La municipalité de l’Ariana a dernièrement lancé ses contrôleurs pour voir ce qui se passe dans les restaurants et fast-foods de sa circonscription. Les équipes de contrôle d’hygiène ont relevé de sérieux manquements à la cité Ennasr.
La campagne entreprise pour rendre les trottoirs aux piétons et la chaussée aux véhicules roulants se poursuit. Il n’en demeure pas moins que l’occupation de la chaussée est toujours d’actualité avec des obstacles invraisemblables et les piquets en béton et autres, enfoncés dans les trottoirs pour empêcher d’éventuels stationnements, sont encore des soucis majeurs de cette indiscipline qui défigure une ville et met en relief le peu de cas que l’on a de «la chose publique».
Mais ce réveil citoyen tend à s’exprimer davantage par l’action enclenchée pour protéger les consommateurs, amateurs des repas pris sur l’ongle entre les deux séances de travail, des problèmes de santé qu’occasionnent les négligences des tenanciers de ces fast-foods.
La municipalité de l’Ariana a dernièrement lancé ses contrôleurs pour voir ce qui se passe dans les restaurants et fast-foods de sa circonscription. Les équipes de contrôle d’hygiène ont relevé des manquements graves à la cité Ennasr, une zone pourtant considérée assez huppée par rapport à celles que l’on retrouve un peu partout dans cette extension du Grand-Tunis.
Régularisation de la situation
Des mesures nécessaires sont à prendre contre les restaurateurs, dont certains ont été convoqués au siège de l’administration concernée, afin de «régulariser leur situation».
Ces manquements «sérieux» seront-ils punis et leurs auteurs sanctionnés conformément à la réglementation en vigueur ? La «régularisation de la situation» sera-t-elle une mise à niveau qui a pour objectif de protéger les consommateurs ? Englobe-t-elle la situation du personnel qui y est employé, à l’effet d’aboutir à une formation qui sert les intérêts de toutes les parties prenantes, tant au niveau de la situation sociale vis-à-vis des caisses qu’au niveau de l’apprentissage du métier ? Une façon de limiter, par voie de conséquence, ces recours au premier venu pour préparer et servir des repas de bonne qualité et où l’hygiène est respectée ?
Si cette régularisation s’en tient à un simple procès-verbal et quelques réprimandes, cela ne sert à rien. Elle encourage, par contre, ces manquements au vu de la légère peine infligée. Ces mauvaises habitudes, tout un chacun peut s’en rendre compte en prêtant attention à ce qui se passe tôt le matin et en cours de journée dans ces restaurants de fast-foods.
Des camionnettes déposent, dès les premières heures de la matinée, les sacs de frites devant les restaurants et les fast-foods. D’autres suivent et assurent les petits pains, d’autres font débarquer les légumes. Ces produits restent là jusqu’à l’ouverture, sous le soleil ou sous la pluie. Sous le regard complice des chats et des chiens errants.
Réguliers et systématiques
Une fois le restaurant ouvert, ce sont les ouvriers qui les prennent en charge. Ils les déposent à même le sol, ou les rangent sur des étagères en attendant d’être traités.
La restauration se limite aux premières heures à des mets à emporter. Tout ce qui est resté de la veille est servi et fait partie des repas légers que certains aiment prendre… aux bureaux. Personne n’a vérifié si les comptoirs réfrigérés ont fonctionné la nuit ou s’ils ont été éteints.
Connaissant le schéma de comportement de ces prestataires de services, nous avons fait partie de cette clientèle matinale. Franchement, nous n’avons pas vu un seul se laver les mains avant de commencer à servir les sandwichs. Bien au contraire, l’un des jeunes qui confectionnait les sandwichs se permettait de tirer goulument sur sa cigarette, revenait au thon, humectant ses doigts de salive pour tirer une feuille de papier journal blanche pour l’emballage. Les tabliers enfilés sont certainement ceux portés la veille parce que souillés. En levant le rideau baissé pour masquer ce qui se passe dans le réduit, nous avons vu un des ouvriers ou serveurs plonger ses mains dans une grande bassine pleine d’eau d’une couleur glauque, pour retirer des tomates, alors qu’un second versait ce qui restait dans un sac en plastique blanc qui avait contenu des… engrais.
Voilà la raison pour laquelle l’action entreprise ne doit en aucun cas s’assimiler à une «campagne» limitée dans le temps. En effet, ces contrôles devraient être réguliers, systématiques et surtout rigoureux.
Beaucoup d’argent
L’émergence de ce genre d’activité s’effectue à une vitesse vertigineuse. Par paresse, par changements des habitudes, pour faire vite on s’adresse à ces lieux qui se multiplient (parce que, paraît-il, cela rapporte beaucoup d’argent), sans être regardant à l’aspect hygiénique.
Les descentes effectuées du côté de l’Ariana ont révélé des surprises que personne ne voulait croire, n’étaient les photos illustrant ces ustensiles sales, ces victuailles à même le sol, ces frigos en désordre et cette saleté répugnante qui devraient interpeller plus d’un.
Les fast-foods rapportent de l’argent et ceux qui y viennent sont le plus souvent des novices qui apprennent sur le tas. Les aides, que cela soit pour confectionner les garnitures des plats ou pour servir derrière le comptoir, sont recrutés sans aucune qualification. Cela débouche sur ces dépassements que le consommateur paie comptant. Au prix de sa santé.
Pas de confusion
Non loin du lieu visité, se trouve une pharmacie. Le pharmacien à qui nous avions posé des questions à propos de cette situation qui règne dans certains restaurants ou au niveau des établissements livrant des repas légers est catégorique : «Il ne faudrait pas faire de confusion. Ces dernières semaines, nous avons enregistré des cas assez nombreux d’intoxication intestinale. Mais le nouveau dérivé du Covid est bien là». Et de poursuivre, «nous sommes obligés de poser plusieurs questions à ceux qui viennent nous voir. Lorsque les réponses sont claires et portent sur des vomissements, de la fièvre et une diarrhée continue, nous les dirigeons immédiatement vers le centre de soins le plus proche. Mais les cas de simples intoxications intestinales, nous leur donnons ce qu’il faut tout en prenant leur numéro de téléphone. Nous les contactons pour avoir de leurs nouvelles et nous constatons que c’est bien une simple infection. Bien entendu, nous leur suggérons d’aller voir un médecin pour être sûr que c’est bénin. Mais nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de le faire et nous sollicitent. Ce n’est pas notre travail de diagnostiquer, mais nous agissons en tant que premiers soins pour éviter l’aggravation de la situation».
Presque tout est dit. L’essentiel est bien de faire de ce genre de visites de contrôle un moyen de protection pour le consommateur qui a tendance à être attiré par sa gourmandise ou tout simplement par la réputation que les réseaux sociaux imposent, en dépit de l’absence de crédibilité et de sérieux.