Une langue ciselée, une poésie qui affleure et qui s’insère dans le texte pour le rythmer, un don d’empathie qui permet à l’auteur de s’incarner avec la même crédibilité d’un personnage à l’autre, voilà qui fait du dernier ouvrage de Walid Amri une poignante narration d’un voyage de harragas.
Ils viennent de différents horizons, jeunes et vieux, femmes et hommes, fripier et poète, poursuivant chacun un rêve impossible, celui de lendemains meilleurs. Un rêve qui les soude dans un même corps, une même marche, un même espoir et une même désespérance. Dans une nuit complice puis menaçante, «ballottés entre l’extase du désespoir et l’agonie de l’espoir», sachant ce qu’ils fuient mais ignorants de ce qu’ils cherchent, ces traverseurs sont en fait à la recherche d’eux-mêmes sur le chemin du pays où l’on n’arrive jamais. Sept nuits durant, des personnages qui ont trouvé leur auteur, «conquérants de l’incertain, volontaires de la liberté» n’en finissent pas d’arpenter les flots et les vagues de leur passé.
Walid Amri est supposé être un homme de chiffres et de calculs, banquier dans la vraie vie.
Il est, en fait, un poète qui donne aux mots une magie, une musique, et un écho qui résonne longtemps après que l’on a fermé le livre.