De Dar el Founoun au Violon Bleu: Bellagha et le siècle 

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Il y a cent ans naissait au cœur de la médina, au sein d’une belle lignée d’artisans, Ali Bellagha. On ne présente plus Ali Bellagha, peintre, céramiste, dessinateur, graveur. Il fut, on le sait, de tous les grands moments de la scène artistique tunisienne : École de Tunis, président du Salon tunisien et de l’Union des artistes plasticiens tunisiens…


Bellagha fut aussi, en ces temps où l’on s’attache à instaurer les liens entre artistes et artisans, le premier à le faire. Dans sa galerie atypique des Métiers, il invite tailleurs de pierre, graveurs sur bois, ciseleurs, céramistes et entreprend, avec eux, une collaboration respectueuse du génie de chacun, créant ainsi des lignes d’objets dignes aujourd’hui de figurer dans les musées. Mais également il s’inspire de leurs techniques pour son art et entreprend de faire du bois gravé le support de son œuvre peinte.

Aussi le temps de lui rendre hommage est-il arrivé. Le ministère de la Culture le lui offre, Dar el Founoun, présentant un bel ensemble des travaux de l’artiste, intéressant du fait qu’il couvre plusieurs époques et présente de nombreuses techniques.

Et puis le Violon Bleu, à Sidi Bou Saïd, présente, pour la première fois, une collection privée des œuvres de Bellagha, œuvres que l’on n’a guère l’occasion de voir si ce n’est dans ces initiatives à encourager. Car en dehors des expositions-hommage orchestrées par le ministère, et épisodiquement au musée, il est rarement possible de voir des collections d’artistes ayant fait l’histoire de la peinture tunisienne. Or, de magnifiques collections existent dans des institutions, des banques, des municipalités, des ministères, et chez des privés, bien sûr. Ne serait-il pas intéressant—et généreux—de permettre au public, aux amateurs d’art, aux chercheurs, aux étudiants d’avoir accès à ces témoignages de l’art tunisien et les présenter dans des galeries ou des espaces accessibles ?

L’exposition du Violon Bleu est intéressante de par sa cohérence et sa fine connaissance du travail de l’artiste. Elle est émouvante par la reconstitution de son univers, son bureau, sa table de travail et…Sa tasse de café.

On ne regrette qu’une chose : que dans l’une et l’autre des expositions, il n’y ait pas eu de catalogue ou, mieux, de livre pour les accompagner. Car depuis l’ouvrage édité par Cérès il y a plusieurs décennies, rien n’a été publié sur celui qui fut un de nos très grands artistes.

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