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Mes humeurs: Le temps des chiffres

C’est la fin de la haute saison touristique. La moisson est apparemment prodigieuse. Les chiffres fournis par le ministère de tutelle et la BCT l’attestent, car les entrées, toutes nationalités confondues, ont enregistré une croissance honorable. Elles ont augmenté de 62,% par rapport à la même période de l’année dernière, atteignant celles de 2019, l’année de référence (d’avant-crise du Covid). Tous les marchés traditionnels (France, Allemagne, Italie et Espagne), ont sensiblement augmenté, la hausse des entrées de nos voisins algériens donne le vertige et mérite d’être signalée (+ 410% par rapport à 2022). Un bol d’air rafraîchissant pour les hôteliers et un apport substantiel pour les finances publiques. Tout à l’air bien.   

Les recettes aussi ont de quoi apaiser toute critique, les responsables du tourisme sont bercés par les réussites de la saison : 6,232 millions (+62,4% par rapport à la même période de 2022 et mêmes réalisations que 2019). Tout va très bien.   

Et ce n’est pas fini, il reste l’arrière-saison ;  les chiffres et les voix mesurées ou fanfaronnes des responsables du secteur vont encore se manifester ; les régions de Tozeur et de Djerba accueillent l’arrière-saison avec un optimisme affiché et des événements inspirés et originaux s’y préparent avec des moyens assez substantiels.

Mais il faut mettre à toutes ces bonnes nouvelles quelques bémols, puisqu’il y a une autre lecture aussi crédible, aussi vraisemblable. Voyons.

Primo : les 62% d’augmentation des entrées recensées sont comptabilisés non pas par rapport aux seuls touristes, mais ils incluent les Tunisiens résidant à l’étranger. Ce qui n’était pas le cas, des années auparavant, mais la Tunisie se met au diapason des articles de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), alors que le citoyen l’ignore. Soit !  Le chiffre annonçant les recettes est par conséquent plus gros qu’il ne l’est  réellement.

Secundo : les autorités du tourisme se complaisent à citer l’année 2019 comme année de référence. Elle ne fut pourtant pas exceptionnelle, ordinaire, tout à fait ordinaire, mais leur choix les réconforte dans leurs  calculs. C’est vrai qu’il faut un sacré  courage ou de l’insouciance éperdue pour comparer la saison actuelle et précédente à celles d’avant la «  révolution ».        

Tertio : cette saison est horrible du point de vue climatique, les destinations concurrentes (la Grèce, l’Espagne) ont été fortement endommagées par des incendies sans précédent. Ce qui a incité leurs «hôtes ou clients » à changer de route. La Tunisie, pays réputé pour son tourisme de masse et où l’euro vaut son pesant de dinars, en a copieusement profité ; ne dit-on pas que le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Dernier point : curieux d’apprendre le sort des petites et moyennes unités définitivement ou partiellement sinistrées et qui font tache dans les zones touristiques.

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