«L’économie orange n’est pas une appellation quelconque ou une simple tocade, mais c’est un secteur à part entière qui a vu le jour depuis longtemps. Il est temps que la Tunisie se positionne sur ce secteur», c’est ce qu’a affirmé Aslan Ben Rejeb, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie, en marge du premier événement du groupement professionnel des industries créatives relevant de la centrale patronale des PME. Fouad Omri, docteur en IA, nous révèle, lors de cette même manifestion, que «le génie tunisien est derrière d’innombrables succès dans plusieurs pays à travers le monde. Mais ce potentiel créatif n’est pas exploité».
Aujourd’hui, la Tunisie a tout intérêt à activer le potentiel de l’économie créative, un secteur qui recèle énormément de possibilités de création de richesses et d’emplois. C’est ce qu’a affirmé, en somme, Aslan Ben Rejeb, président de la Conect, en marge du récent premier événement du groupement professionnel des industries créatives relevant de ce patronat. Rassemblant plusieurs représentants d’institutions publiques, cet événement, qui s’est tenu sur le thème «Le pouvoir transformatif de l’économie orange : stimuler le progrès et le bien-être social» a permis de braquer les feux du projecteur sur une industrie encore naissante mais promise à un bel avenir. «Je pense que l’économie orange est un secteur à forte valeur ajoutée et employabilité ayant un potentiel de croissance important. Mais nous n’en sommes pas encore conscients. Le rôle de la Conect est de vulgariser le concept de l’économie créative et d’inciter à la réflexion sur ce sujet, en faisant le benchmarking avec des expériences internationales et s’en inspirer. L’objectif est de mettre en avant l’importance des filières créatives du point de vue croissance et création d’emplois», a fait savoir Ben Rejeb. Il a expliqué que la Tunisie peut se positionner sur cette économie immatérielle étant donné l’important gisement de créativité qu’elle recèle. Cependant, on ne possède pas encore le savoir-faire de transformer cette créativité en produits, précise-t-il. «Nous ne savons pas vendre la chose […] Il s’agit, bien, d’une économie à part entière. Ses activités donnent lieu à des produits diversifiés tels que les jeux vidéo, les créations artistiques, des produits locaux… Je pense que notre rôle est de prouver qu’il y a une identité propre à la Tunisie qu’on peut promouvoir. Dans certaines régions de la Tunisie, il y a des métiers qui —si on arrive à les mettre en valeur— peuvent créer de la cohésion sociale autour de cela. L’économie orange n’est pas une appellation quelconque ou une simple tocade, mais c’est un secteur à part entière qui a vu le jour depuis longtemps. Il est temps que la Tunisie se positionne sur ce secteur», a-t-il indiqué.
Un nécessaire effort commun
Pour libérer ce potentiel, le président de la Conect estime qu’il est d’abord essentiel de se débarrasser de cet attachement à la partie classique de l’économie. «On s’étonne pourquoi on se dirige vers la désindustrialisation alors que les plus fortes capitalisations au monde sont du secteur des services. Le pétrole, la fabrication des cigarettes ou de l’alcool ne font plus partie des premiers secteurs en matière de capitalisation boursière.
Ce sont les entreprises de services qui occupent désormais le haut du pavé et il suffit de voir les GAFA (ndlr : les entreprises les plus puissantes du monde de l’internet). Il faudrait sortir des sentiers battus, de nos zones de confort et miser sur cette nouvelle économie», a précisé Ben Rejeb. Il a affirmé que les économies alternatives ouvrent aujourd’hui de nouvelles perspectives pour les jeunes qui sont en quête d’emplois et d’opportunités. «Et là intervient le rôle des associations, de la société civile, des patronats, mais aussi des autorités publiques pour donner le la et pour dire qu’il y a des voies autres que les secteurs classiques de l’artisanat, l’agriculture, l’industrie et les services», a-t-il conclu.
L’Intelligence artificielle au service de la créativité
De son côté, Fouad Omri, docteur en IA, a souligné, dans une déclaration à La Presse, que, grâce à ses compétences reconnues à l’échelle internationale, la Tunisie s’est forgé une solide réputation dans les domaines créatifs. «Le génie tunisien est derrière d’innombrables succès dans plusieurs pays à travers le monde. Mais ce potentiel créatif n’est pas exploité», tient-il à préciser.
Il a, en ce sens, ajouté que le génie artistique peut être exploité dans divers domaines, y compris les industries, tels que l’industrie aéronautique, ou encore l’industrie lourde, et ce, grâce à la technologie du jumeau numérique.
Évoquant le sujet de l’Intelligence artificielle, Dr Omri estime que cette technologie va certainement contribuer à la destruction d’un nombre important d’emplois ainsi qu’à la disparition de plusieurs métiers, mais elle ne peut pas remplacer l’artiste. «La Tunisie peut miser sur le secteur créatif pour créer de la valeur ajoutée», a-t-il martelé.
La programmation des jeux vidéo, une activité porteuse
Présent lors de l’événement, Maher Sarouli, président de la Fédération des sports électroniques, a expliqué que la jeune organisation œuvre non seulement à développer et promouvoir ce type de sport en Tunisie mais aussi à inciter les gamers à apprendre la programmation des jeux pour qu’ils puissent tirer profit matériellement de cette activité. Il a ajouté que, grâce à la structuration solide du secteur ainsi qu’à l’appui du ministère de tutelle, la Tunisie figure aujourd’hui parmi les pays pionniers dans le domaine des sports électroniques. Un secteur qui demeure, néanmoins, entravé par divers problèmes tels que les activités parallèles qui gagnent du terrain. «De grandes entreprises multinationales se sont incrustées sur ce secteur et ont recruté les gamers pour des raisons purement lucratives», a-t-il regretté.
Il est à noter qu’en marge de cet événement, le groupement des industries créatives et numériques «Creative Hub» relevant de la Conect a signé deux conventions de partenariat avec la Fédération tunisienne des sports électroniques (TunESF), d’une part, et l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (Essect), d’autre part. La convention signée avec l’Essect vise à promouvoir l’employabilité des jeunes diplômés en management entrepreneurial et marketing dans les industries culturelles. Celle conclue avec la TunESF stipule l’organisation conjointe des évènements, forums et meetings autour des diverses disciplines des sports électroniques et balise la voie à la création d’une académie pour les testeurs des jeux vidéo et appuie la création des projets dans ce domaine.