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Tourisme alternatif en Tunisie | Un potentiel à mieux exploiter

 

La Tunisie ne manque pas d’atouts qui lui permettent de faire de ces nouvelles formes de tourisme un véritable moteur de développement régional et d’attirer une clientèle touristique férue de culture et tournée vers la nature et l’authenticité. Grâce à sa richesse écologique, mais également à la richesse de son patrimoine culturel, archéologique et culinaire, le pays recèle un potentiel inépuisable en matière de tourisme alternatif.

Tourisme rural, communautaire, culturel ou écologique, si la terminologie diffère, ces appellations gravitent autour du même concept, celui du tourisme alternatif ou plus communément appelé le tourisme durable.  En effet, le tourisme alternatif a fait son apparition dans le monde, comme une réponse à l’expansion du tourisme de masse dont les externalités négatives ne sont plus à démontrer.

Mentionné pour la première fois lors de la conférence de Manille sur le tourisme en 1980, le tourisme durable est aujourd’hui défini comme “un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil”. C’est un concept qui réconcilie l’activité touristique avec l’environnement, les communautés locales et les écosystèmes. Car, malgré son important poids économique, le tourisme de masse a, aujourd’hui, montré ses limites: saisonnalité, dépendance vis-à-vis de la conjoncture mondiale, etc. Mais ses conséquences sur l’environnement et la biodiversité demeurent parmi ses effets les plus redoutables. 

Selon une étude de la revue Nature Climate Change, le tourisme — s’il était un pays — serait aujourd’hui en 5e position en termes de gaz à effet de serre, derrière les Etats-Unis, la Chine, l’UE et la Russie. Il produit, à lui seul, 8% des émissions totales. Bien qu’il n’existe pas de tourisme “zéro émission”, les nouvelles formes de tourisme présentent une nouvelle manière de penser, concevoir et vivre l’expérience touristique, dans un contexte où les consommateurs sont de plus en plus regardants sur l’impact environnemental de cette activité. 

De nos jours, les voyageurs sont de plus en plus conscients des impacts du tourisme de masse et s’orientent vers des formes de voyages plus respectueuses de l’environnement. Cette évolution encourage le développement de produits touristiques durables, marquant ainsi l’émergence d’un tourisme responsable. Dès 2006, le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) estimait qu’il fallait accorder une attention particulière aux déserts et au tourisme alternatif, d’une part, en raison de la fragilité de leur écosystème et de leur vulnérabilité et, d’autre part, parce que le tourisme alternatif semble susceptible d’améliorer les conditions de vie des populations locales.

Des efforts restent à faire

Sur ces segments particuliers, la Tunisie ne manque pas d’atouts qui lui permettent de faire de ces nouvelles formes de tourisme un véritable moteur de développement régional et d’attirer une clientèle touristique férue de culture et tournée vers la nature et l’authenticité. Grâce à sa richesse écologique, mais également à la richesse de son patrimoine culturel, archéologique et culinaire, le pays recèle un potentiel inépuisable en matière de tourisme alternatif. En effet, le pays  compte 30 mille sites culturels et archéologiques dont  8 sites inscrits au patrimoine de l’Unesco, 7 sites archéologiques et un site naturel.

Cependant, un grand travail et effort doit être déployé pour améliorer l’accès à ces sites et leur  mise en tourisme. Mais les initiatives, en ce sens, continuent de se multiplier. La route cinématographique (qui invite les touristes cinéphiles à visiter les sites de tournage des films), le circuit culturel de la route du patrimoine mondial Unesco  (qui met en valeur le patrimoine Unesco de la Tunisie à travers un itinéraire parcourant  huit biens matériels, notamment des sites archéologiques), la route culinaire, le programme “Visit Tunisia” etc. sont tous des projets qui valorisent le patrimoine culturel,  qui visent à attirer une nouvelle clientèle en quête  d’expériences immersives et  de contact avec l’habitant et qui favorisent la création d’un écosystème autour d’activités touristiques alternatives. Aussi, de plus en plus d’acteurs économiques, tels que les start-up développent leurs activités en misant sur ces nouvelles formes de tourisme alternatif.

L’hébergement alternatif, un secteur en plein essor

La montée des hébergements alternatifs est aussi une manifestation de l’émergence du tourisme alternatif en Tunisie. Cela fait quelques années que l’hébergement alternatif connaît une ascension fulgurante sur le marché local. Les chiffres révélés par une étude récente, dressant  un état des lieux d’un  secteur qui a toujours  le vent en poupe chez les Tunisiens, confirment ce constat. Menée par le bureau d’étude et de sondage d’opinion, Emrohd consulting, l’enquête a été réalisée en deux phases successives: Dans un premier temps, elle a ciblé un échantillon de 1000 citoyens dans l’objectif d’évaluer le degré de notoriété de ce type d’hébergement touristique en Tunisie. Ensuite, la deuxième phase de l’étude a permis d’approcher 258 professionnels, essentiellement pour identifier les principaux obstacles auxquels sont confrontés les promoteurs d’hébergements alternatifs. Les résultats font, en effet, transparaître les perspectives prometteuses du secteur, et ce, malgré la persistance de certains freins. Il en ressort que 61% des Tunisiens sont familiarisés avec ce type d’hébergement touristique et que 99% des personnes ayant affirmé qu’elles ont séjourné dans une maison d’hôte, ou autre, n’ont signalé aucun problème.

En outre, le taux de pénétration de ces logements sur le marché local s’élève à 9%. Environ, 5% des investisseurs sont actifs dans ce domaine depuis plus de quatre ans. Plus de  78% des clients sont des touristes étrangers et 71% des familles. Selon cette même étude, plus de  39 % des Tunisiens trouvent que les  tarifs proposés sont  appropriés, contre  22 % qui considèrent que les prix sont élevés.

L’étude a également montré que 34 % des Tunisiens favorisent le recours à  ce genre d’établissement lors des fêtes familiales, alors que la plupart (44%) aiment  s’y retrouver entre amis. L’enquête souligne, par ailleurs, la nécessité d’instaurer un cadre juridique souple et adéquat qui répond aux spécificités de ce secteur et qui facilite l’investissement des promoteurs de ce type d’hébergement.

Aujourd’hui, la Tunisie compte plus de 2.000 hébergements alternatifs dont la majorité n’a pas obtenu  d’autorisation auprès de l’Ontt. Une situation paradoxale qui invite à la réflexion sur les moyens de faciliter et d’assouplir les procédures d’octroi des autorisations.

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