Des maladies cardiovasculaires, poumons cancéreux, peau pâle, cheveux fragilisés, fertilité diminuée, dentition touchée… et encore beaucoup d’autres impacts négatifs pouvant nuire à la santé… Et pourtant, on continue toujours à fumer jusqu’à devenir accro ! Un geste qui n’est pas sain, mais qu’on adopte au quotidien, afin de pouvoir s’imposer dans la société…
Tout le monde sait que le tabac a des impacts très nocifs sur la santé. Les fumeurs et fumeuses courent le risque d’avoir de nombreuses maladies graves voire mortelles. Ces risques sont connus, et on est conscient des effets de la consommation du tabac, mais, malgré tout, on continue toujours à fumer.
Pourquoi fumer ?
Qu’est-ce qui nous pousse à fumer et pourquoi n’arrive-t-on pas à se débarrasser de cette mauvaise habitude et de ce geste d’addiction ? Nous avons posé la question à nos deux spécialistes, Atef Labbadi, psychologue, et Mme Eya Ben Mansour, chercheuse en sociologie, qui nous ont expliqué les raisons profondes derrière «ce comportement» dangereux, notamment chez les femmes.
Le spécialiste en psychologie note, tout d’abord, que le nombre de femmes fumeuses (jeunes et adultes) a beaucoup augmenté ces toutes dernières années. «C’est un fléau qui prend de plus en plus de l’ampleur, car la cigarette joue, entre autres, le rôle d’un antidépresseur. Ainsi s’explique cette addiction au tabac, d’autant plus que la société a encore une vision très masculine du tabac. En copiant ce geste, réservé jadis aux hommes, la femme essaye, alors, de le concurrencer et de prouver de la sorte son existence, sa place dans la société : il y a une concurrence à l’aspect phallique, la femme imite l’homme pour le concurrencer», explique-t-il. Et de renchérir qu’il y a, dès lors, un problème qui surgit: c’est le tabac qui crée une sorte d’addiction liée évidemment à la nicotine, mais aussi à ce geste qui reflète, entre autres, un état de dépression, d’anxiété et de mal-être». Labbadi est allé encore loin, précisant que ce fléau est lié aussi au manque d’encadrement, de contrôle parental et à l’influence du groupe qui incite les jeunes et les femmes à tenter la première cigarette. «Tenir une cigarette dans la main est un geste qui rentre dans les habitudes de l’être humain et devient de la sorte un rite, d’autant plus que cette habitude, elle-même, devient un facilitateur social, car la cigarette “aide” à rentrer en relation et à s’intégrer dans un groupe».
Comment changer le comportement?
Pour endiguer ce phénomène néfaste pour la santé de l’homme et même pour l’environnement, notre spécialiste insiste tout de même sur le fait d’instaurer une stratégie de sensibilisation visant à aider les fumeurs et fumeuses à bannir ce geste de leur habitude et à changer leur comportement, et ce, à travers des campagnes publicitaires et des spots de sensibilisation dans les radios, télévisions… et à organiser des actions de conscientisation dans les écoles, collèges et lycées, ainsi que l’interdiction du tabagisme dans les espaces publics. Certes, il y a une loi y afférente, mais elle n’a jamais été appliquée. Et les parents doivent, eux aussi, jouer leur rôle en tant que contrôleurs et sensibilisateurs. Pour notre sociologue Eya Ben Mansour, le tabagisme est considéré comme une habitude, par laquelle l’être humain exprime sa personnalité et façonne une image de soi dans la société. Et c’est le même cas tant pour l’homme que pour la femme. Sauf que, le regard que pose la société «conservatrice» sur la femme fumeuse, notamment dans les espaces publics, n’est pas le même que celui de l’homme. Et là, Mme Ben Mansour partage la même idée de M. Labbadi. Elle précise que le tabagisme féminin, soit l’addiction à ce geste, est lié à des facteurs psycho-sociaux qui expliquent ce comportement : l’homme, par exemple, se permet de fumer dans les espaces publics pour prouver sa virilité et sa masculinité. Mais si la femme tente d’imiter ce geste «masculin», elle pourra être stigmatisée et exclue, puisqu’elle devrait se conformer à un modèle sociétal et une culture d’une société conservatrice. Et dans ce cas d’espèce, pour une femme, fumer c’est franchir le cadre normatif de la société.