Charles Baudelaire avait dit : «Souviens-toi que le temps est un joueur avide. Qui gagne sans tricher à tout coup ? C’est la loi !»
Que dire de cette affaire qui a jailli à la figure de bien des « responsables » au moment où on s’y attendait le moins ? Les réseaux sociaux se sont emparés de l’affaire et chacun y allant de ses commentaires avec des réactions qui laissent filtrer des relents de vengeance qui nous éloignent du sport.
L’affaire remonte à 2022. La Fédération de football a, paraît-il, fait participer au championnat d’Afrique du Nord des joueurs appartenant à diverses sélections au nom d’une école de Sfax à une compétition internationale. Cette équipe, qui ne porte que le nom de l’établissement scolaire, s’est classée première et a gagné la bagatelle de cent soixante quinze mille dollars.
Quelle mouche a piqué la première fédération du pays à traficoter (si la justice confirme les faits) cette participation ? Dans quel but ? Pour remporter un «titre» ? Le jeu en valait-il la chandelle maintenant que la crédibilité de tout le sport d’un pays est mise en cause ?
Cet argent a-t-il été versé ? A qui ? L’affaire est entre les mains de la justice et, bien entendu, nous n’avons pas à commenter les tenants et les aboutissants de cette «affaire».
Ce qui nous intéresse néanmoins, c’est bien le fait d’avoir tenu par la main des gamins pour les mener sur le chemin de la triche. Et comme le hasard a voulu bien faire les choses, ces équipes ont gagné. Et de grosses sommes. Comme quoi «il n’est pas interdit de voler, mais à condition de ne pas se faite attraper».
Ces gamins, à combien de personnes ont-ils raconté cette éventuelle manipulation et qu’ont-ils éprouvé en endossant le maillot qui n’est pas le leur ? Comment ont-ils expliqué ce tour de main à leurs camarades, à leurs parents, à leurs proches ?
Nous pourrions continuer à poser à l’infini ces questions, qui même si on leur trouvait des réponses (lesquelles, comment ?) n’en constituent pas moins une honte, une grave écorchure à l’éthique sportive. Si l’on peut encore parler de sport, bien entendu. Souvenons-nous de nos commentaires, lorsque nos jeunes allaient disputer des matchs contre des équipes subsahariennes et que nous avions découvert que les dates de naissance étaient falsifiées.
Comme signalé plus haut, la justice a en main ce grave dossier, mais ce qui est réellement à regretter c’est que personne n’a élevé la voix pour rappeler qu’il s’agit de sport. Une activité qui est censée être un moyen d’éducation pour les jeunes. Une école de vie où l’on apprend le respect, la droiture et la loyauté.
En trahissant ces principes, on se rend coupable de forfaiture vis-à-vis de la mission d’éducateur qu’exerce tout dirigeant, tout entraîneur dans un milieu où les difficultés de la vie poussent souvent vers des dépassements interdits et auxquels l’homme, en tant que tel, résiste pour éviter de perdre son âme.
Pour un malheureux «titre» suspect, on aurait donné le mauvais exemple à des enfants qui ne manqueront pas d’être la risée de leurs camarades maintenant que le pot aux roses a été découvert.
Où allons-nous ?