Le visiteur de notre pays reste probablement marqué par les premières images qu’il reçoit de nous. S’il a choisi la compagnie nationale, l’état de l’avion, le service à bord, l’attitude de l’équipage, le degré de maîtrise du commandant de bord et des pilotes aux commandes sont minutieusement évalués. Autant de tests qui lui permettent de découvrir par des signes successifs l’état du pays qui se veut moderne, se dit touristique.
Une fois à l’aéroport. Deuxième test : passer le contrôle de police. Souvent, et compte tenu de la nature de leur métier, dans presque la plupart des aéroports du monde, les agents ne sourient pas. Bien au contraire, l’air sévère, ils vous posent des questions, vous dévisagent, revérifient vos documents et les tampons des pays visités. Chez nous, il y a une spécificité de plus. Une fois les pièces d’identité entre leurs mains, les agents estiment dans leur bon droit de vous appeler par votre prénom. D’ailleurs, c’est une pratique assez répandue dans les différentes unités de la police nationale. Est-ce pour installer une forme d’intimité ou pour marquer une certaine ascendance ? Ni Madame ni Monsieur… Monsieur l’agent, dès qu’il a en sa possession le passeport, le permis de conduire, la carte d’identité…, estime qu’il peut vous interpeller par votre prénom.
Une fois passé le contrôle de police, le visiteur s’en va récupérer ses bagages. Si, pour les tests d’évaluation qui ont précédé, les prestations peuvent espérer récolter la moyenne. L’épisode des bagages compromet tous les efforts entrepris et les réduit à néant. Et cela ne rate jamais ! Que ce soit en périodes de grande affluence ou pas, le service des bagages est désespérément défaillant. Attendre une heure, deux, voire plus, pour récupérer ses valises est la norme à l’aéroport de Tunis-Carthage.
Et pendant que le carrousel passe et repasse vide, il est intéressant de se livrer à une étude des mimiques des touristes, a fortiori ceux qui visitent la Tunisie pour la première fois. De l’étonnement à l’angoisse, en passant par les moqueries bien justifiées, ils ne savent que faire. A qui s’adresser ? Souvent, ils prennent leur mal en patience et attendent.
Maintenant, il faut sortir. C’est le coup de grâce ! Le parking fait honte à voir. Des ordures jonchent le sol, les trottoirs défoncés, leur peinture écaillée, les chariots parsemés ici et là. Un état d’abandon qui révolte et suscite une question, une seule : qui en est responsable ? Pendant ce temps, notre visiteur, et avant même de franchir les abords de l’aéroport, a une idée bien précise sur l’état du pays.
Maintenant, si l’acquisition de nouveaux équipements, la réparation du mobilier délabré et toutes autres opérations de rénovation de l’aéroport national requièrent des levées de fonds importants. Pour l’entretien quotidien de la vitrine du pays, des centaines d’agents sont alloués à la tâche, après avoir été régularisés de force, après le bras de fer des syndicats et les grèves à répétition, souvenons-nous. Visiblement, une fois la sécurité de l’emploi garantie, et comme dans la plupart des entreprises publiques, le travail est mal fait. Moralité, si celui qui ne fait pas ou fait mal son travail est sanctionné, la Tunisie ira certainement mieux.