Mehrez Abidi, musicien, écrivain et metteur en scène, a présenté pour la première fois à Kasserine son dernier spectacle musical qui raconte l’histoire du luth depuis la plus haute antiquité jusqu’à notre époque.
Si c’est à Zeryab que cette pièce doit son nom, c’est parce que son héritage défie le temps et l’espace, traçant les relations musicales entre l’Orient et l’Occident.
Musicien d’exception, inventeur de la cinquième corde du luth, compositeur et poète, Zeryab est l’un des principaux fondateurs de la musique arabo-andalouse. Ce que beaucoup de gens ignorent, c’est qu’il a passé quelques années à Kairouan où ses dons extraordinaires lui ont ouvert les portes de la cour des Aghlabides.
À ses débuts, ce disciple du grand Ishak Al Mawsili a excellé à une époque où Bagdad était un centre mondial d’art et de culture. Le Calife était ébloui par son chant et son jeu au luth. C’est alors que son maître, se sentant dépassé et éclipsé, l’a forcé à s’exiler sous menace de prison et de mort.
Zeryab s’est établi en Tunisie puis, par la suite, à Cordoue où il a créé une école de musique, le premier conservatoire d’Europe.
Le succès de ses travaux de musicologie attire encore les amateurs et les chercheurs, douze siècles après sa mort.
Plongeant dans l’histoire de Zeryab, la pièce de théâtre éponyme nous invite à un rêve éveillé au pays des Mille et une nuits. Les notes de luth jouées par Mehrez Abidi nous racontent l’extraordinaire destin de ce musicien de génie. En documentaliste, il fait défiler sous nos yeux des époques fascinantes. La riche histoire du luth est relatée depuis l’Antiquité jusqu’à l’ère où les réseaux sociaux ont bouleversé notre rapport avec tout le champ de l’audible. Le travail de maquillage et de costumes est déjà un show en lui-même qui métamorphose la troupe à chaque acte, en passant d’une époque à une autre. Les acteurs, par leur présence scénique, semblent habités par les personnages légendaires qu’ils jouent. Le créateur de la pièce n’a pas manqué d’y insérer des notes d’humour filées tout au long des scènes. Le public, charmé par la musique et les chorégraphies, savoure un spectacle d’une infinie délicatesse. Entre moments d’émotions et éclats de rire, on se laisse totalement enivrés et conquis par le décor, le jeu des acteurs et le son du luth.
«Ainsi parla Zeryab» est une visite singulière guidée de l’histoire du luth, ralliant à la fois des séquences documentaires à des scènes de musique et de danses. Elle est destinée à conquérir les passionnés de théâtre chevronnés et les curieux qui souhaitent découvrir de nouvelles productions.