Guerre à Gaza : Comment se portent les blessés palestiniens accueillis par la Tunisie ?

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Un extraordinaire élan de solidarité qui a dépassé toutes les attentes, au point que les centres de collecte des aides et dons ont été débordés. La Tunisie en sort grandie.

Depuis la réunion présidée par le Chef de l’Etat le 9 octobre dernier, en présence des différentes parties concernées (ministères de la Santé, des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi que le Croissant-Rouge tunisien), les contours d’un plan d’aide aux blessés palestiniens de Gaza se précisent. Ce sera finalement un plan de secours d’une rare ampleur en matière d’œuvre humanitaire. Chronologiquement, la première étape d’exécution a commencé par lancer une retentissante campagne de sensibilisation par médias et réseaux sociaux interposés.

La mobilisation était si importante que la population a donné à voir un extraordinaire élan de solidarité qui dépassera toutes les attentes. Au point qu’au bout de quelques jours, les sièges des différents bureaux régionaux du Croissant-Rouge tunisien chargés de la collecte affichaient déjà complet face à l’affluence des aides de toutes natures (vêtements, draps, produits alimentaires et pharmaceutiques, chaises roulantes…)

Le stock constitué a été envoyé à Gaza. Et pour compléter la beauté du geste, un avion tunisien est allé, le 3 décembre, ramener une vingtaine de blessés palestiniens accompagnés chacun par un membre de sa famille. Quinze jours plus tard, s’ensuivra l’arrivée d’un deuxième contingent de 53 personnes. Les aides tunisiennes acheminées vers Gaza, via la ville frontalière égyptienne d’Al Arich, ont atteint, dans un premier bilan non encore actualisé, le seuil de 2,5 tonnes, dont 54 mille vaccins.

Rien à voir certes avec le record de 8.691 tonnes affrétées par un grand nombre de pays, et bloquées pour le moment par l’Égypte. Le plus important est que la Tunisie avec ses moyens limités a été généreuse dans ce ballet solidaire universel. En témoignent les signes de reconnaissance exprimés par le président du Croissant-Rouge de Palestine, le docteur Younes Al Khatib, qui, lors de l’une de ses apparitions médiatiques à Ramallah, n’a pas tari d’éloges sur «la générosité du peuple tunisien et son soutien indéfectible à la cause palestinienne». On peut même dire, sans euphorie, de «leçon tunisienne», dans la mesure où nos concitoyens, défiant les aléas de la vie quotidienne, ont consenti d’énormes sacrifices. Un certain Harpagon, le personnage avare de Molière, aurait rougi de honte !

Cherche… épouse tunisienne désespérément 

La leçon tunisienne nous vaudra un second épisode non moins poignant. En effet, depuis leur arrivée et l’accueil chaleureux qu’ils ont rencontré en Tunisie, les blessés palestiniens ont été aussitôt pris en charge avec autant de soins que d’affection. Répartis sur les hôpitaux et les cliniques privées du Grand Tunis et des gouvernorats de Sousse, Nabeul et Sfax, ils ont été  logés, nourris et bien soignés, ils ont même pu oublier vaguement leur tragédie. Et pour leur garantir une hospitalisation sereine et tranquille, il a été décidé que seul le corps médical a droit d’accès à leurs chambres et qu’aucune autre visite (du public) n’est tolérée.

Selon des infirmières contactées par La Presse, nous avons su que les blessés palestiniens, en train de se rétablir, ont aujourd’hui le moral au beau fixe et reprennent, petit à petit, goût à la vie. Certains parmi eux n’hésitent pas à sympathiser avec le personnel des établissements où ils sont admis. Un exemple : ce «Gazaoui» de 35 ans, résident dans un hôpital de la capitale où il a subi une opération chirurgicale faciale pour extirper un éclat d’obus qui s’est niché dans son visage, lors d’un bombardement sioniste ayant visé son quartier situé à Tell Al-Zaatar. En convalescence, il s’efforce de chasser de sa mémoire le douloureux souvenir de ce raid qui succède à celui, non moins atroce, de la guerre de 2006. En causant avec une infirmière venue lui servir son repas, il la pria subitement de l’aider à trouver une.. fille tunisienne pour l’épouser, avec la promesse de s’installer définitivement sur les terres tunisiennes !

Certains se sont plaints…

Cependant, comme dans toute campagne humanitaire de grande envergure, les failles sont inévitables. Ainsi, notre enquête nous a permis de constater que les organisateurs ont déploré un premier incident survenu au début des opérations de collecte des aides, lorsque des ONG sont montées au créneau pour exprimer leur mécontentement consécutivement au refus qu’on leur a opposé lors de la remise d’importantes quantités d’aides qu’elles ont collectées au prix d’efforts gigantesques et de gros sacrifices.

L’incident sera, heureusement, vite clos, dès que le QG du Croissant-Rouge tunisien (CRT) a précisé sur les réseaux sociaux qu’il est le seul organisme chargé par les autorités compétentes de la collecte des dons de toutes natures destinés à nos frères palestiniens. Fin des.. hostilités donc, mais du coup, tous les bureaux régionaux et locaux que compte le CRT ont été littéralement envahis par les ONG et autres donateurs. A telle enseigne que des aides ont été littéralement refusées.

Quant à l’autre incident qu’il faut s’empresser de dédramatiser parce qu’il s’agit bien d’un acte isolé, c’est le frère d’un blessé palestinien qui a remué ciel et terre via une vidéo sur les réseaux sociaux, se plaignant des services du Croissant-Rouge et l’accusant de négligence. En colère, il a même demandé de rentrer avec son frère chez lui. La porte-parole du CRT, Boutheina Gragba, lui a aussitôt répliqué dans une déclaration à une radio de la place, en qualifiant ses propos de «complètement erronés», tout en précisant que «nos frères de Gaza ont, bien au contraire, bénéficié en Tunisie de conditions de séjour idéales (nourriture, hébergement, moyens de distraction.). Outre un suivi médical de tous les instants». Et de conclure que «le cas de ce protestataire relève désormais de la compétence de la police, après qu’on a découvert en sa possession à l’hôpital d’appareils électroniques dont on ignore, pour le moment, la provenance et le moyen d’acquisition et pour quel usage».

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