«Notre plateforme C’nBEES, lauréate du projet Jeun’ess, mis en œuvre par l’Organisation internationale du travail (OIT), en partenariat avec le ministère de l’Economie et de la Planification et financé par l’Union européenne, sera officiellement lancée au premier trimestre de 2024, après une incubation réussie par Redstart Tunisie».
Pouvez-vous nous donner d’amples détails sur votre plateforme ? Quelle opportunité peut-elle offrir pour le financement des projets sociaux et environnementaux?
Notre plateforme C’nBEES de crowdfunding en dons et libéralités est une plateforme tunisienne dédiée aux projets à impact social et environnemental. Nous allons offrir aux donateurs la possibilité de financer, par leurs dons, des projets entrepreneuriaux innovants en Tunisie, qui permettront la création de l’emploi et de la richesse, tout en ayant un impact social et environnemental, ce qui permettra d’équilibrer la croissance économique recherchée avec l’objectif de la durabilité et l’inclusion économique. Notre plateforme C’nBEES, lauréate du projet Jeun’ESS, mis en œuvre par l’Organisation Internationale du Travail (OIT), en partenariat avec le ministère de l’Economie et de la Planification et financé par l’Union européenne, sera officiellement lancée au premier trimestre de 2024, après une incubation réussie par Redstart Tunisie. Elle donnera accès à tout porteur de projet dans le cadre de l’économie verte, bleue, ou d’économie sociale et solidaire pour exposer son idée entrepreneuriale à une communauté active, afin de réaliser la levée de fonds qui lui permettra de lancer ou de développer son projet.
Nous comptons, dans ce cadre, booster les projets à impact local et régional, et en particulier les sociétés communautaires, par la diversification de leurs sources de financement, en se basant sur les moyens propres des entrepreneurs et des donateurs, et donc en minimisant le besoin du financement par prêt ou par cession de parts du capital et donc de décision.
Vu que le financement se fera par les donateurs, quel est l’apport de votre plateforme pour les porteurs de projets?
Nous avons une mission de conseil à fournir à tout entrepreneur qui postule pour présenter son projet sur notre plateforme C’nBEES de crowdfunding en dons et libéralités, qui couvrira tous les volets dont il aura besoin (communication, marketing, financier, juridique…) afin qu’il puisse réussir sa campagne de levée de fonds et convaincre les donateurs de participer au financement de son projet. Nous sommes aussi engagés pour sélectionner les projets dont l’étude reflète le sérieux et l’implication des fondateurs. Pour cela, ces projets doivent se conformer à des critères de sélection qualitatifs et quantitatifs, affichés de manière transparente sur notre plateforme, pour s’assurer de leur viabilité et de leur impact social et environnemental.
Ceci apporte une réelle garantie et constitue un maillon de confiance que nous voulons bâtir avec les donateurs, qui seront nos partenaires dans la sélection de certains projets à afficher sur la plateforme C’nBEES, moyennant une méthode collaborative d’implication de la communauté au processus de sélection.
Nous utilisons tout le potentiel des innovations apportées par la digitalisation pour créer une dynamique d’échange entre les membres de notre communauté, dont l’objectif dépasse le simple volet financier pour atteindre le partage de l’expertise et le développement des idées créatives.
Evoquer la digitalisation en matière de financement nous ramène à la question du retard accusé par la Tunisie dans le développement du paiement électronique par rapport à ce qui se fait de par le monde, et dont les Tunisiens aussi demeurent peu accoutumés. Quel constat pouvez-vous en faire? Quelles sont, selon vous, les raisons à l’origine de ce retard? Et quel impact cela aurait-il sur le développement du crowdfunding en Tunisie ?
L’élaboration de la législation qui régit les paiements électroniques a pris du temps vu les risques qui existent en rapport avec le blanchiment d’argent et les transferts suspects, et il a fallu attendre la mise en application de la signature électronique qui est la pièce maîtresse des paiements électroniques. Ceci dit, le degré de confiance dans les transactions électroniques n’est pas encore assez élevé en comparaison à d’autres pays qui nous ont devancés en la matière, d’où le constat que l’usage des services financiers digitalisés peine à se diffuser. Des études récentes fournissent tout de même des indicateurs importants à prendre en considération pour évaluer l’avenir des évolutions sur le marché tunisien.
En effet, quoique le pourcentage des détenteurs de comptes bancaires stagne dans les 36% au sein de la population dont l’âge dépasse les 15 ans, le nombre de comptes mobiles a doublé en Tunisie entre 2017 et 2021.
Il y a un constat confirmé de l’existence de besoins de financement importants et très fréquents, vu la situation de fragilité économique d’un grand nombre d’entrepreneurs tunisiens. Pour y faire face, les pratiques de finance informelle (financement par des proches, réception de fonds…) croissent depuis plusieurs années. Sans aucun doute, le fort besoin d’inclusion financière dans notre cas peut faire appel au crowdfunding.
Quelles solutions suggéreriez-vous aux fins d’accélérer la cadence dans ce domaine (e-paiement) ?
Le pays ne peut effectivement demeurer en marge de l’essor des services financiers électroniques dans un monde excessivement connecté. L’avènement de la crise sanitaire du Covid-19 a permis d’accélérer la transition digitale partout dans le monde et particulièrement en Tunisie, y compris en ce qui concerne la vulgarisation du e-commerce et de l’utilisation des services exigeant le recours au paiement électronique. Ceci dit, toute décision ou législation qui permettra d’avantager fiscalement et financièrement le paiement digital aura un impact positif sur la croissance du nombre d’utilisateurs de ces services financiers. Cette démarche peut être renforcée par la suggestion de l’utilisation des paiements électroniques pour tout règlement à effectuer par le citoyen envers l’Etat.
Pour les besoins de développement de notre plateforme C’nBEES, nous dévoilerons dans les prochains jours l’accord de partenariat stratégique que nous avons conclu avec une banque tunisienne leader de la Banque digitale en Tunisie et aussi connue pour son appui à l’innovation financière Inclusive. Ce partenariat permettra, entre autres, à chaque membre de notre communauté de donateurs, la création facile et efficace de son compte mobile sans supporter les frais de tenue de compte, de l’alimenter et de réaliser les paiements et les transferts de manière à accroître le potentiel de participation aux opérations de crowdfunding.
La Tunisie ne pourra, sans aucun doute, évoluer et passer la vitesse supérieure de développement et d’inclusion économique sans assurer la fluidité, la rapidité et l’assurance des paiements digitaux.
Pour le cas de notre plateforme C’nBEES spécialisée dans le financement participatif en dons et libéralités, nous avons mis, conformément à la réglementation tunisienne, toutes les mesures prudentielles de lutte contre le blanchiment d’argent et du financement du terrorisme, ainsi que les procédures de détermination du bénéficiaire effectif dans toute opération de levée de fonds que nous présentons à notre communauté.
L’élément confiance sera une carte majeure à jouer pour préserver l’avenir du crowdfunding en Tunisie, comme étant une opportunité innovante du développement de la finance à impact, sur la voie de la réalisation de l’inclusion financière et économique.