Il est grand temps que les gouvernements européens, y compris la France, examinent cette procédure de non-remboursement des frais des visas rejetés.
La liberté de voyager à l’international est un droit fondamental. Dans cet article nous nous entretenons avec Karim Amous, expert-comptable et fondateur du groupe financier « Smarteco ». L’objectif de cette rencontre étant d’éclairer les lecteurs sur le système actuel de visas, conçu à l’origine pour réguler les départs vers, notamment les pays de l’espace Schengen, s’est transformé en une barrière dissuasive et discriminatoire.
Les critères de délivrance du précieux sésame reposent souvent sur des considérations économiques, sociales et professionnelles. Dans cet esprit, Amous fait savoir que ces critères excluent de fait ceux qui disposent de peu de moyens financiers. Dans ce contexte, les postulants se retrouvent confrontés à des frais considérables et non remboursés en cas de rejet de la demande de visa.
L’exemple de la France illustre parfaitement ce cas de figure. Ce pays a rejeté près de la moitié des demandes de visas Schengen des Tunisiens en 2022. Sur les 95 515 demandes déposées, seules 64 209 ont été approuvées, laissant près de 40% de demandeurs sur le carreau, malgré les frais conséquents engagés.
Réexaminer la procédure de non-remboursement des frais des visas rejetés
Amous a annoncé, en outre, qu’il est temps de reconnaître que le système de visas, bien qu’ayant été utile dans le passé, est devenu un instrument de restriction des droits fondamentaux. De ce fait, il est urgent de réformer l’ensemble du système pour garantir une liberté de circulation effective, tout en prenant en compte les préoccupations légitimes liées à la quantité considérable de demande de visas pour plusieurs motifs. Cette situation est inacceptable et révèle un dysfonctionnement majeur dans la politique européenne des visas.
Il est grand temps que les gouvernements européens, y compris la France, examinent cette procédure de non-remboursement des frais des visas rejetés. Les postulants méritent une meilleure considération de leurs droits financiers. C’est la double peine, non seulement leurs demandes sont rejetées mais de plus la somme conséquente investie pour les frais de traitement de dossier est perdue à jamais.
Il est urgent de mettre fin à cette injustice qui se chiffre à 99 euros par dossier et de garantir le remboursement intégral des frais en cas de refus pour un souci d’équité et de respect.
Une solution novatrice
Face à cette problématique, notre interlocuteur propose des solutions. En effet, le groupe Smarteco se positionne en faveur d’une solution novatrice pour simplifier le processus de demande de visa. Il propose une application permettant le traitement en ligne des dossiers scannés et leur acheminement direct au consulat concerné avec blocage des frais de visa le temps de traiter le dossier. Les demandeurs n’auront plus besoin de prendre de rendez-vous, ni de payer des frais exorbitants.
A cet effet, les demandes refusées recevront une explication des motifs de refus et auront un déblocage des frais déjà bloqués à l’occasion, tandis que les dossiers acceptés seront invités à finaliser la procédure en quelques minutes seulement, après encaissement des frais bloqués, sans laisser leur passeport dans les archives consulaires pendant des semaines, voire des mois. Amous a assuré que son objectif vise une réduction significative des coûts pour les demandeurs de visa. Chaque demande de visa refusée représente une perte potentielle de 330 dt, multipliée par le nombre de demandes refusées chaque année.
«De même, en éliminant les frais de traitement et de collecte de dossiers, nous pourrions économiser, argumente notre interlocuteur, plusieurs millions de dinars tunisiens. Le montant est de l’ordre de 25 millions de dinars, pour ne citer que le cas de la France».
Une solution novatrice et équitable qui peut faire le bonheur de toutes les parties. En réformant, en même temps, le système de visas pour le rendre plus transparent, accessible et plus juste pour les citoyens tunisiens.