Ces remous et cette fébrilité risquent d’accélérer la cadence, au point de nous pousser à des choix qui ne répondent aucunement à nos besoins réels et qui nous feront subir des conséquences plus que regrettables.
Il vient, il ne vient pas, ces échos discordants dénotent une absence totale de responsabilité de la part des «négociateurs» qui sont censés discuter avec l’actuel sélectionneur de l’Afrique du Sud, Hugo Broos. En effet, la première des bévues est bien d’aller débaucher un technicien encore sous contrat. C’est encore bien beau que, nos amis sud-africains ne déposent pas plainte auprès de qui de droit, pour ces contacts qui, de toutes les façons, dérangent, manquent de tact et empoisonnent l’atmosphère d’une équipe, alors que contractuellement, ce technicien n’a pas manifesté son intention de rompre les ponts avec ses actuels employeurs. Il assure « qu’il n’y a aucun contact entre moi et la Fédération tunisienne de football (FTF). Si j’en crois les médias tunisiens, je suis candidat. Si je quitte l’Afrique du Sud, c’est la fédération qui décidera, pour moi, ce ne sont que des rumeurs. Je serai avec les Bafana Bafana en juin (qualification pour le Mondial 2026). Je dépends de la Fédération (Safa)”. Silence du côté de la FTF. Indépendamment de cet aspect, cette publicité gratuite que les chargés du dossier font, si elle dessert les intérêts de la partie tunisienne, fait par contre le bonheur de cet entraîneur qui est propulsé du jour au lendemain au rang d’un sélectionneur dont les services sont espérés par bien des parties à travers le continent. Cela lui permet de négocier en tirant vers lui la couverture. Certes, la nomination d’un sélectionneur peut être considérée comme importante, mais pas au point d’être capitale. Nous avons toujours considéré que c’est l’équipe qui fait l’entraîneur. Donnez au technicien le plus coté de la planète des manches à balai ou un groupe de joueurs parmi lesquels règne une ambiance infecte, faite de clanisme et de parti pris et demandez-lui de se qualifier au prochain Mondial. Il ne pourra jamais faire quoi que ce soit.
La meilleure preuve, ce que nous avons vu à l’occasion du dernier tournoi disputé par notre équipe nationale en Egypte. A quelques éléments près, c’est la même équipe en comparaison de celle qui a lamentablement échoué à la dernière CAN.
Ce qui a changé se limite à la non-convocation ou la mise à l’écart de ceux qui ont fait de cette sélection un fonds de commerce et une chasse gardée, au sein de laquelle c’est leur décision qui est prépondérante et incontournable. Les critiques plus ou moins acerbes proférées à l’encontre d’un certain nombre de joueurs qui se sentaient incontournables ont fait le reste. Le duo chargé de conduire cette équipe a calmé les esprits, tenu compte de l’état des lieux que tout le monde connaissait, mais que personne n’a osé apurer et le hasard a fait le reste. Des blessures providentielles, des autorisations exceptionnelles accordées ont permis de monter un «onze» qui tient la route. Et cerise sur le gâteau, ceux qui venaient en grands seigneurs ont fini par comprendre que c’est bien eux qui ont besoin de l’équipe nationale et non le contraire.
Quid des candidatures ?
L’équipe de Tunisie a été présentable et a montré un esprit de corps louable. La question de l’efficacité a été la chose la plus discutée, mais c’est le cas de toutes les équipes qui n’ont pas à leur disposition des joueurs racés, attaquants dans l’âme et qui savent concrétiser les occasions qui se présentent. Qu’aurait fait un autre technicien pour «ajuster» les deux ou trois reprises de la tête qui sont allées dans la nature, alors que les joueurs étaient dans une position idéale pour marquer ? S’ils l’avaient fait, nous aurions gagné et peut-être remporté le trophée et on aurait suggéré de garder ce duo. C’est ainsi qu’est fait le monde du football, où les fans et le public passent pour de fins connaisseurs dans un pays où 83 % de citoyens ne pratiquent aucun sport !
Ces remous et cette fébrilité risquent d’accélérer la cadence, au point de nous pousser à des choix qui ne répondent aucunement à nos besoins réels et qui nous feront subir des conséquences plus que regrettables. C’est peut-être l’occasion de nous demander ce qu’est devenue cette étrange invitation lancée à ceux qui «désirent entraîner l’équipe de Tunisie» à déposer leur candidature. Est-ce à partir des réponses reçues que l’on va procéder à ce choix? Ou est-ce que toutes ces gesticulations sont faites pour gagner du temps? Et perdre un tout petit peu de dignité vis-à-vis de ceux qui, à la faveur de ces informations contradictoires, se mettent dans la peau des grands techniciens de ce monde…
Un sélectionneur c’est un profil. Celui d’un homme à poigne, un gagneur, un fin analyste, une expérience du terrain doublée d’un esprit prompt et autoritaire et surtout un bon communicateur.