Accueil Economie Secteur de l’ameublement : Une activité en dents de scie

Secteur de l’ameublement : Une activité en dents de scie

 

Selon une publication sur sa page Facebook, la Société des Foires Internationales de Tunis a décidé de reporter l’organisation du Salon du Meuble de Tunis, initialement programmée entre le 2 et le 11 février 2024, à une période ultérieure.

Le salon du meuble de Tunisie, organisé annuellement à la foire internationale du Kram, avait acquis, depuis plusieurs années, une notoriété grâce à la combinaison de plusieurs facteurs ; une bonne organisation, une fonctionnalité de l’aménagement des stands, la haute qualité et la visibilité des produits exposés et la fluidité de la circulation des visiteurs.

Ce rendez-vous annuel majeur permet de découvrir toutes les nouveautés consacrées à la décoration, l’ameublement, la rénovation et l’aménagement intérieur et extérieur de la maison. Hélas, cette manifestation a fait défaut et a été reportée pour une date ultérieure. Dans une autre version, le salon a été définitivement annulé.

Les consommateurs se retrouvent actuellement face à une réalité difficile alors que les prix de l’ameublement connaissent une augmentation significative. Cette tendance soulève des questions sur les facteurs à l’origine de cette hausse, les répercussions sur le pouvoir d’achat des ménages, et l’impact sur l’industrie du mobilier.

Des avis mitigés

En sillonnant les ruelles du centre-ville de Tunis, des boutiques de meubles offrent sur large variété de produits, sauf que le pouvoir d’achat des Tunisiens, notamment ceux appartenant à la classe moyenne, s’érode de plus en plus.

Habib, vendeur, reconnaît d’un ton pessimiste que les prix sont élevés pour le consommateur. Le marchand est obligé de vendre cher, vu les prix pratiqués par les grossistes. « La situation est devenue invivable et rien n’est plus comme avant dans tout le pays», se plaint ce dernier. Je souffre de la mévente, il explique : «Notre situation financière va de mal en pis. Les quatre dernières années ont été cauchemardesques à cause du Covid-19, notre activité était complètement gelée et on a été réduit au chômage forcé». Il enchaîne, «on s’est habitué chaque année à la foire du Kram. Le salon nous permet de vendre nos produits à des prix attrayants pour les futurs mariés avec une réduction pouvant atteindre les 40% ou 50%. Cette année, nous n’aurons pas la chance de faire un bon chiffre d’affaires».

Nous engageons la discussion avec Habib sur les prix de sa marchandise : une petite armoire est à 440 dinars, une table et 6 chaises à 1.930, une autre table de 4 places à 1260, un meuble de télévision à 830 dinars. Des prix qui restent, selon lui, peu abordables pour certaines bourses.

Nous nous sommes dirigés par la suite vers le quartier Lafayette, où les meubles sont plus chers. Methat, propriétaire d’une boutique de meuble haut de gamme, nous affirme que certains vendeurs ont été obligés de fermer boutique. « Le commerçant fait face à de multiples difficultés comme la cherté des matières premières, la mauvaise qualité des matériaux, la concurrence déloyale… Parfois on nous reproche les prix qui sont quelquefois élevés, je dirais que si nous nous engageons dans un vrai processus de qualité, nos clients doivent comprendre que cela nous coûte beaucoup trop cher pour nous également. Je confirme, encore une fois de plus, que les prix pratiqués par les grossistes sont chers et cela peut mettre en péril nos affaires».

Côté consommateur, Marouen, 46 ans, mécanicien, lance «Les prix sont devenus hors de portée». Venu faire un petit tour pour se procurer une chambre à coucher pour sa petite fille nouvellement née, ce père de famille n’arrive plus à satisfaire les besoins de ses enfants, et voit son pouvoir d’achat se détériorer au fil des mois. «Bien qu’avec ma femme nous percevons deux salaires, cela ne nous protège pas contre la cherté de la vie et nous avons du mal à joindre les deux bouts».

«Les prix sont devenus un casse-tête pour moi», regrette de son côté Naziha. Cette consommatrice avoue : «Il n’y a aucun rapport entre la qualité et les prix.  Ces derniers ont augmenté 3 ou 4 fois au cours de la pandémie. Mais il est nécessaire d’assainir le secteur pour satisfaire à la fois les professionnels et les consommateurs».

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