Compter sur soi, ça rapporte

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Editorial La Presse

 

En l’espace de quelques jours, alors que tous les regards étaient rivés sur le mouvement de contestation des avocats, deux évènements économiques importants ont eu lieu. Il s’agit d’abord de la clôture des souscriptions à la deuxième tranche de l’emprunt national 2024 qui se sont élevées à 1444,7 millions de dinars (MD), contre 700 MD prévus initialement par la loi de finances 2024. Ce qui représente un taux de réponse de l’ordre de 206%. Le deuxième concerne une convention de prêt groupé en devises auprès de 16 établissements bancaires locaux pour un montant total équivalant à 570 millions de dinars (soit 156 millions d’euros et 16 millions de dollars). Outre le fait que ces deux lignes de financement s’inscrivent dans le cadre de la mobilisation des ressources d’emprunt pour financer le budget de l’Etat programmé dans la loi de finances 2024, elles apportent la preuve que la politique du compter-sur-soi continue à porter ses fruits et que la solidarité des acteurs financiers avec l’Etat peut contribuer à la stabilité de la réserve monétaire.
Cela dit, à l’heure où les uns se battent pour la Tunisie, d’autres se battent contre elle. Sous couvert de la défense de la liberté d’expression, on décoche toutes les flèches pour frapper ce pays aux frêles épaules financières. On souille son image, on le rabaisse, on lui fait mal. Mais personne ne s’explique comment notre pays, dont le budget présente un déficit chronique depuis plus de dix ans, a été capable de rembourser à échéance ses dettes, et arrive à maintenir à flot le navire. Personne ne s’explique non plus comment l’Etat, malgré la crise, a pu reprendre en main son rôle social, améliorer les indicateurs économiques de jour en jour et engager des réformes, des innovations et des mesures pour relancer tous les moteurs de la croissance sans l’apport des bailleurs de fonds. Certes, le recours au secteur bancaire local, qui a exprimé sa volonté de soutenir les efforts de l’Etat dans sa politique du compter-sur-soi et répondre aux besoins de financement, est un geste à saluer. Mais pour panser les blessures de la Tunisie, il faut persévérer, redoubler d’efforts, mobiliser les investissements qui apportent une valeur ajoutée, tout en veillant à préserver les couches sociales vulnérables et l’inclusion sociale. C’est ainsi que la Tunisie arrivera à bon port malgré toutes les contraintes auxquelles elle fait face et non pas à dépenser son énergie dans des querelles interminables et à consonance politique.

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