Que reste-t-il pour la rentrée scolaire ? Juste le temps de refaire ses comptes, de voir ce qui reste dans la cagnotte, comment emprunter ou ce qu’il faudrait sacrifier pour se préparer en vue d’amortir le choc qu’assénera la somme à dépenser et la contenance et le poids du sac à dos réservé aux livres et fournitures scolaires exigés.
Pour un certain nombre de parents, ils ont sué sang et eau pour inscrire leurs enfants dans des écoles privées. « Ce qui s’est passé au cours et en fin d’année est à ne jamais oublier. Nos enfants en otages ? Plus jamais ça. J’ai inscrit mes enfants, j’en ai deux, au privé. Ce sont de bons élèves et je n’ai pas à m’inquiéter, mais je plains ceux qui auront à subir ce genre d’agissement inconscient à l’avenir. Heureusement que l’Etat a tenu bon, mais je n’ai pas confiance avec ces pseudo-responsables qui oublient l’essence même de leur mission».
L’inquiétude ne s’arrête pas là. Une rentrée scolaire, c’est un choc financier pour le budget familial. Il faut s’y préparer surtout que «nous sommes toujours en fête. Ramadan et son faste, l’Aïd qui lui succède, l’Aïd El Kebîr et le mouton qui prend la relève, le Mouled et l’Assida qui suivent…», commente une dame qui demandait le prix d’un tablier dans une grande surface.
A ce propos, nous avons été franchement choqués par les prix affichés par les premiers prospectus envoyés par ceux qui se préparent à se convertir en libraires et écouler cahiers, crayons, stylos et autres fournitures. Les prix sont réellement élevés et bien des familles en souffriront. En fin de compte, il y a de quoi se demander à combien reviendra une rentrée scolaire pour une famille de trois enfants, ce qui est une moyenne, en prenant en compte que tout dépendra de ce que demanderont les enseignants. Pour ce qui concerne les vêtements, les dernières soldes, tout le monde est d ‘accord, n’ont pas résolu beaucoup de problèmes: il faut trouver autre chose pour que ces soldes deviennent une providence et non pas une simple date fixée à l’avance et qui ne mobilisent plus personne ou presque.
Une clientèle lassée
Revenir sur les prix, les petites manipulations qui sont d’ailleurs à l’origine de cette perte de confiance entre les différentes parties concernées est inutile. Lorsque la confiance n’est plus de mise, il faudrait avant tout agir pour la retrouver. Les soldes ne sont plus crédibles et les «promoteurs» seraient bien inspirés pour réfléchir et trouver une nouvelle formule à même de faire revenir la clientèle. Une clientèle lassée par les manipulations et qui n’est pas prête à se laisser séduire sauf si l’on revient à de meilleurs sentiments et que l’on adopte des méthodes plus avenantes. Toujours est-il que les familles, qui ont le plus besoin de ces soldes pour la rentrée scolaire, n’ont sans doute pas trouvé ce dont ils ont besoin. Pour résumer, les habits pour enfants demeurent difficiles d’accès pour les familles de conditions modestes.
Des augmentations à prévoir
Les tabliers scolaires dont les prix ont été dernièrement affichés tournent autour de trente dinars et plus, auxquels il faudrait ajointer chemises, pantalons, sous-vêtements et le reste. C’est ce qui est considéré comme un placement incontournable auquel viendront s’ajouter les enveloppes à réserver pour les cahiers, fournitures scolaires et les livres.
Bien entendu, on entendra dire ici ou là que les livres ont augmenté de prix. Avec l’envolée du prix du papier dans le monde et bien que notre usine de papier ait repris sa production, il y a toujours des intrants qui viennent de l’étranger et qui ont connu une hausse à la mesure de la dévaluation de notre monnaie. Il n’en demeure pas moins que la décision de faire imprimer nos manuels scolaires chez nous est une décision importante. Elle nous fera gagner des devises et mettra à contribution nos imprimeries qui sont largement en mesure de répondre à la demande.
En mesure d’aider
Pour ce qui concerne les fournitures scolaires, la majorité vient de l’étranger et elles sont sujettes aux cours en vigueur. Tout dépendra des pays dans lesquels on ira s’approvisionner mais ces prix varient aussi selon la qualité. Cette qualité sur laquelle nous n’insisterons jamais assez. Les fournitures scolaires sont appelées à être manipulées par des gamins de tout âge. Ces enfants les mettent souvent dans la bouche et si les précautions à prendre ne sont pas respectées, elles peuvent être à l’origine de bien des complications au niveau de la santé.
C’est le danger que représente l’achat des produits offerts à des prix défiant toute concurrence certes, mais dont la qualité et surtout la composition sont un danger qui guette ceux qui se laissent tenter, attirés par les économies qu’ils pensent pouvoir faire. En fin de compte, c’est à propos des cahiers et des fournitures scolaires que nous souhaitons revenir, comme cela a toujours été le cas à l’orée de la rentrée scolaire. Et ce sont les enseignants qui sont en mesure d’aider ceux qui se morfondent en prévision des tuiles qui leur tomberont sur la tête. Le nombre de cahiers pourrait diminuer si les enseignants consentaient à trouver la meilleure formule.
Jadis, nos enseignants nous permettaient de partager un cahier entre deux matières, sachant pertinemment que cela était suffisant. Ils ne demandaient jamais de gros cahiers, dont le tiers était en fin d’année jeté à la poubelle. Demander à ce que les enseignants fassent preuve d’un peu plus de souplesse pour réduire le nombre de cahiers serait-il un crime de lèse-majesté ? Nous ne le pensons pas, étant donné qu’ils connaissent le problème et que la plupart d’entre eux ont des enfants, il n’est pas difficile de les convaincre pour faire un effort à même de contribuer à alléger la charge de ceux qui en ont besoin.
Eviter d’exiger des crayons et des stylos de différentes couleurs, des protège-cahiers multicolores et autres artifices serait également salutaire. Il n’y a qu’à se promener dans les rayons que l’on commence à achalander dans les grandes surfaces et dans les librairies, pour se donner une idée précise de ce qui attend les élèves et leurs familles à l’orée de cette rentrée.
Des têtes bien faites
Ce genre d’initiatives a un double effet. D’une part, on aide ceux qui éprouvent des difficultés pour joindre les deux bouts et, d’autre part, on épargne à ceux qui sont pratiquement incapables de se payer autant de fournitures la gêne, la honte de l’avouer devant leurs camarades plus aisés. C’est l’école publique et sa contribution dans la formation des générations futures.
Il ne s’agit nullement de demander à ce que cela se fasse par des directives et des ordres venant de la tutelle ou de la direction régionale. C’est à nos enseignants de prendre les choses en main pour alléger le fardeau de leurs élèves, tant au niveau des dépenses qu’à celui du poids des sacs qui pèsent parfois le poids de celle ou de celui qui les porte.
De toutes les façons, le lancement de la réflexion sur l’école de demain (à ce propos ceux qui ont déjà planché dessus peuvent toujours remettre leurs dossiers et conclusions) est à même de résoudre bien des problèmes. Il s’agit, en effet, d’avoir des têtes bien faites en choisissant les matières dont on a vraiment besoin aux différents stades de l’enseignement. Cela se répercute sur la prise en main de l’enfant pour lequel on prévoira des études conséquentes, des loisirs formateurs au point de vue corps et esprit dans un milieu ambiant propice à l’éclosion de ses capacités créatrices.