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Esquisse | Fabuleux Ammar

 

C’est un artiste plasticien originaire de la localité de Dahmani, dans le gouvernorat du Kef, qui a bourlingué du faubourg ouest de la capitale en Orients moyen et extrême d’où il aurait pu ramener sagesse et beaucoup d’argent et qui est rentré au pays juste avec un grain de folie. Possédant dans son Sra Ouertane natal quelques arpents de terre en forme de dôme traversé à son sommet par un tunnel creusé dans la roche, il décide, en 2004, d’aménager dans ce trou perdu, situé à quelques centaines de mètres du site amazigho-romain d’Althiburos (Mdeina), un atelier-galerie d’art qu’il a baptisé la Grotte des Arts. On est fou ou on ne l’est pas !

Devant son chevalet installé à l’aplomb d’un puits de lumière qui ne lui apportait pas seulement l’éclairage naturel dont il a besoin dans cette contrée dépourvue de tout confort moderne, mais également l’inspiration de sujets puisés dans le tréfonds d’un imaginaire ancré dans les traditions millénaires de ce terroir du pays très profond, Ammar voyait par-delà la toile sur laquelle il baladait ses pinceaux le projet insensé d’aménager une « réserve culturelle naturelle » pour protéger les espèces menacées de disparition, celles des créateurs soumis à la pression des conformismes de tout acabit. Un espace de liberté pour imagination débridée.

L’accès à un monde magique

Ammar a entrepris de matérialiser cette chimère par petites touches, au gré des maigres recettes qu’il tirait de la vente de sa production. Des aménagements successifs ont permis de doter l’espace autour de la « Grotte » de commodités facilitant l’accès, la circulation et le séjour des visiteurs. Tout du fait-main et avec la collaboration de l’ânesse de Aziz, le berger du coin, qui ramenait obligeamment les matériaux nécessaires à cette entreprise. Reconnaissant, Ammar a décerné à la bête un satisfecit dont il accroche une copie sur les parois de sa galerie. Ainsi ont surgi des escaliers pour arpenter sans peine les pentes du «domaine», une réception, un restaurant et une modeste aile d’hébergement.

Mais se rendre dans cet espace, y circuler, s’y reposer, s’y restaurer et, éventuellement, y séjourner, pour quoi faire ? Pour rencontrer Lella Cherda et le mystère de sa métamorphose en colombe. Pour un pèlerinage au Puits de l’Amour, y célébrer l’idylle de Maysar et Markunda et boire de son eau si on est en quête de l’âme sœur. Et pour bien d’autres choses encore suspendues au-dessus de cet espace. Avec Ammar Belghith pour guide qui ouvre la voie d’accès à un monde magique dont on ne revient pas.

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