Les amateurs d’un bon café bien corsé ont, sûrement, noté cette longue absence de la chicorée. En plus, bien sûr, des disparitions et réapparitions du café. La chicorée n’est plus commercialisée chez nous depuis, au moins, trois ans.
Déguster un café n’est plus donné dans la conjoncture actuelle, d’autant que le café vendu sur le marché n’est pas toujours de bonne qualité, même s’il est pur. Doit-on y renoncer, à son corps défendant ou payer cher cet instant café?
Des assurances vaines
Régulièrement, on nous annonce l’arrivage de 600 ou 630 tonnes de café, voire plus. Malgré tout, il est toujours difficile de se procurer du café par les moyens ordinaires. Et les augmentations inconsidérées des prix font, désormais, partie du quotidien. Les cafetiers, eux-mêmes, s’en plaignent. Les commerçants qui leur livrent cette marchandise appliquent les prix qui leur conviennent selon les fluctuations du marché. Alors, les cafetiers répercutent ces augmentations sur le prix du verre ou de la tasse servis aux clients. D’ailleurs, ces derniers n’ont rien à y redire. Ils ne font que subir. A chaque jour son tarif. Au fait, tout le monde a remarqué qu’aucun café n’affiche les tarifs.
Cela se faisait, pourtant, dans les années passées, lorsque les autorités imposaient le respect des règles. En vérité, la question de l’absence d’affichage ne concerne pas que les cafés. Elle est générale. L’affichage des tarifs n’existe nulle part. Personne ne se sent concerné.
Ainsi, faute d’approvisionnement en café, les activités de certaines entreprises cessent ou se limitent au strict minimum avec ce que cela entraîne au niveau de la réduction du personnel, voire des licenciements de quelques employés. C’est la même situation pour d’autres secteurs qui sont obligés de mettre fin à leurs activités, parce qu’ils ne trouvent nulle part où s’approvisionner en produits nécessaires qui leur permettent de poursuivre leur activité.
Tant pour le café que pour d’autres produits, les pénuries sont appelées à perdurer. Malgré les assurances de hauts responsables du ministère du Commerce, aucun des produits de première nécessité n’est disponible sur le marché. Chaque fois que l’un de ces responsables apparaît sur les plateaux de télévision, il y a des promesses que tout va s’arranger dans les plus brefs délais. Mais c’est tout à fait le contraire qui se produit. La situation empire de plus en plus, sans que l’on entrevoie la moindre issue.
Contrôle inefficace ?
Par contre, les frontaliers ont trouvé la solution. Ils ont eu la chance de tirer leur épingle du jeu, allant au-delà de nos frontières acheter les produits nécessaires dont ils ont besoin. Sans le moindre souci. Cette opportunité n’est pas offerte à tous les Tunisiens, malheureusement. Ces derniers sont acculés à se livrer à une course contre la montre avec les tenanciers de café pour l’acquisition du plus grand nombre de packs de lait et de paquets de café. Mais, bien sûr, la balance va pencher du côté du plus fort. Le simple citoyen ne parvient plus à trouver son compte, à cause de cette situation complexe où se mêlent la spéculation et les pratiques commerciales illicites.
Sans mettre en doute la bonne volonté des autorités à freiner ce phénomène dévastateur de pénuries artificielles, force est de constater l’inefficacité de ces efforts. Les spéculateurs de tout acabit parviennent à déjouer tous les plans et programmes mis sur pied par les services de contrôle économique. Malgré les tonnes de marchandises saisies, chaque jour, on ne voit aucun impact sur l’approvisionnement du marché en produits de première nécessité.
D’ailleurs, le Haut comité de contrôle administratif et financier (Hccaf) n’a pas manqué de relever des anomalies dans le fonctionnement de certains organismes. Au niveau du ministère du Commerce, justement, il a souligné la mauvaise répartition des équipes de contrôle économique et la qualification de ses personnels. D’où cette impression chez les Tunisiens que tout ce qui a été fait n’a rien changé sur le terrain.