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Soutenir les enseignants face à la violence scolaire

Editorial La Presse

 

UN constat s’impose. Les établissements scolaires sont devenus le théâtre d’agressions verbales et physiques. Premières victimes de ce fléau grandissant, le corps enseignant et parfois aussi le staff administratif. Que peut-on espérer d’un pays où les détenteurs de l’autorité scolaire sont malmenés ? A peu près rien. 

Samedi 4 mai, une élève lacère le visage de son professeur avec un rasoir au lycée Bir Ali Ben Khalifa, à Sfax. Outre l’extrême violence de l’acte, celui-ci vient confirmer la vague de violence qui sévit à l’école, partout en Tunisie, depuis plusieurs années. Des insultes, des menaces et des agressions perpétrées par des élèves, parfois encore par leurs parents, contre des enseignants violentés et humiliés face à leurs élèves, en classe. Des scènes qui se multiplient et font partie désormais de l’actualité presque ordinaire, tellement devenue fréquente. Or, la violence à l’école ne doit au grand jamais être banalisée. Il y va de la bonne santé de ce service public, pilier de la République.

Avec l’effet amplificateur des réseaux sociaux et le mimétisme, pratique en vogue chez des jeunes, la violence est en train de se répandre dans les établissements scolaires comme une maladie. Les autorités, le ministère de l’Education, mais pas seulement, doivent donc agir rapidement et avec efficacité.

A l’école primaire, et davantage dans les collèges et lycées, il est urgent d’apprendre à gérer le rapport conflictuel qui prévaut de fait entre les représentants de l’Education nationale, enseignants et cadres administratifs, et les élèves. Ces derniers, devenus adolescents, tolèrent de plus en plus mal les figures de l’autorité. Ils peuvent parfois adopter un comportement extrême, comme en atteste le dernier incident.

En cette grande étape des réformes, l’école, par définition, lieu d’apprentissage, devra également être en mesure de proposer un espace adéquat pour la transmission des connaissances dans un climat apaisé. Tous les acteurs impliqués, à commencer par le ministère de tutelle, les chefs d’établissement, l’administration, les syndicats, les professeurs, les parents et les élèves sont parties prenantes. Toute la chaîne devra faire en sorte pour que ce microsome fonctionne bien.

L’urgence maintenant est de protéger les enseignants, en s’interrogeant sur les nouvelles mesures à adopter, pour le faire de manière efficace. Créer un service au sein du ministère de tutelle pour recevoir les alertes des enseignants agressés. Faciliter l’accès aux partenaires institutionnels, police et justice. En face, la sanction reste, jusqu’à nouvel ordre, un outil dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Mais encore, penser à aménager dans l’emploi du temps une heure régulière consacrée aux échanges entre les élèves et leurs enseignants. En imposant l’ordre et la discipline, l’écoute des jeunes peut également faire le plus grand bien à tous.

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