens, des porte-drapeaux, des transes, rien ne manque au tableau. «Il y a d’autres professionnels qu’on ne voit pas, ajoute Lejmi, lors de sa conférence de presse, ils sont dans les coulisses et sont partie prenante du spectacle, des preneurs de son, des scénographes, des éclairagistes et bien d’autres corps de métiers».
Il faut croire que tout le monde connaît le spectacle Ziara, ses arcanes, les chanteurs, tellement il a été montré, joué et applaudi. Lejmi explique les secrets de la réussite : «C’est un travail de recherche long qui nécessite d’être précis. Ziara n’est pas un nouveau spectacle, dit-il, Ziara est un projet, un projet en évolution constante tant au niveau de l’image que de la musique ou du chant ». L’affaire est claire. «Ziara se développe, à chaque station, prend une nouvelle tournure, une forme autre».
Ce qui est constant, ce sont les incantations, les mélodies des chants et la mise en scène, autant dire que tout est nouveau et la formule roule sur des patins, le public adhère et saute les pieds joints. L’amphithéâtre, ce soir, s’est transformé en piste de danse, de chats d’amour pour Dieu, de Fatiha, d’incantations, de prière, «Jitik Aïr» « Âla bab Darek », etc. Le public reprend les paroles, en demande davantage. Imaginez des milliers de danseurs et des jeunes qui tombent en transe. ça aussi c’était attendu. Deux heures et demie de cris de joie. Une autre Ziara ? «Aujourd’hui, dix ans après les débuts de la première mouture, il est difficile d’imaginer une Ziara 3, mon partenaire, ici devant vous, a tous les problèmes du monde pour en monter une autre, financiers, techniques, etc. » A l’allure que prend Ziara 2, au succès renouvelé, et à la lumière des ovations du public, on parie qu’il y aura une Ziara 3.