Accueil Editorial Plus de maison où s’abriter mais une terre où planter l’olivier

Plus de maison où s’abriter mais une terre où planter l’olivier

Editorial La Presse

Un souffle presque de soulagement. L’aide humanitaire commence à s’acheminer vers Gaza la sinistrée. Quoique, et selon le Croissant-Rouge, le quota fixé par les Israéliens reste très en deçà de la demande. 200 camions par jour, c’est trop peu pour répondre aux besoins de plus de 2 millions de personnes privées de tout pendant 50 jours.

Des civils israéliens, otages, détenus par Hamas ont été libérés. Ils sont en train de « revenir à la maison ». Leur état de santé semble rassurant. Un deuxième souffle de soulagement.

Des prisonniers palestiniens, certains d’entre eux incarcérés très jeunes, sont en train d’émerger des geôles israéliennes vers la lumière. Un troisième souffle de soulagement. On respire presque un grand coup !

Quid de la réalité du terrain ? Commençons par ceux épargnés par les bombes. Ceux qui reviennent sur leurs pas du sud vers le nord de Gaza. Stupeur et tremblements ! Plus de 50% des bâtiments sont entièrement rasés ou sérieusement endommagés. Inhabitables. Les plus de 1 million de déplacés palestiniens sont empêchés, eux, de « revenir à la maison ». Ils n’ont plus de logis où s’abriter. En revanche, ils ont une terre, quitte à y vivre sous les tentes.

Les victimes ? Plus de 15 mille morts, hommes femmes, enfants, bébés. Sans parler des disparus gisant sous les gravats, sans parler des blessés graves, de tout âge, dont la vie ne tient plus qu’à un fil. Les enfants ? Plus de 6 mille tués par Israël.

Le récit ? Le père qui porte les corps de ses enfants déchiquetés dans des sacs en plastique. La mère levant les bras au ciel et hurlant de douleur : « Mes enfants sont morts le ventre vide ». Les noms des enfants estampillés au feutre, sur leurs bras et jambes, pour les reconnaître après leur mort. Le petit garçon à la tête gonflée qui se tapote le visage. L’enfant au regard hagard, aux yeux creux par la terreur, tremblotant de la tête aux pieds. Le bébé au visage tout rond éclaboussé par des éclats d’obus, interrogeant l’humanité par le regard ? La petite fille qui crie, devant un cadavre : « C’est ma mère, je la reconnais par ses cheveux ». L’enfant, dont la jambe amputée sans anesthésie, mort de douleur.

Des récits, il y en a par milliers. Chaque victime est une histoire qui ne sera certainement pas oubliée par les protagonistes eux-mêmes et par l’humanité qui a enfin ouvert les yeux sur une tragédie qui s’appelle Palestine. Pour les autres, toujours à l’affût de la moindre déclaration de solidarité avec les Palestiniens. Blacklistant un mannequin par-ci, déprogrammant une actrice par-là. Outre la médiocrité de la posture, leur déchéance morale est totale et définitive.

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