Le Groupement professionnel des énergies renouvelables de la Conect vient d’organiser une rencontre pour débattre des résultats de la consultation nationale sur la transition énergétique, récemment menée sur le territoire national. L’objectif est d’identifier les obstacles que rencontre le secteur énergétique et d’approfondir la réflexion sur les stratégies à adopter pour faire de la transition énergétique un levier de croissance et de création de richesse.
Selon la note portant sur «la consultation nationale sur la transition énergétique: pour le renforcement de l’écosystème national», élaborée par Chekib Ben Mustapha, membre du Bureau exécutif de la Conect, la forte baisse de la production d’hydrocarbures depuis 2011 a entrainé un déficit énergétique qui constitue aujourd’hui un des principaux défis de l’économie tunisienne. Le taux d’indépendance énergétique s’est ainsi dégradé de 93% en 2010 à 48% en 2023 et pourrait, selon certaines études, atteindre 30% en 2030.
De grands espoirs se focalisent aujourd’hui sur l’adoption accrue des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie primaire pour la production d’électricité. La Tunisie bénéficie, dans ce cadre, d’un potentiel important estimé à 280 GW pour l’énergie solaire et à 10 GW pour l’éolien.
Les politiques publiques ont été axées sur la transition énergétique depuis 2009. La première stratégie détaillée a été présentée en 2015 avec le Plan solaire tunisien (PST), prévoyant l’installation, à l’horizon 2030, d’une capacité additionnelle de 3.815 MW en énergies renouvelables. A cet effet, un cadre réglementaire, institutionnel et incitatif spécifique, élaboré pour promouvoir les énergies renouvelables, a été mis en place au cours des années suivantes.
Etat d’avancement des projets
Les réalisations du régime de l’autoconsommation sont très encourageantes. Le projet Prosol fournit une puissance cumulée des systèmes PV installées de 217 MW en 2023, avec une croissance moyenne de 21%, sur la période 2017-2023. Il sera renforcé par les deux nouveaux programmes d’inclusion énergétique (Prosol social et Prosol économique). Il faut y ajouter les réalisations dans le cadre de l’autoproduction des entreprises économiques qui totalisent, à fin janvier 2024, 314 projets solaires PV d’autoproduction en MT approuvés par la Cter pour une puissance globale de 112 MW, réalisés essentiellement dans le secteur agricole.
La finalisation, en décembre 2023, des derniers textes d’application pour la mutualisation des efforts dans le cadre de SPV permettra d’accélérer la cadence de cette catégorie de projets. Ces différentes réalisations ont permis la création d’un véritable écosystème national du photovoltaïque avec plus de 6.000 emplois.
Ben Mustapha a mis l’accent sur la nécessité de renforcer le cadre législatif à travers un projet de loi portant sur la création d’une autorité de régulation indépendante pour le secteur de l’électricité soumis à l’approbation de la présidence du gouvernement.
«Ce projet nécessite l’élaboration d’un nouveau code dédié aux énergies renouvelables, qui aura pour objectif d’amender le cadre légal en matière d’export de l’électricité et de la production, du transport et de l’exportation de l’hydrogène vert. Il exige également une préparation d’une révision du régime des autorisations avec un Feed-In Tariff en supprimant l’appel d’offres», a affirmé Ben Mustapha.
Et d’ajouter : «Le renforcement du réseau Steg comme la Ligne HT Metbasta, la Ligne 400 kV Skhira Kondar, l’extension du poste de Tataouine, le Cycle combiné Skhira-I (450 MW… sont aussi sont des projets d’envergure et obligatoires pour atteindre les objectifs escomptés (35% en 2030 et 50% en 2035)».
En effet, la consultation a pour objet de contribuer à l’accélération de la transition énergétique nationale. Elle a été recoupée, partiellement ou totalement, par une série d’entretiens avec des experts du secteur et plusieurs hauts responsables de l’administration.