Au théâtre romain de Carthage : Ragheb et son public, une histoire d’amour

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Il était attendu depuis la parution du programme de la 57e session du Festival international de Carthage, ses fans ont envahi les guichets trois, quatre heures avant le spectacle, Ragueb Alama, l’idole des jeunes et des moins jeunes, était au rendez-vous samedi 5 août au théâtre antique de Carthage.

Plus d’une heure avant le spectacle, le public a submergé les gradins, les chaises, téléphone en main, chantant les tubes de son idole. 10h tapantes, celui-ci dévale  les escaliers bordés de lumières, habillé d’un costume noir à même la peau, lunettes bleues cerclées, chaussé de baskets de couleur. La fête commence. « C’est pour vous que  j’ai créé  les chansons », clame-t-il au public ; un tonnerre de cris couvre la musique, l’atmosphère change de ton, l’air est à la fête, on danse sur les gradins, avec ou sans motif ; le chanteur, tout sourire, avantagé par une dentition à faire fondre, lance les mots qu’il faut, c’est le délire, et ce n’est qu’un début. Parce que l’histoire d’amour entre le public tunisien et son idole est ( du moins, semble-t-il) solide, longue et infinie ; une romance forte, indéfectible qui a commencé dans les années quatre-vingt et n’est pas près de s’éteindre. Le succès de cette soirée du samedi 5 août  le confirme.    

Le tour de chant commence par « Yaguib », un tube qui date de plus d’une dizaine d’années et qui a recueilli près de 7 millions de vues sur Youtube, est-il utile de dire que le public s’y est mis en chantant en jetant des bouquets de jasmins ; manifestant ses amours haut dans le ciel. Décidément, Ragheb apprécie et ne tarit pas d’éloges et d’expressions d’amour « Je vous aime, je vous aime », la déclaration est entendue, et reçue par des acclamations soutenues. Une sorte de fusion s’établit entre lui, le maître qui dirige, et le public qui lui obéit au doigt et à l’œil ; exemple :

«  Je veux voir tous les téléphones allumés », les bras sont levés, balancent, droite-gauche, gauche-droite, le ciel noir s’embrase, lumières, mouvements et rythmes animent le théâtre. Courte pause, place aux selfies, aux embrassades, à une petite fille qui entonne une des chansons.

« Je vous aime barcha, barcha », le public jubile. Et réclame des titres en chantant, la star répond «  c’est vous qui chantez, moi j’écoute, j’apprécie » la joie, la folie. Cette fois-ci c’est Ragheb Alama qui réclame à son public de chanter «  Nisina edenya », il tend le micro, le public ne se fait pas prier, on imagine la scène et l’affection qui lie le crooner et son public, suit un autre tube, l’un des plus chantés «  Inta El Hob », on ne sait plus qui chante pour qui, le délire. Côté surprise, le chanteur invite l’une de ses admiratrices, d’un certain âge, à peine guérie d’un mal redoutable et qui a tenu mordicus  à assister au spectacle, elle chantera, heureuse d’assister au spectacle et de rencontrer Ragheb, dira sa joie et son bonheur, des selfies, des sourires. Ovations longues du public.

Une autre chanson? « Illi Bâana khassar Dilâna », un tube qui a dépassé les cent millions de vues (sur sa chaîne officielle), suivent d’autres tubes, «Mahdhouma», « Ya bent essultane ». Surprise, une jeune dame monte sur scène, offre une djebba que Ragheb enfile non sans plaisir, une chéchia où sont inscrits son nom et prénom, Ragheb appelle ses photographes, son cameraman, il pose, chante et chante, appelle son fils qu’il embrasse, le public est en folie, d’autres mouvements de foule. Ragheb et le public ensemble, ça danse, ça crie, ça siffle, ça manifeste ses amours. C’est aussi cela, le Festival de Carthage.

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