Conférence nationale, à Kairouan, sur l’économie circulaire : La donne climatique, un fer de lance

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Le souci majeur est celui du développement, où l’économie demeure un de ses premiers catalyseurs. Et là, l’économie circulaire se révèle au service du climat et du développement durable.

Depuis des semaines et des mois, les yeux sont rivés sur la Cop 28, attendue, cette année, à Dubaï, aux Emirats arabes unis, où le débat houleux sur le climat aurait donné, comme chaque année, matière à réflexion. Et encore des recommandations qui pourraient ne pas voir le jour. Car, les pays développés, soit les plus pollueurs, sont les moins respectueux de l’environnement.

A Nairobi, au Kenya, le sommet africain pour le climat qui s’est déroulé, début septembre dernier, avait, lui aussi, donné un avant-goût d’un évènement planétaire mobilisateur de tous les Etats et gouvernements du monde entier. Dans le même sillage, il y a eu, certes, d’autres rencontres similaires engagées sur la même cause.

L’Apnek et l’Adl, pour la même cause

En Tunisie, la société civile nationale, elle aussi, s’est alignée sur le contenu et les objectifs escomptés, en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre (Ges) et du financement des projets d’atténuation et d’adaptation aux aléas du climat. Convaincue de l’ampleur de ce défi, la société civile kairounaise s’est mêlée à ce grand débat climatique. L’Association de la protection de la nature et de l’environnement de Kairouan (Apnek) et celle de la Démocratie locale, toutes deux basées dans la région, sont entrées en scène, faisant du climat leur cheval de bataille. A leur initiative, se tient, hier et aujourd’hui, à Kairouan, une conférence nationale sur le thème «L’économie circulaire au service du climat et du développement durable», en partenariat avec la GIZ-Tunisie, par le biais du projet «Protection du climat à travers l’économie circulaire en Tunisie» (Protec T), le Raed, le Gndr et Pacia, un réseau d’acteurs spécialisés dans l’environnement.

Les travaux auxquels ont pris part climatologues, écologistes et des Ong activistes œuvrant en matière d’environnement, venues de plusieurs régions du pays, auraient, certes, puisé dans le sens de la prochaine Cop de Dubai, manifestant ainsi une ferme détermination dans le processus de lutte contre le changement climatique (CC) et ses retombées chaotiques. En bref mot d’ouverture, le président de l’Apnek, Youssef Nouri, universitaire et membre actif dans la société civile, a fait valoir le rôle de l’économie circulaire, en tant qu’alternative nécessaire à l’économie linéaire abusive, à laquelle on impute la responsabilité des rejets industriels. L’économie classique n’a pas les moyens de son développement durable. Loin s’en faut.

Le grand défi n’est plus uniquement climatique

Dans le même prolongement d’idées, Mohamed Zmerli, point focal national sur les changements climatiques au ministère de l’Environnement, a affirmé que le grand défi d’aujourd’hui n’est plus uniquement climatique et naturel, il revêt plutôt d’autres dimensions sociales, économiques et même politiques. Car, c’est la volonté politique qui aurait, finalement, décidé de la mise en pratique de toutes les recommandations et propositions avancées à cet effet. Donc, à l’en croire, le souci majeur est celui du développement, où l’économie demeure un de ses premiers catalyseurs. Et là, l’économie circulaire se révèle au service du climat et du développement durable.

Le changement climatique n’est pas uniquement un défi africain, mais plutôt un enjeu universel, puisqu’aucun coin du globe n’est épargné par ses effets ravageurs. Ses impacts s’annoncent, alors, apocalyptiques, pesant lourd sur nos systèmes économiques et touchant, forcément, nos modes de production et de consommation. Et là, l’on se demande quelles alternatives va-t-on adopter pour mieux gérer cette nouvelle donne environnementale. Alors, que faire, économiquement parlant, pour être dans l’air du temps ? Surtout que ce nouveau climat si rude et capricieux a commencé à nous imposer son diktat. «Déjà, il est en train de remodeler les économies et d’avoir un impact sur les vies et les moyens de subsistance et que nous devons intégrer les considérations climatiques dans la planification de l’économie et du développement sur des voies à faibles émissions (Ges)», décrit la note de présentation de ladite conférence. Autant dire, l’impératif de s’y adapter, si l’on veut évoluer dans son milieu naturel.  Cela signifie également que l’on doit composer avec la nouvelle optique économique «zéro rejets» qui tient fort à la logique écologique. Ainsi, la revalorisation du produit utilisé pour créer la valeur ajoutée et générer de nouvelles potentialités professionnelles rentre bel et bien dans le cadre de l’économie circulaire. L’objectif étant d’aboutir à «un développement sobre en carbone, résilient au changement climatique et inclusif…», comme il a déjà été recommandé, au terme du dernier sommet africain sur le climat à Nairobi. Ce modèle circulaire nous ferait, certes, autant d’économies et gagnerait, de la sorte, à changer les mentalités. «Développer, mais il ne le fera pas de la même manière que nous l’avons fait en termes d’intensité de carbone», déclarait, lors du sommet de Nairobi, Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat.

Entrepreneuriat vert et les 3 R

Par ailleurs, l’entrepreneuriat vert tient aussi à un esprit «vert» qui croit dur comme fer à toute initiative privée saine et propre. En fait, l’on peut dire, alors, que tout plan de développement social et économique devrait intégrer la donne climatique et faire en sorte de réussir sa transition écologique, ne serait-ce que pour maintenir la température de réchauffement à 1,5°C et respecter les engagements pris suite à l’Accord de Paris. «L’on vise également à atténuer les émissions de gaz à effet de serre de la Tunisie à 45% d’ici 2030, et ce, par rapport à son niveau atteint en 2010», ainsi projette la Contribution déterminée nationale (CDN), actualisée au fur et à mesure.  Tout compte fait, l’économie circulaire repose sur la réduction des déchets, la réutilisation des matériaux et le recyclage des produits pour créer un système en boucle fermée. Parlons-en ainsi, elle obéit, systématiquement, au principe des «3 R», à savoir, récupérer, recycler, réutiliser. Et pour s’inscrire dans la durée, on est appelé à recentrer le débat national climatique sur les nouveaux enjeux écologiques et du développement économique. L’atténuation des émissions et l’adaptation de nos actions aux impacts du climat sont, désormais, deux maîtres-mots. Faute de mieux, la guerre du climat ne serait jamais gagnée.

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