Inaugurée le 13 janvier dernier, l’exposition dévoile une intéressante sélection d’œuvres faite d’acryliques, de gouaches, de dessins et autres techniques mixtes sur papier mais surtout sur bois, son support de prédilection de l’artiste, mais également des gravures et de la céramique.
40 œuvres du grand artiste Ali Bellagha ornent actuellement les cimaises de La Maison des Arts du Belvédère en célébration du centenaire de sa naissance. Une belle sélection d’œuvres, provenant du Fonds national d’art plastique et de deux collections privées, s’offre au public dans le cadre d’une exposition-hommage intitulée “Ali Bellagha, L’or du temps, témoin de son temps”. On nous y donne à voir, jusqu’au 10 février 2024, un aperçu sur l’œuvre de l’artiste et sur l’évolution de son faire.
Dessinateur, peintre et graveur, membre du courant artistique l’École de Tunis, Ali Bellagha est né en 1924 à Tunis. Il y décède le 10 mai 2006. Après des études à l’Institut des hautes études de Tunis, il se rend à Paris pour étudier à l’École des Beaux-Arts de Paris, où il se spécialise dans le dessin, la gravure et la céramique. Il fréquente régulièrement les ateliers de gravure du professeur René Jaudon. Il s’oriente, par la suite, vers des cours de décoration au lycée Claude Bernard de la même ville, avant de terminer ses études à l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis. Depuis 1953, année à laquelle il a exposé pour la première fois en solo, Ali Bellagha n’a cessé d’exposer en Tunisie et à l’étranger. De 1956 à 1960, il enseigne le dessin au Collège Sadiki.
Issu d’une famille d’artisans de la médina de Tunis où l’on est maître-artisan de père en fils, l’artiste était passionné par les objets anciens et l’univers de l’artisanat. Avec son épouse, Jacqueline Guilbert, il ouvre, au centre de Tunis (dans les années 1960), une galerie d’art et d’antiquités appelée «Les Métiers». Bellagha adopte une approche moderniste du développement des métiers d’art, en valorisant le patrimoine arabo-musulman tout en lui conférant une touche de modernité. Il s’attache à mettre en valeur ce patrimoine à travers l’utilisation de matériaux tels que la pierre, le cuivre, la laine, le cuir, l’argent et surtout le bois qu’il travaille pour réaliser, entre autres, ses fameuses compositions de natures mortes.
L’artiste, à l’œuvre prolifique, n’avait de cesse de se renouveler et s’intéressait à différentes disciplines artistiques. Il s’est adonné à la peinture sur papier et sur bois, la céramique, la sculpture, la restauration et la décoration.
En reconnaissance de son talent et de sa contribution significative à l’art tunisien, Ali Bellagha avait reçu, en 2003, le Prix national des arts plastiques. En 2006, il est invité d’honneur au Salon de l’artisanat de Tunis. Il participe également à la réalisation de l’écomusée Dar Gmach dans le village de Takrouna.
«Ali Bellagha, L’or du temps, témoin de son temps», inaugurée le 13 janvier dernier, dévoile une intéressante sélection d’œuvres faite d’acryliques, de gouaches, de dessins et autres techniques mixtes sur papier, mais surtout sur bois, son support de prédilection, mais également des gravures et de la céramique.
Une exposition essentielle qui met la lumière sur le travail d’une figure importante des arts plastiques en Tunisie, et d’une manière générale sur une partie de notre patrimoine culturel façonné par de brillant.e.s artistes qui, à l’instar de Ali Bellagha, ont su marquer de leurs empreintes singulières notre mémoire collective. Une aubaine pour les étudiants en arts d’accéder à ces œuvres-documents qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de voir. Et justement en évoquant l’aspect didactique de ce genre d’expositions- rétrospectives, on déplore l’absence, dans celle-ci, d’un catalogue qui aurait dû accompagner le lancement de l’événement et qui tarde à venir, l’absence de mention de dates pour certaines œuvres, le manque, par moments, de détails concernant les techniques employées et surtout le contexte de réalisation. On pourra y remédier, entre autres, en assistant à la table ronde prévue le 27 janvier, à la Maison des Arts du Belvédère, et où il sera question de la vie de l’artiste et des écoles qui ont marqué son parcours.