Accueil A la une Après le mois de ramadan : Les envies, ça se paie !

Après le mois de ramadan : Les envies, ça se paie !

 

«Durant onze mois nous mangeons ce que l’on nous propose. Mais le mois de Ramadan, ce sont nos émotions qui mènent la danse». C’est ce qu’affirme un nutritionniste qui ajoute : «Après le mois saint, les salles d’attente des médecins ne désemplissent pas. Après avoir rudement secoué son estomac, il faut bien payer la satisfaction de ses envies qui se répètent trente jours durant».

En effet, c’est en victime de ces envies qu’un sexagénaire se trouve dans la salle d’attente d’un généraliste.

«Je crois que je serai dans l’obligation de refaire tout mon traitement. J’ai eu des problèmes l’an dernier et c’est toujours la même histoire. Ces invitations qui se répètent et cette insistance qui n’en finit jamais. On vous oblige à goûter «un tout petit morceau», pour se retrouver en fin de repas avec des envies de vomir, des étourdissements et parfois des vertiges. On se promet de ne plus récidiver mais en vain. Notre cerveau est curieusement pris par un tourbillon qui vous déleste de toute volonté».

Le généraliste accepte de nous recevoir et de nous expliquer ce…phénomène.

«La nourriture que nous consommons n’est pas seulement une satisfaction qui nous permet de récupérer d’un effort fourni ou pour permettre à notre corps de puiser dans ce que nous mangeons des vitamines, des sels minéraux ou autres choses utiles. C’est aussi une façon de calmer nos envies qui mettent à mal notre volonté de garder la ligne, prévenir le retour d’un état de santé ébranlé par le diabète, la tension artérielle ou autres. Malheureusement, rares sont ceux qui ne se sentent pas sous l’influence d’une envie qui les fait craquer. Ramadan c’est un épanouissement des capacités créatrices en matière de cuisine.

Chacun laisse libre cours à son imagination et les stations radio ou TV y mettent le paquet en «inventant» des recettes qui font mal. Pour le porte-monnaie d’abord, pour la santé ensuite. Je n’ai personnellement jamais entendu un chef mettre en garde contre le diabète ou le cholestérol ou encore la tension artérielle. C’est malheureusement ainsi et cela va vite avec ces regroupements familiaux festifs qui se répètent.

C’est excellent à encourager en tant que tradition positive pour réunir les amis ou les membres d’une famille qui se retrouvent en cette occasion. J’en connais qui rentrent de l’étranger rien que pour cela et qui viennent consulter à la veille de l’Aïd pour avoir le cœur net».

Le diététicien nous rattrape au vol, considérant «que tout ce que nous faisons est guidé par notre cerveau, ce sont nos émotions qui nous guident. Le fait de satisfaire cette envie est souvent très fort et il faudrait être très solide mentalement pour résister face à un plat qu’on aime ou qu’on nous a suggéré à la TV ou autre. C’est notre cerveau qui guide nos coups de fourchette. Il faut reconnaître que bien des aliments qui réveillent nos envies contiennent des nutriments dont notre corps a besoin. Reste les répercussions qui, en dépit des recommandations des médecins traitants, sont contournées par des excuses ou des promesses qu’une petite dérogation ne ferait pas de mal. Et cela fait du mal. Une fois le plat entamé il est difficile de s’arrêter».

«Dans tous ces décors exceptionnels, poursuit-il, c’est le comportement des enfants qui est intéressant et à suivre. Les enfants imitent. Ils ne savent pas pourquoi, mais l’adulte est toujours, souvent, pris en exemple. Ils ont certes besoin d’aliments énergétiques, mais c’est au niveau de la quantité que le bât blesse. On présente souvent plus d’une sorte  de gâteaux par exemple, et on vous invite, on vous contraint  à en prendre. C’est l’entame d’un réflexe qu’ils garderont toute leur vie».

Le pharmacien, quant à lui, est… catégorique, c’est forcément l’automédication qui bat son plein. Parfois, nous nous trouvons devant des situations aussi burlesques que dramatiques. La personne se présente avec l’angoisse de «perdre sa journée de jeûne» et demande un médicament pour cela. Je n’en connais pas pour ma part. Mais on insiste et nous lui donnons quelque chose, tout en attirant son attention que l’on doit en prendre  après la rupture du jeûne.

Je reconnais qu’après Ramadan, les «affaires vont bien», mais cela n’est pas toujours le cas pour l’état de santé de ceux qui viennent nous voir.

Pour nombre d’entre eux, «nous recommandons une visite chez le médecin».

Pourtant, on nous a toujours dit et répété que la gourmandise est un vilain défaut.

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