Une équipe de cardiologues rythmologues a posé un stimulateur cardiaque sur le cœur d’une patiente enceinte de douze semaines et qui souffrait d’une malformation cardiaque congénitale très complexe.
Une intervention médicale délicate a été réalisée, en fin de semaine, au service de cardiologie de l’hôpital de La Rabta. Une équipe médicale, composée de cardiologues rythmologues spécialisés dans le traitement des troubles cardiaques, a procédé à l’implantation d’un pacemaker sur une patiente souffrant d’une malformation cardiaque très particulière. Cette dernière — avant d’être prise en charge à l’hôpital de La Rabta — s’est présentée, à l’hôpital Habib Thameur pour une consultation médicale, lors de laquelle on lui a diagnostiqué une bradycardie extrême (rythme cardiaque trop lent) mettant en danger sa vie et celle de son bébé et nécessitant une intervention médicale urgente.
Elle a été directement transférée au service de cardiologie de l’hôpital de La Rabta où elle a été prise en charge par le staff du service qui a décidé d’intervenir rapidement afin de la mettre hors de danger, elle et son bébé. Cela fait deux ans que les médecins spécialistes en rythmologie cardiaque du service pratiquent ce type d’intervention, sauf que cette fois-ci l’opération s’avère être plus délicate et complexe, au vu des caractéristiques particulières que présente la patiente. Celle-ci est non seulement enceinte mais elle présente, par ailleurs, une malformation cardiaque complexe. « Nous sommes le seul hôpital qui pratique ce type d’ intervention, a expliqué la Pr Sana Ouali, cardiologue rythmologue interventionelle et enseignante universitaire. La patiente est enceinte et elle présente une malformation cardiaque complexe. Elle a le cœur droit à gauche et le cœur gauche à droite. C’est ce qu’on appelle une transposition des gros vaisseaux. Le défi était de sauver et la maman et le bébé. Il fallait faire une intervention urgente. Nous avons l’habitude de faire de la stimulation physiologique. Mais faire de la stimulation physiologique chez une femme enceinte de douze semaines souffrant de double discordance cardiaque constitue une première mondiale. Nous avons déjà procédé, il y a deux mois, à une implantation sur un garçon souffrant de la même cardiopathie. Mais nous n’étions pas dans le contexte de la grossesse. Il ne s’agit pas d’une intervention fréquente ».
L’opération a consisté à implanter un stimulateur du système de conduction particulier qui respecte la physiologie cardiaque par le biais d’une sonde introduite après avoir effectué une incision de cinq centimètres au niveau de l’épaule de la patiente. « Elle se plaignait d’une dyspnée d’effort et d’une oppression thoracique dues à la fois à la malformation cardiaque et à la bradycardie. Il fallait d’urgence poser un pacemaker pour lui éviter la mort subite. Si nous n’avions pas réalisé cette intervention, elle n’aurait pas pu poursuivre sa grossesse », ajoute le médecin rythmologue interventionnel. Aux dernières nouvelles, la patiente se porte bien.