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La transformation numérique en Tunisie : Un potentiel sous-exploité

 

La Tunisie se prépare à une transformation numérique d’envergure, mais son potentiel demeure inexploité. Bien que le pays se classe en tête de liste en Afrique dans de nombreux domaines numériques, la réalité sur le terrain laisse les citoyens et les entreprises désireux de plus.

La Tunisie, située au carrefour de l’Afrique et de l’Europe, est sur le point de réaliser des avancées significatives dans le domaine de la transformation numérique. Pourtant, malgré son classement élevé en Afrique dans de nombreux domaines liés au numérique, un sentiment de frustration persiste quant à l’exploitation complète de son potentiel. La pénétration des infrastructures numériques a été notable, mais l’expérience des citoyens et des entreprises en matière d’utilisation des technologies numériques laisse à désirer.

Voilà en quelques mots le constat dressé par Kais Mejri, directeur général de l’AFI (Agence foncière industrielle), lors de sa participation à un panel sur “L’infrastructure et l’accès aux technologies comme condition préalable à la transformation digitale”, organisé récemment à Hammamet. 

Le temps, le maître des mots…

Dans ce même cadre, Mejri a ajouté que les statistiques du Global Innovation Index montrent clairement la situation. Ce dernier distingue entre les «indicateurs d’input» (potentiel) et les «indicateurs d’output» (exploitation). “La Tunisie se place bien en termes de potentiel, avec un système éducatif solide, des ressources humaines qualifiées et des infrastructures en développement. Cependant, en ce qui concerne l’exploitation effective de ces atouts pour stimuler la croissance économique, des défis subsistent. Alors que les pays développés attribuent en moyenne 25% de leur croissance économique au numérique, la Tunisie se situe entre 7 et 10%”, a-t-il souligné.

Sur un autre plan, il a indiqué que la question du temps revêt une importance cruciale dans cette ère de transition numérique. Le numérique a accéléré le tempo des révolutions économiques, politiques, climatiques et démographiques en cours dans le monde. En Tunisie, le défi majeur consiste à s’adapter au rythme effréné de ces évolutions.

“L’horloge tourne rapidement dans l’ère de la transition numérique, où le numérique catalyse un nouveau monde en gestation, qu’il s’agisse de transitions politiques, climatiques, démographiques, énergétiques ou autres. Le temps est devenu une monnaie précieuse dans cette économie en mutation”, a-t-il encore affirmé.

Trois facteurs clés

Pour réussir cette transition, trois facteurs clés doivent être pris en compte. Tout d’abord, la gouvernance numérique doit être renforcée. Dans ce cadre, le cadre juridique doit être mis à jour et adapté aux avancées technologiques puisque les textes législatifs actuels ne sont plus à la hauteur des besoins du secteur numérique, notamment en ce qui concerne l’exploitation des données et l’intelligence artificielle. Il est essentiel donc d’élaborer des lois qui suivent le rythme du progrès technologique.

Ensuite, l’infrastructure doit être développée rapidement. La Tunisie a déjà lancé des projets, tels que le haut débit, la connexion par satellite et le cloud national, mais leur mise en œuvre doit être accélérée. Il est nécessaire à cet effet de garantir une capacité de calcul, de stockage et de gestion des données adéquate pour créer une économie tirée par les données.

Enfin, le troisième pilier est le talent. La Tunisie est renommée pour ses compétences dans le domaine numérique, mais elle perd de nombreux talents en raison du manque d’opportunités et de motivations insuffisantes. Il est essentiel de développer les compétences numériques, de promouvoir la culture numérique et de mettre en place des politiques visant à retenir les talents locaux. Les entreprises et le secteur public doivent travailler ensemble pour offrir des opportunités attrayantes aux jeunes talents et les inciter à rester en Tunisie.

Pour réaliser pleinement son potentiel dans le domaine de la transformation numérique, Kais Mejri a affirmé que la Tunisie doit s’atteler à ces trois priorités : améliorer la gouvernance numérique, développer rapidement son infrastructure et investir dans le développement et la rétention des talents. “En créant un écosystème numérique dynamique et en alignant ses efforts sur une vision commune, la Tunisie peut assurer une croissance économique durable et jouer un rôle de leader dans la région”.

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