Tout a été dit et n’a servi à rien. Les bombes continuent de pilonner tous les jours Gaza. Les civils exposés au froid, à la faim et à la terreur, pris au piège dans une souricière, ne savent plus comment faire pour survivre ni où s’abriter. Les vivants, errant avec leurs enfants ou leurs cadavres entre les bras et de maigres ballots, comme des fantômes surgissant des entrailles de la terre. Des miraculés en sursis.
La guerre 2023 contre Gaza sera sans doute l’une des plus terribles des temps modernes. Pourtant, elle ne semble pas émouvoir ceux qui sont restés fixés sur le 7 octobre. Gouvernants et médias philosophant sur Israël, sur sa sécurité et les otages qu’il faut impérativement libérer.
Les autres, les plus de 10 mille morts et presque 30 mille blessés comptent pour si peu. Disons que ce n’est pas leur tasse de thé. On en parle, mais peu. C’est de l’ordre de l’insignifiant. La presse écrite, de gauche comme de droite, glisse au détour d’un grand dossier un petit papier avec une petite photo sur les « Gazaouis ». Ces anonymes qui meurent voilà tout ! Les mots sont choisis, le récit ficelé. Il dure depuis très longtemps. C’est le même.
Nous autres, les bledards du Sud, avons choisi nos médias arabes, avec leurs dizaines de correspondants sur le terrain, ils livrent en live la réalité telle qu’elle est, noire et terrible !
Les images des petits corps d’enfants sans vie sont déchirantes. Celles des blessés, enduits de boue et de poussière avec le sang qui dégouline, sont révoltantes, et ne peuvent susciter que colère et haine.
L’enfant palestinien de 2 ou 3 ans dont la tête a été sans doute touchée par des éclats d’obus, les cheveux arrachés et le visage boursouflé, qui se tapotait délicatement le visage avec un petit bout de tissu, restera le symbole de l’horreur de cette guerre, et rappelle à bien des égards la petite Vietnamienne Kim Phuc, courant nue, hurlant de douleur, après l’attaque au napalm dans le Sud-Viêt Nam, en 1967. Plus d’un demi-siècle après, l’horreur est la même, les auteurs n’ont pas vraiment changé non plus. A ce détail près, au cœur de leur citadelle, le cri est venu de l’intérieur. Les formidables manifestants qui battent le pavé nuit et jour, envahissant les rues des plus grandes capitales et criant « Free Palestine », ont révélé au grand jour le cynisme et la barbarie de ce monde dit civilisé, et ont fait parvenir la voix de ceux qui n’en ont pas.