C’est peu dire que les banlieusards du nord de la capitale, contrairement à la réputation qui leur est faite d’être privilégiés par la fréquence et la régularité de leurs moyens de transport grâce au légendaire «TGM», ont rejoint le cortège des périphéries où le voyageur devant se rendre en centre-ville parcourt un véritable «chemin de Damas» depuis que la SNT a interrompu la liaison entre «Tunis-Marine» et Marsa Plage en son beau milieu pour des travaux sur le pont métallique enjambant le canal reliant la mer du Golfe de Tunis et le bassin nord d’el-Bhira, entre les stations de La Goulette-Casino et Khéreddine, travaux qui, plusieurs mois après leur annonce, n’ont pas encore vu le début du commencement. Faute de fonds, évidemment.
Dans ces conditions, diriez-vous, comment se débrouillent ces enviés banlieusards? S’accommodent-ils de la situation ? Ils ont le choix entre effectuer le trajet en train en deux étapes, descendant à la station d’un côté du canal pour se rendre à pied à l’autre sur une distance d’un peu moins d’un kilomètre. Sinon, le transporteur met à leur disposition un service de bus sur le même trajet qui coûte un peu plus cher et qui n’a pas les capacités de chargement des trains tout en observant la même fréquence ! Encore faut-il bien faire attention : ce bus qui arrive, est-ce le 247 ou le 347 ? Le premier, contrairement au suivant, ne va pas plus loin que La Goulette.
Prochain arrêt, les Champs Elysées…
Hors les heures de pointe, j’avoue que le voyage dans ces bus est plus agréable qu’en train. Celui-ci, brinquebalant, roulant sur une voie mal entretenue, ne manque pas de vous secouer gaillardement, surtout si le wattman est débutant. En cas d’intempéries, il vous faut déployer votre parapluie car il peut pleuvoir dans le compartiment à travers des fissures sur la toiture ! Celles-ci sont causées par la vétusté du matériel, par le manque d’entretien et, surtout, par les numéros de cirque qu’exécutent de jeunes écervelés qui s’échinent à martyriser portières, fenêtres et toiture sur laquelle ils montent pendant que le train roule et s’amusent à sauter dessus de toutes leurs forces.
Somme toute, je préférerais ces bus de seconde main, rachetés à bon prix à la Régie autonome des transports parisiens (Rattp), si familiers aux usagers de la Grande Couronne parisienne. Après de bons et loyaux services, ils sont quasiment à l’état neuf. Y monter, c’est s’offrir une bouffée d’évasion métropolitaine ! L’illusion est quasi parfaite avec mille détails qui indiquent que le véhicule continue de circuler dans son milieu d’origine : signalétique, recommandations, et cette annonce sur film transparent apposée sur une vitre à l’avant du véhicule : «Ile de France Mobilités». C’est tout juste si un panneau ne vous annonce pas : «Prochaine station : les Champs Elysées». Les nouveaux acquéreurs ne se sont même pas donné la peine d’« acclimater» l’engin à son nouvel environnement. Et c’est peut-être là le détail qui révèle l’incompétence