Une lueur d’espoir se profile à l’horizon pour 2024, avec une prévision de croissance économique de 2,5 %. Plusieurs facteurs contribuent à cette prévision optimiste.
La Tunisie, en quête de stabilité économique depuis la révolution de 2011, fait face à un nouveau défi alors que les prévisions de croissance économique, pour 2023, suscitent quelques inquiétudes. Le dernier rapport sur les perspectives économiques régionales, émanant de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), dessine, en effet, un tableau nuancé qui mêle défis et motifs d’espoirs. Alors que l’année 2022 avait laissé entrevoir une légère reprise avec une croissance de 2,4 %, les prévisions pour 2023 se montrent plus modestes, avec une croissance économique attendue de 1,9 %.
Une forte dépendance aux incertitudes géopolitiques
Selon la Berd, les principaux facteurs qui pèsent sur les perspectives économiques de la Tunisie en 2023 sont les conditions extérieures défavorables, l’inflation élevée et les troubles sociaux persistants. La Tunisie, fortement dépendante des échanges internationaux, est vulnérable aux fluctuations des marchés mondiaux. Les incertitudes géopolitiques et les tensions commerciales mondiales ont eu un impact direct sur la performance économique du pays. L’inflation, qui a atteint un taux alarmant de 9,1 % en glissement annuel en juillet 2023 (9,3 % au mois d’août), a eu un effet domino sur l’économie tunisienne, touchant particulièrement les ménages à faible revenu. Dans son sillage, l’inflation élevée a entraîné une augmentation des coûts de la vie, ce qui a plombé le pouvoir d’achat des Tunisiens.
Le rapport de la Berd estime que « les troubles sociaux », qui ont persisté ces dernières années, ont également eu un impact négatif sur la confiance des investisseurs et la stabilité économique.
Malgré ces défis, les secteurs du tourisme, des services financiers et de l’industrie ont montré des signes d’expansion, soutenus par l’amélioration progressive de la situation sanitaire mondiale. Le tourisme, en particulier, a montré une vigueur encourageante, contribuant à la création d’emplois et au soutien de la croissance économique.
Cependant, cette croissance a été contrebalancée par la contre-performance des secteurs agricole et minier. Les défis environnementaux et les fluctuations des prix des matières premières ont pesé sur ces industries cruciales pour l’économie tunisienne. Une lueur d’espoir se profile à l’horizon pour 2024, avec une prévision de croissance économique de 2,5 %. Plusieurs facteurs contribuent à cette prévision optimiste. Tout d’abord, le secteur du tourisme devrait continuer sa croissance, attirant des visiteurs étrangers et stimulant les recettes en devises étrangères. De plus, les ventes de phosphate, une ressource naturelle importante pour la Tunisie, devraient augmenter, ce qui soutiendra également le PIB.
Un accord avec le FMI serait le bienvenu
La Berd pense aussi qu’un accord potentiel avec le Fonds monétaire international (FMI) pourrait apporter une bouffée d’air frais à l’économie tunisienne en 2024. Cet accord pourrait aider à stabiliser les finances publiques et à restaurer la confiance des investisseurs internationaux, ouvrant la voie à des réformes économiques de fond.
La situation économique de la Tunisie reste toutefois fragile, et des réformes profondes seront nécessaires pour assurer une croissance économique pérenne. Le chômage et la gestion de la dette publique restent une priorité pour le gouvernement tunisien.
Selon plusieurs experts économiques, la Tunisie est sur la bonne voie en ce qui concerne la gestion de sa dette extérieure, en témoigne la déclaration de Mohsen Hassen, pour qui « la Tunisie est réellement parvenue à rembourser près de 74% du service de sa dette extérieure, contrairement aux prévisions des agences de notation et des marchés financiers ». Les experts sont unanimes à ce sujet, il faudrait engager des réformes profondes pour faire perdurer la bonne santé économique et permettre de redynamiser l’économie. Des réformes économiques qui devront intégrer une nouvelle (ancienne) donne, celle du changement climatique et de la diminution des ressources hydriques.