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Les trois dettes

Editorial La Presse

Il est difficile, pénible, d’évoquer froidement l’histoire de la Palestine au moment même où une population civile, prise au piège, est pilonnée par les bombes israéliennes depuis plus de vingt jours. Mais essayons. La question palestinienne revêt une dimension Nord-Sud et une autre Orient-Occident qui passent malheureusement au second plan. Israël est situé au Proche-Orient, mais n’est pas oriental. Pour le pouvoir américain, français ou allemand, pour ne citer que ces exemples, c’est une enclave anglo-saxonne dans un monde sous-développé. C’est cette vision, poussée à l’extrême en période de forte crise, comme actuellement, qui autorise ces pays et bien d’autres encore à déshumaniser les Palestiniens et les priver de leurs droits. 

Sous le slogan « Israël a le droit de se défendre », tout est permis, tout est compréhensible. Outre le sentiment de culpabilité qui tenaille les Occidentaux, Israël, c’est l’un d’entre eux, et c’est comme ça qu’il est perçu.

Or, la Palestine n’a jamais été “terra nullius“, territoire sans maître comme disent les juristes. Lorsque des Juifs, peuple tout à fait respectable, faut-il le rappeler, sémite comme le sont les Arabes, ont commencé à émigrer en Palestine, cette terre était déjà peuplée.

Des familles, tous âges confondus, ont été expulsées de leurs maisons et de leurs terres, poussées par millions à l’exode forcé et vivent à ce jour dans des camps de réfugiés. Ceci est le fait générateur. Il est incontestable. Et malgré les erreurs historiques dont sont responsables Israël et ses alliés, les guerres contre les Palestiniens se poursuivent et se ressemblent. Et un nouvel exode forcé est envisagé. Nous sommes en présence d’un nettoyage ethnique et confessionnel en règle.

L’Occident ne mesure pas le séisme que son comportement, celui de ses médias et de ses politiques, provoque au sud de la Méditerranée, au Proche-Orient, voire en Asie et en Amérique latine. Les attitudes occidentales suscitent un ressentiment très fort qui crée des lignes de fracture et sert parfois de justification à des actes impardonnables et injustifiables.

Quant aux valeurs dites universelles, elles sont utilisées comme prétexte lorsque l’intérêt de l’Occident le justifie. Et uniquement dans ce cas. En attendant, la plupart des médias occidentaux ont adopté une attitude biaisée, partiale, alignée sur les positions d’Israël.

Au final, la Méditerranée ne sera une mer de paix et de concorde, de coopération et de coexistence que lorsque la question palestinienne sera durablement et justement réglée. Et pour rappel, l’Occident a une dette coloniale à notre égard. A laquelle s’ajoute désormais la dette climatique. Les premiers pays responsables du réchauffement climatique sont parmi les plus industrialisés.  Et comme les deux premières dettes, la dette palestinienne, depuis 1947, est imprescriptible.

>>Lire aussi: Massacre à Gaza : La Tunisie donne les motifs de son vote d’abstention sur la résolution onusienne

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