Accueil A la une En prévision de la saison estivale : Les plages sont-elles prêtes ?

En prévision de la saison estivale : Les plages sont-elles prêtes ?

 

La préparation de la saison estivale pour un pays qui compte 1.300 km de côtes n’est guère facile. Il ne s’agit pas seulement de nettoyage et de rafistolage de ce qui se trouve tout le long de ces côtes. Il y a bien des choses à prendre en considération.

Le décès par noyade de deux élèves nous a immédiatement rappelé que, la chaleur aidant, nos plages accueilleront de plus en plus de candidats à la baignade et à la… noyade. Malheureusement, la saison estivale commence mal !

Bien entendu, les différentes municipalités et les autorités compétentes ont, sans doute, commencé à mettre en place leur plan d’action, pour réussir leur saison estivale et éviter les drames qui ont régulièrement plongé bien des familles dans le désarroi et la détresse. Et pour cause, cette négligence et cette absence totale de prudence, qui caractérisent les deux parties prenantes, sont à la base de ces drames.

La préparation de la saison estivale pour un pays qui compte 1.300 km de côtes n’est guère facile. Il ne s’agit pas seulement de nettoyage et de rafistolage de ce qui se trouve tout le long de ces côtes. En effet, si ces toilettages sont nécessaires, sinon incontournables, elles sont également insuffisantes pour que ces lieux de détente soient prêts à accueillir ces milliers d’estivants, qui trouvent une occasion de se défouler et de jouir de leurs vacances.

La sécurité des vacanciers

Il faudrait reconnaître que les autorités régionales ont fait beaucoup d’efforts pour «rendre» ces plages aux estivants. Une campagne résolument menée a détruit bien des bâtiments et des lieux squattés par des bandes organisées, qui ont longtemps régné en maîtres sur des kilomètres de plages.

D’immenses surfaces ont été pratiquement occupées pour servir de «parkings» payants, alors que des installations improvisées ont été consacrées à la location à des prix incroyables. Et c’est à prendre ou à laisser. D’après ce que l’on a bien voulu déclarer, ces squatters, il n’en reste pas beaucoup. Nous jugerons sur pièce en fin de saison. Mais ces lieux rendus à la libre baignade exigent la mise en place de moyens de surveillance et de secours. Et c’est là où le bât blesse.

En effet, presque tout est mis sur le dos de la Protection civile. Il y a bien des maîtres nageurs sauveteurs, mais leur nombre est insuffisant par rapport à l’étendue des zones à surveiller. En cas de noyade signalée, l’intervention du sauveteur est de mise pour assurer la surveillance, et donc la sécurité des vacanciers. Nous avons remarqué que dans certains endroits, on y attache plus d’un maître nageur sauveteur et qu’il y a même des volontaires qui se dévouent pour prêter main-forte. Cela est positif, mais la responsabilité en cas de sinistre est du ressort de celui qui a consenti cette offre de service.

Sauver, ça s’apprend

Le sauvetage est un métier. Cela s’apprend et ne saurait être maître nageur sauveteur qui veut. Bon nombre de ceux qui ont négligé ce dicton ont failli le payer de leur vie. Les réactions d’une personne qui perd pied et qui sent qu’elle est sur le point de se noyer sont difficiles à contrôler et à prévoir.

Les stages de formation et de recyclage réguliers et continus permettent de bénéficier d’un personnel spécialisé et fiable. Cette fiabilité est, en fait, un avantage à ne pas négliger. Sur nos plages, il n’y a pas que des citoyens tunisiens. Il y a également des étrangers qui ont choisi de passer des vacances parmi nous. Ils ont besoin de savoir qu’ils sont protégés. C’est une assurance et une remarquable publicité pour le tourisme tunisien. Et c’est là où nous avons voulu en venir.

Parmi les actions que pourrait encourager et soutenir le ministère du Tourisme, il y a ce secteur de la sécurité sur lequel il faudrait insister. Des visiteurs qui risquent de se noyer alors qu’on n’arrête pas de clamer la beauté de nos plages, cela n’est pas bien reluisant pour notre tourisme. Et c’est la raison pour laquelle nous pensons que ce département devrait contribuer à aider et à soutenir les municipalités en leur livrant par exemple des canots à utiliser pour des interventions qui exigent une vitesse d’exécution à laquelle tient une vie.

Ces engins, quelques plages en ont, mais pas assez et parfois on est dans l’obligation de faire intervenir une plage voisine. La distance fait que la personne à secourir a le temps de mourir dix fois. Indépendamment de cet aspect, il y a du matériel spécialisé qui doit figurer dans l’arsenal du secouriste. Cela va de la bouteille d’oxygène à la simple bouée de sauvetage.

Malheureusement, une plage peut bénéficier de tout l’attirail du sauveteur, mais risque d’enregistrer ces drames qui marquent et qui font mal. «Nous avons remarqué que lorsque l’on enregistre une noyade, la plage, lieu du drame, est désertée durant un bon bout de temps», nous a confié un maître nageur qui a opéré la saison passée du côté de Raoued. Et d’enchaîner, «les gens ne sont pas toujours disciplinés. Il y a des jours où il est interdit de se baigner, à cause d’une mer forte et agitée ou de courants dangereux. Il y a ceux qui s’entêtent et qui plongent dans l’eau. En dépit du drapeau d’interdiction hissé, ils tiennent à se baigner. Je pense qu’il faudrait sanctionner ces attitudes qui ressemblent à des tentatives de suicide par négligence».

Y a-t-il des alternatives ?

Bien des municipalités cherchent des fonds. Pourtant, elles possèdent de belles plages et ne les exploitent pas. Il est nécessaire d’offrir cette alternative aux candidats à la baignade. En remplacement de ceux qui squattaient ces lieux, il faudrait trouver le moyen d’animer ces plages ; en imposant des fourchettes de prix justes, convenables pour faire de ces randonnées familiales un plaisir accessible. Les prix étaient en effet inabordables et une journée à la plage était hors de portée d’une famille.

Autre animation, la mise en place de plans d’eau, sorte de petites piscines en eau de mer où on initie les enfants à nager ou encore des carrés sur la plage pour enseigner les premiers secours. Ce genre d’activités est fréquent dans bien des pays. Nous l’avions fait au lendemain de l‘Indépendance, puis nous l’avons abandonné ! Ainsi, donc, la préparation d’une saison estivale n’est pas seulement le nettoyage qui demeure primordial, nécessaire, incontournable, mais aussi la sécurité et l’animation.

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Charger plus par Kamel GHATTAS
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