« Nous refusons catégoriquement qu’on place les gens en détention pour leurs opinions. Ce droit est garanti par la Constitution plus que dans d’autres pays. Ceux qui manifestent dans des capitales occidentales contre le génocide à Gaza ont été interpellés. Dans ce cas, ce n’est pas grave pour ces capitales », a souligné le Chef de l’Etat.
Le Président de la République a reçu hier, au palais de Carthage, la ministre de la Justice, Mme Leila Jaffel. Dans une vidéo postée sur la page officielle de la Présidence, le Chef de l’Etat a affirmé que « le plus important dans la vie d’un Etat et d’une société, c’est une justice équitable, et c’est ce que nous essayons de faire ».
« Il y a des campagnes menées par différentes parties qui ont pris l’habitude de se jeter dans le giron des forces coloniales. Elles veulent déformer l’image de ce processus et de ce mouvement pour la libération de la patrie des griffes de ces sphères du pouvoir inféodées aux forces coloniales qui lui ont collé durant plusieurs décennies », a-t-il souligné. Faisant allusion aux campagnes anti-décret 54, Kaïs Saïed a souligné qu’ils « parlent chaque jour de ce décret 54 et de l’article 24. Je veux préciser pour tous les Tunisiens que je refuse qu’on poursuive quelqu’un pour une idée. Chacun est libre de ses choix, libre de s’exprimer, mais il y a des gens qui n’ont pas la liberté de penser alors comment peuvent-ils prétendre accéder à la liberté d’expression ? », s’est-il interrogé. « Ils sont le prolongement de ces sphères coloniales », a-t-il asséné. Le Président de la République a ensuite donné lecture de cet article qui fait polémique et qui stipule qu’est « puni de cinq ans d’emprisonnement et d’une amende de cinquante mille dinars quiconque utilise sciemment des systèmes et réseaux d’information et de communication en vue de produire, répandre, diffuser, ou envoyer, ou rédiger de fausses nouvelles, de fausses données, des rumeurs, des documents faux ou falsifiés ou faussement attribués à autrui dans le but de porter atteinte aux droits d’autrui ou porter préjudice à la sûreté publique ou à la défense nationale ou de semer la terreur parmi la population ».
« Jusqu’à ce soir personne n’a été poursuivi pour son opinion. Certains sont poursuivis pour des affaires de mœurs, de drogue, de corruption et on veut faire croire qu’il s’agit de liberté d’expression », a indiqué Kaïs Saïed. « Nous refusons catégoriquement qu’on place les gens en détention pour leurs opinions. Ce droit est garanti par la Constitution plus que dans d’autres pays. Ceux qui manifestent dans des capitales occidentales contre le génocide à Gaza ont été interpellés. Dans ce cas, ce n’est pas grave », a ironisé le Chef de l’Etat. « Tandis que ceux qui manifestent en Tunisie sont protégés par la police et se plaignent d’un étouffement de la liberté d’expression. Car la liberté d’expression pour eux est de pouvoir insulter et diffamer et ils sont soutenus par les capitales occidentales », a encore expliqué le Président de la République. Kaïs Saïed s’est demandé pourquoi cette ingérence. « L’accusation principale contre le peuple tunisien est qu’il veut être libre, qu’il veut préserver sa dignité », a affirmé le Chef de l’Etat. Il a toutefois souligné que ces capitales veulent dicter cette liberté et définir ses domaines.
« Nous ne nous sommes jamais ingérés dans leurs affaires internes, alors nous n’accepterons jamais qu’on interfère dans nos affaires internes », a affirmé Kaïs Saïed.
Abordant sans le même sillage l’article 411 qui fait polémique aussi, le Président de la République a expliqué qu’il y a un projet d’amendement de l’article 410 pour faire endosser la responsabilité aux banques aussi. Le Chef de l’Etat a critiqué ceux qui parlent de cet article sans connaître le contexte historique de sa promulgation dans la foulée de l’orientation libérale de l’économie. « C’est une affaire de lobbies qui ont leur prolongement dans l’administration avec l’appui des médias à leur solde et les porte-voix qui expriment leur allégeance aux colons », a-t-il indiqué.
« Ils ont la défaite et la culture de la défaite et malgré cela ils pleurent sur la liberté. On veut que dans le cadre de la liberté d’expression que personne ne soit touché. On voudrait voir à la télé ce qui se passait au Parlement avant le 25 juillet et les textes que faisaient passer les lobbies. On n’est pas là pour servir ces lobbies mais pour servir la Tunisie. L’Etat n’est pas un jeu et la destinée du peuple n’est pas un jeu. Notre liberté et notre dignité ne sont pas de simples slogans. Quand on dit que la Tunisie est un pays indépendant et souverain, ce n’est pas un simple slogan. C’est une vérité. Malheureusement, ceux qui prétendent être les hérauts de la liberté sont ses pires ennemis. Ils veulent simplement envenimer la situation chaque jour par des rumeurs infondées. L’objectif est de faire imploser l’Etat car leur stratégie était le démembrement de l’Etat. Ceci est constaté avec des preuves. Ce qui s’est passée en janvier 2011 est une manœuvre pour faire main basse sur la Révolution », a affirmé le Chef de l’Etat. Il a rappelé que les débats engagés n’avaient rien à voir avec les objectifs de la Révolution. Il a cité à cet effet l’exemple du débat sur l’identité tunisienne alors que les gens revendiquaient l’emploi. « C’est une forme d’aliénation culturelle. Toutes les crises sont provoquées et ne bénéficient qu’à quarante ou cinquante familles qui contrôlent l’économie du pays et ses richesses et qui ont leur prolongement au sein de l’administration ; ces derniers devront assumer leurs responsabilités », a promis le Président de la République.
Le Chef de l’Etat a aussi évoqué la corruption qui s’est propagée et a souligné que l’Etat œuvre à garantir les droits des travailleurs et des couches vulnérables. Il a à cet effet évoqué aussi la question des faux diplômes et l’implication de l’administration. Il a cité le cas d’un responsable qui a six voitures de fonctions et qui voyage une fois par mois au minimum. C’est pourquoi il tient à assainir l’administration des bras au service des lobbies et autres forces occultes. Le Chef de l’Etat a aussi évoqué la réconciliation pénale et la réticence de ceux qui ont spolié les biens publics. « Je n’aime pas l’injustice, je refuse qu’on agresse notre pays et je n’accepte pas l’ingérence dans nos affaires internes de qui que ce soit. Notre souveraineté passe avant tout autre considération. Les libertés sont garanties plus que dans les autres pays. C’est une vérité et on ne poursuit personne pour son opinion. Mais on veut d’une liberté concrète et non d’une liberté de façade. », a conclu le Chef de l’Etat.
Compte rendu de C.B.N.