C’est, bien entendu, avec beaucoup de plaisir et… quelques regrets que nous avons appris que l’international tunisien Wassim Ben Tara est champion du monde 2023, au terme du Mondial des clubs qui a eu lieu en Inde, avec l’équipe italienne Sir Safety Perugia Les Italiens ont battu en finale l’équipe brésilienne Itambé Minas en trois sets ((25-13, 25-21, 25-19). A noter que le champion d’Afrique, la Mouloudia de Bousalem, n’a pas pris part à cette édition. La présence d’un joueur tunisien dans une équipe étrangère, de surcroît nouvellement sacrée meilleure du monde, est un événement. Mais aussi une performance à méditer. Nous savons que le volley-ball tunisien traverse une passe difficile. D’ailleurs, c’est peut-être l’occasion de se demander pour quelle raison on n’a pas encore réglé cette affaire qui ralentit pour ne pas dire entrave toute velléité d’action. Le comité provisoire s’acquitte certes de sa mission dans les meilleures conditions en attendant l’Assemblée générale qui remettra les pendules à l’heure. Mais, ce n’est point l’objet de notre réflexion. La présence de Ben Tara prouve, si besoin est, que le niveau technique de nos joueurs est respectable. Son expérience devrait être encouragée pour permettre au volley-ball national de faire le grand pas qui le lancerait sur une orbite plus profitable, de nature à tirer vers le haut le niveau général de la sélection, encourager les jeunes, booster la sensation de dépassement qui devrait animer tout élément ambitieux.
Nous avons toujours encouragé l’ouverture, l’assouplissement de la réglementation en vigueur pour ouvrir la porte à d’éventuels contacts avec des équipes étrangères qui seraient intéressées par quelques-uns de nos meilleurs éléments. Cette ouverture semble plus que jamais nécessaire après le revers essuyé par notre volley lors de sa dernière apparition dans le cadre du championnat d’Afrique. Alors que nos adversaires potentiels n’ont pas manqué de «placer» leurs éléments clés dans des équipes de valeur qui leur permettront de jouer de manière suivie et continue des rencontres de très bon niveau, nous nous contentons de vivre le train-train d’une complétion qui gagne en monotonie. Le problème qui, à notre sens, bloque tout progrès est bien cette différence de niveau entre ceux qui se posent «traditionnellement» en candidats pour le titre et ceux qui semblent se contenter du milieu du tableau et, enfin, ceux qui jouent pour le maintien.
A force de revivre les mêmes scénarios, on finit par se lasser et cela ne manque pas de faire planer un désintérêt préjudiciable au niveau des deux compétitions nationales. Les frais qu’exige toute préparation en dehors des frontières finissent par contraindre notre volley-nall à vivre dans une sorte de vase clos qui lui porte préjudice. Indépendamment du blocage que cette situation occasionne pour les jeunes qui sont condamnés à attendre que leurs aînés se lassent et partent à la retraite.
Autant dire que le renouvellement des générations est aussi lent que fastidieux et cela pénalise toute tentative de créer une réserve de joueurs de niveau où l’ambition et le désir de se surpasser sont les maîtres mots.
Nos jeunes de moins de dix-sept ans disputent une CAN qualificative au Mondial de la catégorie. Après un match concédé aux Egyptiens, ils semblent avoir repris leurs esprits. Mais pour que ces jeunes soient réellement des éléments sur lesquels on peut compter, il faudrait qu’on leur explique que les CAN sont certes des passages obligés mais pas un objectif final.
Le football et le handball ont dépassé ce cap. Même leurs jeunes trouvent preneurs et certains ont compris que pour faire sauter les verrous qu’imposent des joueurs qui se cramponnent à leurs places et que l’on craint pour leur prestige, il est devenu nécessaire de partir pour montrer ce dont ils sont capables. Et cela marche. Au grand bonheur de la sélection qui les récupère et des clubs qui sont dans l’obligation de les racheter à des prix qui dépassent tout entendement. La remise en selle d’un bureau directeur ambitieux, imbu des hautes valeurs sportives et des obligations qu’impose une gestion saine et loyale, se fait attendre. Tous ceux qui s’attachent à ce sport attendent avec une certaine fébrilité ce coup de rein salvateur.