Dans l’élaboration du prochain budget, on a sans doute pris bon nombre de dispositions pour assurer une certaine égalité entre les citoyens, en ce qui concerne la consommation des produits subventionnés. D’ailleurs, on est en train de découvrir dans les dépôts clandestins de plus en plus de marchandises de cette catégorie, qui subiront peut-être des augmentations, aussi minimes soient-elles, pour les «nantis» ou les «professionnels».
C‘est au niveau de ces derniers que les choses méritent d’être mises au point.
En effet, il n’est pas difficile de se rendre compte de ce qui se passe à ce niveau. Dans n’importe quel restaurant, même ceux qui sont un peu plus qu’une simple gargote, on constate que les prix pratiqués sont de plus en plus élevés.
Pas de ticket
Tout d’abord à la caisse, où on commence par être assommé par le prix des boissons et du maigre plat consommé, on ne vous délivre un ticket qu’avec beaucoup d’insistance. Alors que c’est un droit et on n’a pas besoin d’une nouvelle loi pour en bénéficier. Où en est l’obligation qui a été pourtant décidée d’imposer des caisses enregistreuses pour établir la vérité des recettes et faire payer des impôts réels et non « approximatifs » ?
Dans les grandes surfaces, cela est d’usage et c’est apparemment très bien appliqué. Sauf dans certains magasins à rayons multiples, huppés, luxueux, très bien achalandés, où les échanges sont réellement importants, avec des prix dépassant tout entendement et où le ticket qu’on délivre ne porte pas le timbre légal ? De quel droit ces magasins ne contribuent-ils pas à l’effort général fourni à l’effet de renforcer les moyens dont on cherche à se doter, pour « compter sur nous-mêmes » ?
Ces tickets, on en fait quoi après et comment serviront-ils pour payer les impôts comme tout citoyen assujetti et qui se doit de céder une partie de ce qu’il gagne pour tout simplement payer ses impôts comme le fait un retraité qui a trimé toute sa vie et qui n’a pas le choix, puisqu’on lui retient tout à la source.
À plein régime
Ces restaurants et même ces gargotes tournent à plein régime, en raison de la demande, avec une clientèle qui fuit les transports publics et préfère déjeuner dehors que rentrer à la maison. D’ailleurs, il est extrêmement difficile d’agir autrement, avec les bus et métros bondés et qui n’ont pratiquement pas d’horaire fixe et respecté.
Ces restaurants, toutes catégories, vous servent un plat de pâtes ou un simple couscous à des prix hallucinants. Et attention au poulet, autrement dit préparé avec une viande blanche censée être la moins chère sur le marché. Avec l’agneau qui est déjà assorti d’une fière affichette qui a sauté allégrement les quarante dinars au kilo, ce n’est plus un plat à manger, mais bien une préparation pour se gargariser avec du plomb fondu.
Ce plat est pourtant préparé avec un produit subventionné.
D’ailleurs, à ce propos, et comme cela a été le cas pour le lait, les fabricants de farine (ensacheurs) ont repris à leur compte l’astuce des laitiers qui, en pleine pénurie et alors que le lait demi-écrémé manquait sur le marché, nous sortaient un lait entier ou vitaminé.
Les ensacheurs de farine offrent à la vente des tonnes d’un produit « pour pizza ». Autrement dit plus cher.
Interdire la manipulation
Pourquoi ne pas interdire la manipulation de ce genre de farine et limiter son utilisation au besoin des ménages ?
C’est exactement le cas de la farine qui sert pour la préparation des gâteaux dont les prix grimpent de jour en jour. A moins de procéder à des analyses ou avoir un goût à la sensibilité bien particulière, personne ne pourra jamais faire la différence entre de la farine subventionnée et la farine spécialement destinée à la pâtisserie.
Nous pouvons logiquement nous passer de gâteaux mais pour le reste, nous sommes bien obligés de nous nourrir. Et nous payons le prix fort avec ce genre de manipulations.
Changer d’habitudes
Que ces restaurateurs, toutes catégories, affichent les prix qu’ils veulent. Une petite gamelle ou un encas léger auraient suffi pour tenir le coup et bien manger en rentrant chez soi, ou tout simplement il s’agira d’inverser nos habitudes et prendre un bon lunch le matin pour pouvoir tenir le coup jusqu’au soir. Il est toujours possible d’envisager des changements d’habitudes pour les besoins de la cause et cela ne demande qu’un minimum d’effort pour s’adapter et éviter de manger n’importe quoi dehors.
Ces restaurateurs donc peuvent fixer leurs prix mais il serait judicieux de commencer par faire la différence entre un citoyen consommateur et un professionnel de la restauration (hôteliers compris bien entendu)
Les sachets d’emballage devraient être différents.
En changeant la couleur et en apposant un code à barres sur les deux genres d’emballage, on commence par limiter et orienter une bonne partie de la consommation.
A l’issue d’une inspection, le rideau est baissé, le lieu contrevenant est fermé immédiatement, pour infraction aux dispositions en vigueur.
Lait, café, thé, sucre et médicaments
Le même cas se pose pour le lait, le café ou le thé, destinés aux citoyens et ceux dont se servent les cafetiers et les hôteliers : faire la différence en ce qui concerne les emballages codés et faire payer le prix véritable, ce qui d’ailleurs se justifie avec les montants des consommations que l’on exige. Les millions de touristes qui viennent consomment des produits subventionnés, au grand plaisir de ceux qui les hébergent. Et on ne bouge pas pour activer des leviers faciles à mettre en place.
C’est aussi le cas des médicaments. Il faut limiter la sortie à une consommation individuelle immédiate, par nos services de douane, comme le font les Européens qui interdisent au niveau des villes frontalières la sortie de quantités dépassant une consommation normale. C’est pourtant un marché commun !
Qu’y a–t-il de génial pour mettre en application des dispositions pareilles ? Faut-il une loi pour colmater cette brèche béante qui favorise une spéculation aussi criarde ?
D’ailleurs, les spéculateurs qui voient venir ce genre de mesures prennent leurs dispositions pour stocker ces produits subventionnés qui, actuellement, sont très demandés dans les grandes surfaces. En posant la question à un des chefs de rayon à propos de la cause qui explique que des étagères soient vides, il nous a tout confirmé : « Effectivement, on a, non pas une pénurie, mais une obligation de réapprovisionner les étalages plus souvent ces derniers jours. Il y a une sorte de pression sur les pâtes, le couscous et la farine, alors qu’ils sont disponibles et il n’y a pas de fêtes ou autres occasions du genre pour augmenter de manière significative la demande ».
Comme quoi, il faut absolument être sur le qui-vive et ne jamais baisser la garde. Les spéculateurs sont constamment à l’affût pour prendre ce temps d’avance qui se paie et qui coûte un sac d’argent, alors que l’on s’évertue à faire des économies.