La cherté des denrées alimentaires à forte valeur nutritionnelle va de pair avec l’augmentation du taux d’obésité! La corrélation semble paradoxale, alors qu’elle est amplement justifiée.
Plus souvent, les Tunisiens à moyen et à faible revenus recourent davantage aux solutions de facilité pour réussir l’équilibre entre la garantie de l’alimentation quotidienne et la rationalisation du budget alloué à cet effet. Sauf que, pour ce, c’est bien le besoin de l’organisme en nutriments de qualité qui se trouve relégué au dernier plan !
Combattre le surpoids
En effet, il n’est plus évident, pour bon nombre de ménages, de s’approvisionner en viandes rouges et en poissons, afin de varier leur menu hebdomadaire. Pour ceux dont le budget est des plus limités, même le prix des volailles leur est inaccessible ! D’autant plus que la hausse des prix des fruits et légumes, des œufs et des laitages n’arrange pas les choses…
Aussi, se débrouillent-ils, un tant soit peu, pour subvenir au besoin le plus élémentaire qu’est l’alimentation, en privilégiant les denrées les moins chères, à savoir les pâtes et les sandwichs bon-marché comme le « chapati » et le «mlaoui ». Savourés avec des boissons gazéifiées, ces repas contribuent, sensiblement, à la prise de poids. Cette dernière va de quelques kilos de trop à des dizaines de kilos de trop, d’où l’obésité et celle morbide. « Les repères sont calculés à l’échelle mondiale via l’Indice de Masse Corporelle ( IMC). On obtient ce dernier en divisant le poids par la taille au carré. Si le chiffre obtenu varie entre 25 et 30, il y a lieu de surpoids. Si l’on obtient entre 30 et 35, il y a lieu d’obésité. Au-delà, on parle carrément d’obésité morbide», indique le nutritionniste, Dr Zoubaïer Chater.
Obésité, l’ennemi redoutable du métabolisme
Contrairement au surpoids, l’obésité, elle, retentit dangereusement sur la santé, entraînant des complications tous azimuts, notamment métaboliques, gynécologiques, gastriques, articulaires, rhumatismales et peut même altérer la fécondité. «L’obésité morbide s’aligne parmi les causes de mortalité dans le monde, étant donné qu’elle favorise, grandement, le terrain aux maladies chroniques comme le diabète de type 2, l’hypertension, le cholestérol…», ajoute le spécialiste. Dans les pays sous-développés, où le pouvoir d’achat s’avère être des plus limités, le surpoids et l’obésité avancent à pas de géant ! En Tunisie aussi, la courbe est ascendante. Certes, l’intention de sensibiliser la population sur les fâcheuses répercussions de la mauvaise alimentation et de l’obésité existe. Néanmoins, la volonté de soutenir la cause fait défaut ! «Il existe un plan national pour éclairer les Tunisiens sur la bonne hygiène de vie, sur la bonne alimentation, notamment la reprise du régime alimentaire méditerranéen lequel est considéré comme étant le meilleur par excellence.
Cependant, à voir les indicateurs relatifs à la prévalence du diabète de type 2 par exemple, qui touche 20% de la population adulte, soit un adulte sur cinq, l’on en déduit que les efforts manquent en réalité », poursuit-il.
Quels bons nutriments à bas prix ?
La cherté des denrées alimentaires y est pour beaucoup et le phénomène de l’obésité évolue parallèlement à l’érosion du pouvoir d’achat. Aussi, n’est-il pas étonnant que des personnes en surpoids ou souffrant d’obésité se trouvent entre l’enclume et le marteau. Comment sortir de la sphère infernale de l’obésité et se conformer aux instructions du nutritionniste en suivant, à la lettre, le régime alimentaire riche en produits de haute qualité nutritionnelle, alors que les moyens financiers ne le permettent pas ?
Dr Chater ne lâche pas prise. Pour aider ses patients à perdre des kilos de trop et à retrouver et la ligne et la santé, il trouve toujours de quoi structurer le régime alimentaire amincissant selon les moyens de ses patients. Ainsi, les protéines, qui sont fondamentales dans l’alimentation et dans les menus minceur de la semaine, peuvent être accessibles à moindre coût. « Il faut savoir qu’un œuf apporte autant de protéines que cent grammes de viande. Pour le poisson, par exemple, dont le prix est, généralement, assez élevé pour être abordable, la sardine demeure un produit de qualité, riche en oméga 3 et dont le prix du kilo n’excède pas les huit dinars tout au plus. Autant en acheter un kilo qu’un médiocre sandwich «maqloub» ! », poursuit-il.
Et Dr Chater d’ajouter qu’outre les protéines animales, celles végétales contenues dans les légumineuses sont vivement recommandées selon, évidemment, le poids et l’âge de la personne en question. « Encore faut-il insister sur le besoin de varier les protéines qui apportent des acides aminés essentiels à notre organisme », renchérit-il.
Oui au végétarien ! Non, au végétalien !
Le spécialiste consent le recours de certains au régime alimentaire végétarien pour réussir l’équation, ce qui exclut les viandes du menu, mais inclut, tout de même, les œufs et les produits laitiers riches en protéines animales. Néanmoins, il réfute le régime végétalien qui bannit toute source de protéine animale. «Un bon régime amincissant doit être riche en protéines animales, en protéines végétales, en fibres, en vitamines et en lipides de qualité», résume-t-il.
En conclusion, nul besoin d’être riche pour garder sa ligne ! Et pour préserver sa santé et son poids idéal, rien n’est plus efficient que de reprendre le régime méditerranéen d’antan, basé sur les produits de la mer, les légumes et les fruits de saison, ainsi que sur les céréales et la majestueuse huile d’olive.