Ce fut un temps quand la galerie du Colisée était la galerie des boutiques éclairées, du savoir-faire de la confection de vêtements de la haute couture italienne, fréquentée notamment par les Tunisois et par les Italiens de Tunis. Un morceau de l’Italie en Tunisie, qui rappelait à la communauté italienne tout ce qui rendait leur fierté aux yeux du monde : les vêtements et les chaussures.
La Galerie «Le Colisée», en style art déco, avait un air des «Gallerie di Milano», peut-être en forme moins chic, mais luxueuse tout de même.
Ce centre commercial de luxe comportait deux entrées, l’une avenue Jules Ferry côté avenue de Paris, une seconde entrée, côté rue de Marseille, avenue Jules Ferry.
Au centre de cette luxueuse galerie, il se trouvait un grand café à l’italienne avec guéridon pour les habitués qui se rendaient sur place plus particulièrement les dimanches, pour savourer leur caffè ristretto ou bien macchiato à l’italienne. En face, on trouvait le coiffeur Aronica, l’un des plus connus et recherchés, qui honorait la réputation de Figaro.
La boutique de Giovanni Campisi était vraiment la vitrine du «made in Italy». On pouvait trouver toute sorte de vêtements pour hommes : chemises col italien, col français, des costumes dessinés par les plus grands couturiers italiens, des manteaux et pull-overs en laine mérinos, des écharpes, foulards, pochettes et cravates en soie, ceintures et chaussures en «vero cuoio»… Une vraie caverne du bon goût pour hommes. Monsieur Campisi arrivait à satisfaire les attentes de sa clientèle, la conseillait, anticipait même ses envies… réussissant au cours des années à la fidéliser. Il avait même la capacité d’identifier des foyers d’insatisfaction de ses clients, pour mieux comprendre comment faire pour les rendre heureux. Du coup, sa boutique était tout le temps remplie de beau monde prêt à s’arracher la toute dernière nouveauté arrivée d’Italie.
Giovanni Campisi continuait ses affaires le dimanche matin à la brasserie «Le Shilling» pas loin du Belvedère, où toute sa clientèle se réunissait pour boire l’apéritif du dimanche. Monsieur Campisi, jouant de son charme, arrivait à séduire même les amis de ses clients, qui, la semaine d’après, lui rendaient visite à la boutique.
Le Shilling était fréquenté, entre autres, par une clientèle italienne très aisée et des chanteurs italiens de renommée internationale qui vinrent se produire dans ce local très prisé : Luciano Tajoli chantant «Terra straniera» et «Buongiorno tristezza» ou encore Walter Torrebruno, Claudio Villa avec «Arrivederci Roma» et «Chitarra romana», Grazia Cresi, Nico Fidenco…
Giovanni Campisi fermera sa boutique en 1976. Son corps repose au cimetière chrétien du Borgel.