La chronique judiciaire

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L’épouse écope de 4 ans de prison, 36 ans pour le mari !

La Chambre criminelle près la Cour d’appel de Tunis a condamné le prévenu à 36 ans de prison ferme avec exécution immédiate, pour sa responsabilité dans la fourniture de l’argent et des armes au mouvement terroriste Daech en Syrie. La condamnation de son épouse a été beaucoup plus clémente : elle écope de 4 ans de prison seulement. Après avoir adhéré comme son mari à l’organisation terroriste, elle s’était enfuie pour être livrée à l’ambassade de Tunisie en Turquie avec ses deux enfants.

Selon les éléments du dossier, l’accusé était parti en Syrie avant d’y être rejoint en 2013 par son épouse et leurs deux enfants. Sachant qu’il était devenu, entre-temps, le responsable pourvoyeur d’argent et de munitions, en sa qualité de chef de l’organisation.

L’épouse a reconnu lors de l’audience qu’elle avait tenté de convaincre son époux de rentrer au pays, mais il a refusé, décidant de poursuivre « le combat » dans les rangs de Daech. C’est alors qu’elle a décidé  de rentrer en Tunisie après avoir perdu tout espoir de le faire changer d’avis.

La femme a catégoriquement nié avoir reçu des entraînements militaires. Elle a toutefois reconnu être gardienne du pavillon des femmes de Daech.

Le mis en cause imposait aux femmes de sa famille le port du niqab sous la menace

Le Pôle judiciaire de Tunis, chargé de la lutte contre le terrorisme, a statué  vendredi 26 janvier 2024, sur le cas d’un jeune accusé d’appartenance au mouvement terroriste Daech qui a menacé des membres de sa famille, s’ils ne faisaient pas la prière, alors que les femmes et les jeunes filles étaient sommées de porter le niqab (voile intégral). Tout en faisant l’apologie des groupes terroristes, dont notamment Daech.

Le mis en cause était déjà condamné pour complicité dans l’affaire de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd, chargé du volet logistique, en louant la voiture utilisée par les assassins. Sachant que, selon l’avocate et membre du collectif de défense de Belaïd, Me Imen Gzara, cet accusé a été laissé en liberté lors de l’enquête, d’où sa comparution en état de liberté.

Interrogé, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. Confronté aux preuves, il a reconnu juste qu’il suivait les sites partisans de Daech et d’Al Qaïda par simple curiosité. Il a reconnu, également, avoir caché son téléphone portable, parce qu’il avait peur des agents de sécurité puisqu’il naviguait effectivement sur des sites prohibés qui font l’apologie du terrorisme.

En outre, il a justifié sa détention d’armes blanches, deux couteaux et une épée, qu’il utilisait pour le découpage des morceaux en plastiques qu’il ramassait dans les poubelles, tout en assurant qu’étant chiffonnier, il ramassait les déchets en plastique.

Revenant sur l’usage du véhicule utilisé par les assassins de Chokri Belaïd, il a prétendu qu’il leur a remis la voiture de bonne foi, car il n’imaginait pas qu’elle allait servir dans l’assassinat.

Ainsi, se cantonnant dans le déni, l’accusé pensait pouvoir s’en sortir. Son avocat a d’ailleurs réclamé un non-lieu.

Ce n’est pas l’avis de la Cour qui, après délibérations, l’a condamné à trois ans de prison ferme, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et à six mois de prison ferme pour détention d’armes blanches sans autorisation, ainsi qu’à un an de prison pour avoir caché des preuves matérielles en relation avec des actes terroristes.

La Cour a décidé, par ailleurs, d’imposer au prévenu un contrôle administratif durant deux autres années.

Moufida Chargui
Traduit par Noureddine Hlaoui

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