Depuis le début de son existence jusqu’à aujourd’hui, la Tunisie peut se targuer d’avoir vu naître sur son sol des femmes qui ont marqué l’histoire de ce pays et qui ont rayonné au-delà de ses frontières. Née au XVIIe siècle, Aziza Othmana est l’une d’entre elles. Cette princesse beylicale va donner ses lettres de noblesse au mécénat. Cette notion, qui est pourtant récente, va prendre, en effet, toute sa dimension avec cette femme altruiste et au cœur d’or dont les actions et les œuvres sont entrées dans la postérité. Issue de la dynastie mouradite, Fetima Othmana de son vrai nom est la petite-fille d’Othmen Dey, élu commandant militaire par les janissaires et qui a, au cours de la période pendant laquelle il a occupé cette fonction, dynamisé les relations commerciales, renfloué les caisses du trésor public et facilité l’installation en Tunisie des maurisques chassés d’Espagne. Aziza Othmana va passer la plus grande partie de son enfance et son adolescence dans le palais de son grand-père qui va veiller à ce qu’elle reçoive la meilleure éducation qui soit. Les érudits défilent, en effet, dans les arcanes du palais pour lui apprendre le Coran, la littérature, la poésie, les langues…
Le drame qui a changé la vie de Aziza Othmana
Bien éduquée, cultivée, dotée de très belles qualités et jouissant de tout ce qu’une princesse est censée avoir, la jeune femme devient l’épouse en 1659 de Hammouda Bey avec qui elle s’installe à Dar Hammouda Pacha, un palais situé au cœur de la Médina de Tunis. Epouse accomplie, remplissant parfaitement son rôle de princesse, Aziza Othmana va être douloureusement éprouvée par l’assassinat de son fils Ahmed. Suite à ce terrible drame, cette princesse pieuse et généreuse décide de consacrer le reste de sa vie à venir en aide aux pauvres et aux démunis. Elle se dessaisit de tout ce qu’elle a et convertit les 90.000 hectares de biens agricoles dont elle dispose en «habous» dont les fonds vont servir à accorder la liberté à ses esclaves, financer des œuvres de bienfaisance et aider les jeunes filles pauvres à se marier. Face à une population de plus en plus nombreuse qui a du mal à accéder aux soins et afin de garantir aux pauvres le droit fondamental à la santé, la princesse va consacrer des fonds pour la construction, en 1662, d’un hôpital à la rue el Azzafine qui sera plus tard transféré au sein de l’hôpital Sadiki hébergé dans une ancienne caserne et qui deviendra l’actuel hôpital Aziza Othmana. Après sa mort, la princesse aimée du peuple reposera près de son grand-père dans le mausolée de la famille, situé dans l’impasse Echammamia et à partir duquel on accède également au mausolée de Sidi Ben Arous. Conformément à son vœu, des anonymes continuent jusqu’à aujourd’hui de fleurir sa tombe.
Il y a lieu de signaler, par ailleurs, qu’en plus de l’hôpital Aziza Othmana, un airbus 320 de la compagnie Tunisair porte également le nom de cette princesse bien-aimée.