Chroniques de la Byrsa: L’arbre qui ne cache pas une forêt

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Et pan sur le bec ! se seront peut-être dit certains de mes contempteurs. Dimanche dernier, la fête de l’Arbre a bien eu lieu. Même qu’un olivier et un figuier ont été plantés aux confins du désert, cependant que, par-ci par-là, des écoliers ont mis en terre des plantes d’espèces diverses. A Carthage Byrsa, pas loin de l’ambassade du Cameroun, sur un terrain plus ou moins vague (c’est-à-dire déjà visité en pareilles occasions antérieures pour le même rituel et néanmoins partiellement dédié par les administrés à recueillir les déchets ménagers), j’ai même vu de mes propres yeux des scouts installer un véritable petit camp pour « un chantier » au terme duquel ils ont planté trois ou quatre arbres ornementaux.

Tout cela, certes, sans flonflons, mais la célébration a bien eu lieu. Même que la ministre de l’Environnement, dans une déclaration antérieure à l’événement, avait annoncé que son département enrichirait le patrimoine forestier national de 12 millions de sujets. Un pour chaque citoyen de ce pays. Vu l’enthousiasme qui a entouré l’événement, on est en droit d’être pessimiste. J’irais même plus loin en affirmant que même s’il était planté 24 millions d’arbres, le véritable objectif ne serait pas atteint. Pourquoi ? Simplement parce qu’il ne serait pas inscrit dans la perspective de la durabilité, cette maîtresse notion qui, aujourd’hui, conditionne le véritable secret de toute nouvelle entreprise. Je m’explique.

Par l’enthousiasme contagieux, faire du citoyen le promoteur, le protecteur et le propagateur de cette cause vitale qu’est la sauvegarde de l’environnement

Les périmètres végétalisés, si vastes fussent-ils, sont exposés à des aléas que nous ne connaissons malheureusement que fort bien, certains naturels et d’autres d’origine criminelle. Au premier volet s’inscrivent les changements climatiques : sécheresse persistante comme celle qui pèse sur nous depuis quelques années déjà, incendies provoqués par la foudre, inondations catastrophiques et glissements de terrain, invasions de ravageurs, etc. Le volet criminel est le déboisement consécutif au commerce illégal du bois à destination des menuiseries, aux incendies provoqués pour dégager des terrains à des fins immobilières (comme à Dar Chichou, en 2011) ou encore à des fins subversives terroristes.

La durabilité dans les actions de reboisement ne peut être atteinte que si la population est étroitement associée à cette entreprise. Le citoyen n’est pas seulement impliqué dans la multiplication des espaces verts mais aussi converti en protecteur vigilant et permanent de ces espaces. A cette fin, il doit être sensibilisé à cette démarche par une action de conscientisation sur les enjeux vitaux de la sauvegarde de l’environnement naturel. Une éducation ininterrompue est requise à travers tous les supports possibles, partout, des écoles aux entreprises, par des actions exemplaires et spectaculaires, par des événements mobilisateurs. En un mot, par l’enthousiasme contagieux qui fait de ce citoyen le promoteur, le protecteur et le propagateur de cette cause vitale.

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