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Auparavant, les friperies étaient réservées aux personnes au budget serré. Ce temps est révolu.
Selon des données de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, 94% des Tunisiens recourent à la friperie pour se vêtir. Malheureusement, le secteur connaît une flambée des prix jamais connue. Les commerçants et les clients se retrouvent dans une situation compliquée. Chacun cherche à comprendre les raisons de cette hausse inattendue.
On a l’habitude de voir le Souk Sidi Bahri de Tunis garder toujours son attrait et cette ambiance qui lui sont très particuliers. Toujours bien achalandé, aux couleurs de la saison. Mais, aujourd’hui, le souk a l’air triste et l’animation n’est pas celle des grands jours. A l’entrée, les venelles du souk sont pratiquement dépeuplées. Le moral des commerçants est en berne.
Il est 14h00, les commerçants sont assis devant leurs boutiques. Certains sont calmes et pensifs. D’autres bavardent entre eux, sirotent un café, écoutent la radio. Certains interpellent les rares clients qui regardent la marchandise, comparent les prix et poursuivent leur chemin. Nous engageons la discussion avec des commerçants, certains refusent de répondre à nos questions.
D’autres, sur un ton pessimiste, comme Abdelkader Ben Ahmed, 36 ans, spécialisé dans le commerce des vêtements pour hommes et femmes, confie que la situation est devenue catastrophique et invivable. «Rien n’est plus comme avant», regrette-t-il. «En Tunisie, le commerce de la fripe se dégrade à vue d’œil. Tout est devenu très cher et les consommateurs souffrent le martyre. Autrefois, les clients étaient beaucoup plus nombreux. Ils fréquentaient les souks pour se procurer vêtements, chaussures, linge de maison, ustensiles à bas prix. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Les vêtements sur les étals coûtent entre 10 à 25 dinars. Ceux sur cintres peuvent dépasser les 100 dinars», nous dévoile Abdelkader. Il considère que cette hausse des prix est due principalement à l’augmentation des prix des balles de fripe que nous achetons chez les grossistes et aussi à la cherté du carburant pour transporter la marchandise», assure le commerçant. Et de poursuivre : «Le pouvoir d’achat des Tunisiens se dégrade d’une année à l’autre et les autorités doivent prendre les mesures nécessaires pour soulager le citoyen et, en même temps, restructurer le secteur de friperie».
A côté de la boutique d’Abdelkader, d’autres spécialisées dans la vente de chaussures et de baskets attirent les regards. A la recherche de chaussures de sport pour sa petite fille de 4 ans, une jeune dame est venue avec l’espoir de trouver des paires à bas prix. Sauf que les chaussures se vendent à partir de 40 dinars légèrement négociables. «Je suis déçue ! Ce n’est pas du tout à quoi je m’attendais», déplore-t-elle.
Fakhri Sallami, 23 ans, célèbre au souk, avoue que la fripe spécialisée dans la vente des housses, des couvre-lits, des draps, des nappes et des rideaux est devenue très chère. Les prix de certains produits avoisinent les deux cents dinars.
Lorsque nous l’abordons, il lance d’un air fataliste : «La situation est devenue désespérée, nous sommes en détresse. Croyez-moi, je fais deux à trois boulots pour subvenir aux besoins de ma famille. C’est une triste réalité que nous vivons».
Il se plaint des difficultés liées à la chaîne de distribution : «On ne reçoit pas d’appui de la part des autorités. Celles-ci font la sourde oreille, alors que nous avons besoin d’être écoutés. Nous vivons une galère et une souffrance face à cette négligence et cette indifférence des autorités», se plaint le vendeur.
Un peu plus loin, vêtu d’un jean noir et d’un pull blanc, Sami, un jeune adolescent, est à la recherche d’une ceinture. Il nous accueille avec un sourire légèrement crispé, un regard vague, il lance avec amertume : «J’ai du mal à choisir, la ceinture est à 25 dinars. C’est beaucoup trop cher pour les petites bourses comme la mienne».
Le fait est là ! Le secteur de la friperie traverse une mauvaise passe. Les commerçants cherchent, par tous les moyens, à trouver un équilibre entre la rentabilité de leurs projets et la fidélisation de leur clientèle.
choko
29 janvier 2024 à 08:35
Il est grand temps d’arrêter ces importations qui proviennent des poubelles de l’Europe et qui ont permis à quelques importateurs de s’enrichir sur le dos des pauvres. La solution est de relance l’industrie du textiles en Tunisie.