Au 1er octobre dernier, il a fêté ses 84 printemps. A part les cheveux, comme blanchis par coquetterie et qui, bien que légèrement allégés, ont conservé la même coupe, presque rien n’a changé en lui : toujours la même allure, les mêmes gestes et la même intonation de la voix ; bref, la même prestance. Par-dessus tout, il a gardé la même vivacité de l’esprit, la même pertinence dans le propos et la même soif de connaissance qu’il s’emploie sans répit à partager avec son entourage et avec ses pairs, chacun dans le langage qui lui est propre.
M’hamed Hassine Fantar continue en effet à fréquenter les cénacles scientifiques mais aussi à déambuler dans les couloirs des musées ou dans les dédales de vénérables vestiges en compagnie de groupes curieux des civilisations antiques et auxquels il explique le sens caché des choses et des us. Surtout, il continue à écrire et à publier ! Son dernier ouvrage en langue arabe a été édité pas plus tard que l’automne dernier et porte sur deux figures mythiques de notre histoire : Massinissen (entendez Massinissa) et son petit-fils Youghorten (soit Jughurta).
Le Professeur Fantar, comme il est respectueusement désigné par tout le monde, n’est pas inconnu de très larges franges du public, du moins parmi les anciens, auquel, des décennies durant, il s’est adressé par divers moyens : conférences, articles de presse, émissions radiophoniques et télévisées en arabe et en français, etc. Cette figure alors devenue familière a même été piégée dans un fameux épisode de la série «Caméra cachée» au cours de laquelle le public a découvert la spontanéité et la vigueur de ses réactions lorsqu’il s’agit de questions relatives au patrimoine et à l’identité.
Figure emblématique de l’archéologie et de l’histoire tunisiennes, M’hamed Hassine Fantar a connu tous les honneurs. Mais celui auquel il pourrait être le plus sensible est probablement celui que lui décernent ses concitoyens de la ville de Ksar Hélal à travers leur association «Générations hilaliennes» qui n’entendent pas attendre le terme du parcours exceptionnel de cette figure illustre parmi toutes pour lui témoigner leur reconnaissance. Ils ne manquent pas une occasion pour manifester à leur aîné leur considération et leur affection.
Et, continuant à creuser son long sillon dans la vie en dépit des aléas que celle-ci met sur le chemin des plus méritants, M’hamed Hassine Fantar s’est plongé dans la rédaction d’un nouveau livre : «L’œuvre de ma vie», confie-t-il. Assurément, le cadeau le plus précieux à ses concitoyens, à ses compatriotes et à la science.