Accueil A la une S.E. Takeshi OSUGA, Ambassadeur du Japon en Tunisie, à La Presse : «La Tunisie est une vitrine qui permet d’assurer le suivi de la Ticad»

S.E. Takeshi OSUGA, Ambassadeur du Japon en Tunisie, à La Presse : «La Tunisie est une vitrine qui permet d’assurer le suivi de la Ticad»

 

L’année dernière, le rideau est tombé sur la huitième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement en Afrique (Ticad 8) avec l’adoption de la Déclaration de Tunis et d’un plan d’action visant à multiplier et à intensifier les investissements privés en Afrique. Une feuille de route a été conçue visant à ouvrir de nouveaux horizons entre le Japon et le continent africain, dans le cadre d’un partenariat d’exception. A la lumière de ces avancées, S.E. Takeshi Osuga, ambassadeur du Japon en Tunisie, nous donne de plus amples informations sur le bilan de la Ticad 8. Interview.

Pourquoi avoir choisi la Tunisie pour abriter la Ticad-8 ?

La Tunisie est le deuxième pays africain qui a accueilli le Sommet de la Ticad après le Kenya en 2016. Quand j’étais directeur général pour l’Afrique au ministère des Affaires étrangères de 2017 à 2018, j’avais préconisé à mes collègues de considérer la Tunisie comme l’un des meilleurs candidats pour abriter la Ticad-8 en 2023. Pour moi, c’était un choix naturel, étant donné la capacité de la Tunisie d’accueillir les grandes conférences internationales ainsi que l’hospitalité tunisienne de premier plan envers les visiteurs étrangers. En outre, la Tunisie jouit d’une position géographique privilégiée qui lui permet de jouer un rôle d’intermédiaire entre les pays industrialisés et les pays africains, grâce aussi et surtout à ses ressources humaines qualifiées. Il existe un potentiel considérable pour développer la coopération triangulaire Japon-Tunisie-Afrique.

J’ai été très heureux de voir la Tunisie manifester, dès 2017, son intérêt pour accueillir la Ticad 8. Sa candidature a obtenu le soutien unanime des coorganisateurs de la Ticad, à savoir les Nations unies, le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la Banque mondiale et la Commission de l’Union africaine, et la décision de désigner la Tunisie en tant que pays hôte de la Ticad 8 a été annoncée le 16 juillet 2020.

La Ticad-8 représente un accord primordial pour approfondir la coopération bilatérale tuniso-japonaise. Quels sont les axes de cette coopération ?

Avant de parler de la coopération bilatérale entre nos deux pays, je voudrais souligner le caractère multilatéral, ouvert et inclusif de la Ticad. «I» dans la Ticad est «International». On garde le «T» pour Tokyo uniquement en souvenir de la ville où les premières Ticad ont eu lieu. Contrairement aux autres forums de partenariat avec l’Afrique, «Tokyo International Conference on Africain Development» est multilatéral, organisé conjointement avec les organisations internationales depuis sa création en 1993.

Alors, quels sont les «pôles primordiaux» de la Ticad ? Ils sont clairement inscrits dans le texte de la Déclaration de Tunis adoptée par les Chefs d’Etat et de gouvernement et les délégations qui ont participé à la Ticad 8 en août 2023. La coopération internationale pour le développement de l’Afrique se fonde sur «les principes directeurs de l’appropriation par l’Afrique et le partenariat international, d’inclusivité et d’ouverture». En outre, «la Ticad 8 a reconnu la valeur fondamentale d’un multilatéralisme cohérent, plus ouvert, transparent et inclusif», et que «le cœur de l’ordre international est le droit international, y compris la Charte des Nations unies, et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de tous les pays»

Revenant sur la relation bilatérale, je suis convaincu que la Tunisie et le Japon sont les partenaires matures et responsables qui partagent pleinement les principes et valeurs que je viens de citer. Sur cette base, nous pourrons et devrons « travailler ensemble pour maintenir la paix et la stabilité internationales » comme indiqué dans la Déclaration de Tunis, et aussi pour résoudre les problèmes communs à la communauté internationale, y compris le développement du continent africain.

Dans le cadre de ce partenariat, quelles sont les activités réalisées par la Ticad-8 ?

La Ticad a toujours mis l’accent sur l’importance des investissements du secteur privé, comme étant essentiels pour la croissance économique et le développement inclusif et durable de l’Afrique. En même temps, la Ticad 8, tenue à l’issue de trois ans de pandémie de Covid-19, a rappelé l’importance du concept de sécurité humaine et la nécessité d’investir dans le peuple.

La Tunisie est une vitrine pour voir comment le processus de la Ticad est en train d’être suivi. Du côté de la sécurité humaine et l’investissement dans le peuple, au moment de la Ticad 8, le Premier ministre Kishida Fumio a annoncé, pendant la réunion en ligne avec le Président Kaïs Saïed, un nouveau prêt concessionnel en yen qui correspond à environ 233 millions de dinars pour soutenir le programme de sécurité sociale «Amen Social». La première tranche de ce prêt a été décaissée au mois de juin 2023. En outre, un accord bilatéral de coopération technique a été signé au moment de la Ticad 8 et entré en vigueur en janvier 2023. Sur la base de cet accord, cinq projets de coopération et de formation technique par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) sont actuellement en train de démarrer. Ce serait un important investissement pour renforcer la capacité des ressources humaines en Tunisie.

Quant au volet de la promotion d’investissement dans le secteur privé, à l’occasion du Forum d’affaires de la Ticad 8, 92 mémorandums ont été signés au total dont six avec la Tunisie. Nous commençons à récolter quelques fruits tels que la réalisation d’une joint-venture dans le domaine médical et pharmaceutique «Nippon Med», inaugurée au mois de septembre de cette année, suivie de l’installation d’une nouvelle usine de l’entreprise YKK, numéro un mondial dans la fabrication de fermetures éclair, au gouvernorat de Monastir au mois d’octobre.

Pour améliorer l’environnement des affaires et inciter l’investissement direct, domestique ou étranger, les infrastructures de qualité sont indispensables. La coopération de longue date entre le Japon et la Tunisie dans le domaine de l’infrastructure a donné lieu à des réalisations importantes, telles que le pont de Radès-La Goulette, l’autoroute transmaghrébine Gabès-Médenine, la station de dessalement de l’eau de mer à Sfax, etc. Au moment de la Ticad 8, la nouvelle centrale électrique de Radès a été inaugurée en présence de hauts responsables japonais et tunisiens ainsi que l’illumination du Pont de Radès-La Goulette a vu le jour.

Certes, ces infrastructures physiques sont indispensables, mais d’autres conditions devront également être remplies. Nous sommes en train de discuter en vue de conclure les accords bilatéraux pour l’investissement et pour la non-double imposition, qui constituent une base juridique importante pour la promotion des investissements en Tunisie. En outre, la stabilité macroéconomique, y compris la gestion saine et prévisible de la dette, ainsi que la stabilité sociale sont des facteurs indispensables pour favoriser les investissements privés dans n’importe quel pays. Nous encourageons et soutenons les efforts du gouvernement tunisien de mettre en œuvre ses réformes pour stabiliser son économie.

 

Le Japon a toujours été pionnier, est ce que le Japon va continuer à soutenir la Tunisie ?

Le Japon a développé une méthode d’amélioration continue de production et de gestion qui s’appelle «Kaizen», au cours de sa croissance économique rapide jusqu’à dans les années 80, menée surtout par le secteur manufacturier, y compris la production d’automobiles. Il est considéré comme l’une des clés de l’évolution de la productivité au Japon pendant ces années-là et de la haute qualité des produits japonais.

La Jica a alors introduit la méthode Kaizen dans ses programmes de coopération technique avec les pays en voie de développement, et en Tunisie depuis 2006 en coopération avec le ministère de l’Industrie. Aujourd’hui, cette méthode est en train de se répandre dans d’ autres secteurs en Tunisie, tels que, par exemple, dans les hôpitaux. En outre, la Tunisie a déjà acquis un niveau très élevé dans ce domaine et a commencé de contribuer à la formation des experts venant d’autres pays. Cette année, avec l’appui du PAM (Programme alimentaire mondial), le ministère de l’Industrie tunisien a accueilli une centaine de Libyens pour une formation en Kaizen menée par des formateurs tunisiens. Je suis extrêmement content de voir que la Tunisie est devenue ainsi un pôle d’excellence pour promouvoir cette méthode d’origine japonaise.

 

Quelle lecture faites-vous de la situation économique de la Tunisie en 2023 ?

Chaque jour, je suis de très près toutes les annonces, publications officielles, y compris les chiffres, sur les questions économiques, ainsi que la couverture médiatique sur ces questions. Par ailleurs, je discute régulièrement avec les économistes tunisiens et étrangers. Les avis sont partagés quant à l’évaluation des chiffres, y compris ceux révisés chaque jour par la Banque centrale de Tunisie ou ceux inscrits dans la loi de finances rectifiée 2023 et la loi de finances 2024.

Comme je ne suis pas dans la position d’obtenir les informations de première main, il vaut mieux que je m’abstienne de tout commentaire. Je voudrais dire, quand même, qu’en dehors des explications officielles par les autorités tunisiennes compétentes en ces matières, je suis enclin à croire les analyses faites par les organisations internationales spécialisées dans le domaine de l’économie et du développement, telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, la Banque africaine de développement ou le Programme des Nations unies pour le développement. Le Japon, comme la Tunisie, est un membre responsable de ces organisations multilatérales.

Pour autant que je sache, le document analytique le plus récent publié par ces institutions est celui de la Banque mondiale intitulé : Tunisie bulletin de conjoncture économique, édition automne 2023. Je pense qu’il donne un bon résumé analytique de la situation économique en Tunisie en 2023, selon lequel les «termes de l’échange favorables et la reprise du tourisme ont réduit le déficit du compte courant, mais les besoins de financement extérieur restent importants tandis que le financement extérieur a diminué» et les «pénuries de produits de base se sont poursuivies, en partie générées par le système de subventions et la baisse de la production agricole, qui ont également accru la dette des entreprises publiques commercialisant les biens importés subventionnés».

Je pense qu’il y a la nécessité croissante d’une discussion transparente et objective, en se basant sur l’état actuel des chiffres concernant l’économie tunisienne et les mesures pour rectifier la situation. A cet égard, je me félicite que les médias tunisiens, y compris La Presse, multiplient ces derniers mois les articles sur ces questions d’une manière objective et non politisée. 

Quelle est votre objection de la position actuelle sur le recours de la Tunisie au FMI ?

Le même rapport de la Banque mondiale signale que les «perspectives de croissance dépendent fortement de l’évolution de la sécheresse et des conditions de financement extérieur» pour 2024.

Le FMI est une organisation financière internationale spécialisée dans la tâche de garantir la stabilité financière et dans la coopération monétaire à l’échelle mondiale pour assurer la croissance et la prospérité durables de l’ensemble de ses 190 pays membres, y compris la Tunisie.

Comme les autres organisations internationales, le FMI pourrait suggérer différentes solutions, politiques et mesures, mais n’est pas dans la position d’imposer quelque choses à ses membres. Je peux aussi dire qu’en général, la souveraineté nationale, aussi bien sur la scène politique qu’économique, sera mieux respectée et protégée dans le cadre multilatéral que dans les échanges bilatéraux.

Selon la loi de finances 2024, le budget d’État tunisien nécessitera de trouver un financement extérieur de plus de 10 milliards de dinars à titre de crédits d’appui au budget. Comme l’indique le rapport de la Banque mondiale en 2023, «le gouvernement s’est de plus en plus appuyé sur l’emprunt intérieur» qui a créé «un effet d’éviction du crédit au secteur privé», ce qui nuirait à la croissance tirée par le secteur privé, le thème majeur du processus de la Ticad.

La Tunisie a l’entière liberté de décider de coopérer ou pas avec le FMI. C’est à la Tunisie de décider le rythme approprié de ses propres réformes. Mais, je souhaite que les discussions se poursuivent entre la Tunisie et le FMI pour aboutir à des résultats favorables à la Tunisie afin de faciliter les réformes nécessaires pour réaliser la stabilité macroéconomique et relancer ainsi l’économie tunisienne. Le Japon est prêt à soutenir les efforts du Gouvernement tunisien à cet égard, fidèle au principe directeur de la Ticad : «L’appropriation par l’Afrique et le partenariat international».

Le Covid-19, l’invasion russe contre l’Ukraine et les effets néfastes des changements climatiques ont touché sévèrement la stabilité socioéconomique de beaucoup de pays africain, dont la Tunisie, comme souligné dans la Déclaration de Tunis de la Ticad-8. Mais, je suis convaincu que la Tunisie et le peuple tunisien surmonteront avec résilience les difficultés économiques et financières, tout en maintenant la stabilité sociale et la crédibilité auprès du marché financier international, que ce pays a acquis au fil des années depuis son indépendance. En fin de compte, cette crédibilité internationale est la clé la plus importante pour inciter les investissements directs étrangers qui sont indispensables pour relancer l’économie tunisienne vers la voie de la croissance.

Pourquoi votre intérêt pour l’Afrique ?

En tant qu’ancien directeur générale pour l’Afrique, c’est impossible pour moi de répondre à votre question dans une phrase ou deux. Donc, je me permets de me référer à ce que le Premier ministre Kishida a dit dans son message publié sur La Presse, le 26 août 2022, à la veille de l’ouverture de la Ticad 8. Je cite : Après la fin de la guerre froide, alors que l’intérêt des pays développés pour soutenir l’Afrique diminuait, le Japon a lancé la Ticad en soulignant de nouveau l’importance du développement de l’Afrique. Sa caractéristique est l’esprit de soutien et de coopération au développement autonome de l’Afrique sur un pied d’égalité.

L’Afrique, qui devrait connaître une croissance démographique centrée sur les jeunes, est désormais un «trésor de possibilités». Le Japon fera tout son possible pour parvenir à un développement durable mené par l’Afrique elle-même.

D’après vous, est ce que la culture est le premier pont pour renforcer l’économie tunisienne ?

Tout d’abord, je profite de cette occasion pour féliciter le classement de l’île de Djerba comme patrimoine mondial de l’Unesco. A mon avis, le Japon, comme la Tunisie, est doté d’une très longue histoire riche en patrimoine culturel. La compréhension mutuelle de la culture de l’autre devrait être la base de tous les échanges internationaux, qu’il s’agisse de commerce, d’investissement ou d’échanges humains. La Tunisie est connue au Japon surtout par son histoire ancienne d’époque de Carthage et les guerres puniques. La plupart des Japonais, au moins de mon âge, ont appris le grand bond en avant du héros Hannibal contre les Romains. En revanche, j’ai remarqué l’intérêt des jeunes Tunisiens pour la culture japonaise, notamment les mangas, les arts martiaux et la langue japonaise. Cela m’a beaucoup impressionné depuis mon arrivée en Tunisie il y a un an. La culture est le premier pont pour s’approcher de l’autre et s’ouvrir vers plus d’échanges et de découvertes.

Notre Ambassade organise des événements culturels et sportifs durant l’année. Je cite, à titre d’exemple, la coupe de l’Ambassadeur pour le judo qui s’est tenue le 15 octobre en présence d’un judoka japonais de 8e dan du Kodokan. Ainsi, le Prix du ministre des Affaires étrangères du Japon a récemment été décerné à la Fédération tunisienne de judo pour sa contribution au renforcement de l’amitié entre nos deux pays par le biais de la promotion de la culture japonaise. Également, la coupe de l’Ambassadeur du Japon pour le Kendo, un autre art martial japonais qui utilise une épée en bambou, sera organisée le 17 décembre à Tunis.

Quel est votre avis sur le secteur touristique tunisien ?

Le tourisme est un secteur important pour la Tunisie en tant que source de revenu en devises. Il est aussi important pour promouvoir la compréhension mutuelle entre les peuples. Avant 2011, le nombre de touristes japonais qui visitaient la Tunisie était d’environ 12 mille par an, mais ce nombre a diminué après la révolution, et surtout après l’horrible attaque terroriste au musée du Bardo en 2015 où trois touristes japonaises ont été tuées. Le Covid-19 a donné un coup sévère à l’industrie touristique partout dans le monde. Aujourd’hui, on commence à voir le retour progressif des touristes japonais en Tunisie, mais pas encore au niveau d’avant la révolution.

Le 5 décembre, un haut responsable japonais chargé de la coopération internationale pour la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée a visité la Tunisie pour participer au troisième dialogue bilatéral sur la sécurité et la lutte contre le terrorisme. La délégation japonaise, y compris moi-même, a été profondément impressionnée par le haut niveau de la qualité et du professionnalisme des autorités tunisiennes concernées. L’Ambassade du Japon fera sa part en mettant à jour les avis aux voyageurs destinés aux touristes japonais, afin de refléter le risque réel sur le terrain.

Nous souhaitons la croissance du nombre de visiteurs dans les deux sens, notamment que la Tunisie est l’un des rares pays en Afrique exonérés de visa touristique, ce qui symbolise la confiance et l’amitié entre nos deux pays. D’ailleurs, en octobre dernier, «le tourisme Expo Japan 2023» a été organisé à Osaka et a rassemblé tous les acteurs du monde entier dans ce domaine. Je suis content que quelques opérateurs touristiques tunisiens aient participé à cet événement.

Quel est votre vision sur la qualité de l’huile d’olive tunisienne puisque l’huile extravierge tunisienne est commercialisée dans presque tous les pays ?

J’ai une grande confiance dans le potentiel énorme de l’huile d’olive tunisienne. D’abord, sa qualité contenant le niveau exceptionnel de polyphénols correspond parfaitement à la montée de conscience de la santé au Japon, en Europe, en Amérique et partout dans le monde. Ensuite, sa variété selon les régions tunisiennes est une grande attraction. Chaque région possède ses propres conditions du sol, du climat et de l’eau, et produit les olives qui donnent d’uniques goûts et saveurs entre amer, léger et raffiné. La Tunisie pourrait donc exporter divers produits qui correspondent aux goûts des consommateurs de différents pays.

Chaque fois que je retourne au Japon, je ramène quelques bouteilles d’huile d’olive pour les offrir comme cadeaux à mes amis et autres. Pendant mon séjour, quand j’ai le temps de faire mes courses aux supermarchés, j’inspecte l’étalage de l’huile d’olive pour voir sa part de marché sur le terrain. La dernière fois, sur une étagère avec 12 bouteilles d’huile d’olive, il n’y avait qu’une bouteille tunisienne alors que celles en provenance d’Italie et d’Espagne étaient cinq respectivement. Selon les experts, le plus gros désavantage de l’huile d’olive tunisienne est qu’elle n’est pas encore connue des consommateurs japonais.

Au moment de la Ticad 8, l’entreprise japonaise Saraya a inauguré une nouvelle usine à La Manouba pour la mise en bouteille de l’huile d’olive. «The Olive Oil Sommelier Association of Japan» organise chaque année «Olive Japan International Olive Oil Competition», la plus grande compétition dans la région de l’Asie-Océanie, et quelques bouteilles tunisiennes y participent. J’espère qu’avec ces initiatives du côté japonais, l’huile d’olive tunisienne gagnera progressivement en popularité au Japon. Je suis prêt à travailler avec les parties tunisiennes pour valoriser ce produit tunisien de haut potentiel sur le marché japonais et international.

Comment évaluez-vous la relation tuniso-japonaise ?

En un mot, je qualifie nos relations bilatérales d’«excellentes». Les relations amicales entre nos deux pays existent depuis des décennies, et elles se sont renforcées à travers des visites des hauts responsables dans les deux sens et des échanges à différents niveaux de la société. Je n’oublie jamais de rappeler l’aide que la Tunisie a apportée au peuple japonais dans la zone sinistrée au moment du grand séisme qui a frappé l’Est du Japon en 2011.

La Tunisie partage beaucoup de points communs avec le Japon: ce sont deux nations maritimes, avec un riche patrimoine historique, un grand public amateur de culture traditionnelle, moderne et étrangère, des politiques qui mettent l’accent sur le développement des ressources humaines, la diplomatie basée sur le respect de la légalité internationale, etc.

Tous ces liens historiques ont été renforcés par l’organisation de la Ticad 8 l’année dernière, qui est le fruit d’une longue amitié et d’une coopération entre nos deux pays. Il y a encore d’énormes potentiel pour développer davantage notre partenariat sur les plans économique, commercial, politique et culturel. Je suis sûr que l’amitié entre nos deux pays continuera de s’approfondir dans le futur dans le cadre du respect mutuel.

Y a-t-il une rivalité entre le Japon et la Chine et sur quel critère se base-t-elle ?

Ma réponse courte et simple est non, pas sur le territoire tunisien.

Certes, comme pour toutes les relations entre les pays voisins dans le monde, il existe des questions difficiles entre le Japon et la Chine, sur lesquelles on insiste sur sa propre position et exige un comportement responsable. La politique constante du Japon consiste à engager un dialogue approfondi, notamment sur les sujets de préoccupation, à coopérer sur les défis communs et à construire une relation constructive et stable avec la Chine par les efforts des deux parties.

Quant aux relations respectives avec la Tunisie, je ne vois aucune «concurrence» ni «rivalité». Il est important que le Japon et la Chine, comme d’autres pays amis de la Tunisie, travaillent en tant que partenaires responsables et à sur un pied d’égalité, pour contribuer à son développement durable. En outre, je pense qu’il peut y avoir beaucoup d’effets synergiques dans les actions du Japon et de la Chine pour le développement durable du continent africain, en assurant la transparence de nos actions dans le cadre de «l’appropriation par l’Afrique et le partenariat international».

Y aura-t-il prochainement un après-Ticad 8 en Tunisie ?

Je voudrais exprimer à cette occasion mes sincères remerciements au gouvernement et au peuple tunisiens d’avoir mobilisé tous les efforts nécessaires pour la réussite de la Ticad 8. Cette conférence a rassemblé 48 pays africains, dont 20 chefs d’État et de gouvernement. C’était un grand succès. Personnellement, en tant qu’ambassadeur, je n’épargne aucun effort pour continuer à faire pousser et collecter les fruits de cette importante conférence issue de nos efforts conjoints.

Le Japon a annoncé au mois d’août dernier que la Ticad 9 se tiendra en 2025 à Yokohama et la réunion ministérielle se tiendra en 2024. Lors de la réunion bilatérale entre les ministres des Affaires étrangères de nos deux pays qui s’est tenue le 5 septembre au Caire, en marge de la troisième réunion ministérielle pour le dialogue politique arabo-japonais, les deux côtés ont convenu de n’épargner aucun effort pour le succès de la Ticad 9. Je compte sur l’engagement actif et continu de la Tunisie en tant qu’hôte de la Ticad 8 pour la réussite de ce processus important.

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