Lutter contre l’addiction précoce des enfants

Editorial La Presse

 

A sept ans, on regarde le monde avec les yeux de l’innocence, de l’ingénuité. On rêve de devenir un champion, un héros, un médecin, un pilote d’avion, de sauver le monde, d’aider ses parents. A cet âge-là, on veut jouer, apprendre la musique, on se passionne pour le sport. Jamais on ne pense à fumer. Mais quand on apprend que, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, l’âge moyen de la première cigarette en Tunisie se situe aux alentours de 7 ans, l’on ne peut que s’interroger sur les raisons qui poussent des enfants à l’addiction au tabac à un stade aussi précoce de la vie.
Il faut noter que la mauvaise qualité de vie dans les quartiers populaires est peu propice à l’activité culturelle et sportive aussi bien pour les enfants que pour les adultes. La politique urbaine dans notre pays a rayé de son lexique les équipements sportifs et culturels depuis des décennies. Depuis la stratégie nationale de dégourbifi cation, on ne pense plus à dessiner des villes mais à construire des citésdortoirs qui manquent de tout : hôpitaux, écoles, salles de sport, etc. Ces quartiers ne favorisent que l’oisiveté qui, elle, mène à toutes les dérives sociales et ne génère que des comportements à risques pour les enfants et les jeunes: tabagisme, alcoolisme, délinquance, criminalité, etc. Mais là où le bât blesse, c’est cette banalisation de l’accès des enfants et des mineurs aux produits nocifs et dont la consommation est normalement réservée uniquement aux adultes. En effet, l’initiation au tabagisme commence par cet acte irresponsable d’un père qui envoie son fi ls lui acheter une ou deux cigarettes chez l’épicier du coin ou chez le buraliste. C’est à ce moment-là que l’idée de cramer une cigarette caresse l’enfant. Cet enfant qui veut grandir et ressembler à un adulte. C’est aussi cette facilité déconcertante avec laquelle on vend aux mineurs les cigarettes qui est pointée du doigt. La faute n’incombe pas à l’enfant qui veut découvrir l’effet de cette cigarette mais au vendeur qui n’est pas conscient de l’étendue de sa responsabilité. C’est pourquoi la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme doit passer par l’application de la loi aux vendeurs. Ces vendeurs qui ne respectent pas la loi et procurent ces poisons aux enfants doivent être sanctionnés et réprimés lourdement. Les parents qui envoient leurs enfants acheter des cigarettes doivent être signalés aux services de la protection des enfants. Ils devraient encourir eux aussi les sanctions appropriées. Mais ce n’est pas suffi sant, il faut sensibiliser les enfants et les mineurs dans les écoles quant aux méfaits de ces fl éaux sur leur santé. On voudrait bien voir nos athlètes parcourir les écoles et servir de modèles pour nos petits chérubins au lieu de voir des médias de caniveau chercher à faire le buzz sur les réseaux sociaux en dressant des portraits qui glorifi ent les anciens bandits et criminels. Car immuniser nos enfants, c’est immuniser les générations futures et notre société contre toutes sortes de fl éaux.

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