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Kairouan | Mosquée Okba : Une référence de l’architecture musulmane et aghlabide

 

Construite en 670 par le général arabe Okba Ibn Nafaâ, la grande mosquée de Kairouan est un symble emblématique de la place qu’a occupée la cité des Aghlabides au IXe sur le plan religieux et culturel dans le monde arabe. Considérée comme l’une des plus belles et des plus anciennes mosquées du Maghreb, elle figure parmi les monuments historiques classés au patrimoine mondial de l’Unesco

Observable du ciel par son superbe minaret, la Grande Mosquée Okba occupe une place centrale dans l’espace urbain et elle est au cœur de la vie religieuse et sociale de la ville de Kairouan.

Considérée comme le plus ancien et le plus prestigieux sanctuaire de l’Occident musulman, la Mosquée Okba est dotée d’un modèle architectural ayant servi d’exemple à la majorité des mosquées ifriqiyennes jusqu’à l’arrivée des Ottomans.

Commencée en 669 sous le règne de Okba Ibn Nafaâ, le fondateur de la ville, elle doit sa morphologie et ses dimensions actuelles au prince aghlabide Ziyadat Allah I qui, en 836, démolit l’édifice et le reconstruit complètement. Le porche surmonté d’une superbe coupole à cannelures et orné de décors en stuc fut érigé par l’Imam de la Grande Mosquée en 1316. Les autres  portes datent des époques mouradite et husseïnite.

Œuvre des princes aghlabides du IXe siècle et inspiré du Phare d’Alexandrie, le minaret, haut de 31,5 mètres, s’élève en trois corps inégaux et superposés. A l’exception de quelques ajouts dans le pavillon supérieur, il a été très bien préservé.

En ce qui concerne la cour, elle est encadrée sur trois côtés d’une double colonnade composée de fûts de colonnes et de chapiteaux provenant pour beaucoup d’édifices antiques, romains et byzantins. Au centre, plusieurs puisards signalent la présence souterraine d’immenses citernes où étaient précieusement recueillis les eaux de pluie. Au milieu de la cour, un bassin d’origine ottomane permettait de recueillir l’eau en la filtrant, grâce aux obstacles qu’elle devait franchir avant de passer dans la citerne. Tout près, se trouve une estrade blanche supportant un cadran solaire qui donnait l’heure des prières quotidiennes.

Visite de Charles III à Kairouan

Tous les visiteurs de ce monument, le plus important de l’histoire de l’architecture aghlabide, ne peuvent qu’admirer cette mosquée qui constitue le plus grand musée de chapiteaux romains et byzantins jamais réunis dans un monument musulman. Cela nous rappelle l’admiration du Prince héritier Charles, aujourd’hui Charles III, roi du Royaume-Uni pour cette architecture sobre et imposante, pour les galeries qui entourent la cour et pour les cadrans solaires. Lors de sa visite à Kairouan le 25 mars 1990, il a trouvé un grand plaisir à observer, pendant deux heures, les riches éléments et chefs-d’œuvre architecturaux de la grande mosquée de Kairouan.

En ce qui concerne les terrasses qui couvrent une superficie de 4.000 m2, il a été procédé dans les années 60 à des actions de restauration avec des dalles en béton armé, sans malheureusement tenir compte de la spécificité de l’architecture traditionnelle de la mosquée.

Ceci a causé au fil des décennies des surcharges sur les colonnes intérieures et a engendré des infiltration d’eau de pluie au niveau des joints de ces dalles. Les terrasses auraient dû être restaurées conformément aux traditions des matériaux utilisés, à savoir de la boiserie et des solives en bois, ce qui aurait pu alléger les fardeaux sur les chapiteaux.

Ainsi, à chaque saison de pluie, les fidèles sont obligés de couvrir, avec du plastique les nattes et les tapis de la salle de prière pour les protéger.

Et les agents de l’INP entreprennent d’une façon périodique des actions de réfection sans pouvoir aller en profondeur à cause des dalles.

Accélérer l’achèvement de la phase d’études

Notons dans ce contexte que depuis 2017, un don saoudien de 15 millions de dollars a été consacré à la sauvegarde et à la restauration de la Mosquée Okba, des bassins des Aghlabides et de la Médina de Kairouan, or, jusqu’à présent, cela tarde à se concrétiser, d’où la déception des Kairouanais qui se sentent oubliés et marginalisés.

Mais lors de la séance de travail présidée le 17 août 2023, par le ministère des Affaires culturelles, en présence de plusieurs cadres du ministère, un exposé a mis la lumière sur les résultats des travaux préliminaires réalisés par le bureau des études internationales et par une équipe de chercheurs de l’INP et qui a révélé la présence de fissures profondes. Et un appel pressant a été lancé pour entamer au plus vite les travaux de restauration de la Mosquée Okba.

La ministre a souligné la nécessité d’accélérer l’achèvement de la phase d’études au cours des mois suivants et de soumettre tous  les documents, à savoir les rapports d’intervention et les photos du bureau des études internationales afin d’entamer au plus vite les travaux de restauration.

Espérons  que le démarrage des travaux de réaménagement et de restauration de la Grande Mosquée sera concrétisé dans les plus brefs délais, sans oublier bien sûr les bassins des Aghlabides et la Médina de Kairouan dont l’état laisse à désirer.

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